2.2.6.1. Identités historiques et arbitrage de la justice 

Le 10 mai 2004, un article porte pour titre « Borrell, Maragall et Montilla demandent la reconnaissance du catalan dans l’UE » . L’identité catalane est ainsi mise en évidence. D’autres formes d’identification apparaissent également, aussi bien dans ce titre, que dans le corps de l’article. Les trois personnes citées représentent en effet trois tendances à l’intérieur du PSOE. Borrell est la tête de liste pour ces élections, il est catalan et il a aussi été secrétaire général du PSOE et ministre d’un des gouvernements socialistes. Maragall est également catalan, mais il est président du PSC (Le PSOE étant un parti fédéral, chaque fédération possède son parti) ainsi que président de la Catalogne. Montilla enfin est également catalan, mais il est issu de la vague d’immigration venue du sud de l’Espagne pendant les années 50 et 60. Il était ministre au moment des élections européennes et il a succédé, depuis, à M. Maragall à la présidence du gouvernement catalan. Le titre choisi par ABC rend donc compte d’une demande faite par des membres catalans du PSOE, mais il s’agit de membres qui peuvent représenter le parti dans son ensemble. Elle pourrait donc être interprétée comme une revendication assumée par le parti.

L’article rend également compte d’un autre type d’identité ; il s’agit de l’identité attribué au PP à partir des paroles du candidat socialiste M. Borrell : « d’autre part, Borrell a mis en rapport la ‘photo des Açores’ avec les tortures commises par des soldats américains en Irak et le retour des troupes espagnoles » 466 .

Ce sujet deviendra par la suite un point d’opposition entre ce que les socialistes voudraient attribuer au PP et ce que le PP considérera comme étant propre aux socialistes. La notion d’identité historique telle qu’elle a été mise en évidence dans la première partie de cet article sera, quant à elle, écartée du discours des deux partis majoritaires.

Un petit article concernant la légitimité juridique de la liste HZ fait figurer la notion de liberté. Le titre « Imaz défend la possibilité pour HZ de se présenter aux européennes » ne recentre pas le sens de l’information vers cette notion, mais c’est dans le texte que l’on trouve une confrontation de deux conceptions de la liberté ou, pour reprendre les mots du journal, entre la défense de la liberté et l’acceptation de la contrainte. « Pour sa part, le PSE a exigé d’Azkarraga et d’Imaz qu’ils consacrent ‘autant de temps’ à la défense de la liberté qu’au ‘soutient de Batasuna’ » .

Il est intéressant de noter que dans ce cas la forme discursive du journal reprend la même stratégie de citation, insérée dans le discours, que lorsqu’il s’agit de références au PP. Il semblerait que dans le domaine de la défense de la liberté démocratique le journal considère les deux partis de la même manière.

Le 11 mai 2004 un article titré « Que ‘la justice décide’ au sujet de la liste ‘batasuna’ » rapporte les paroles du leader du PSE (Parti Socialiste du Pais Basque). Ce qui rend cette liste électorale susceptible d’être interdite est précisément sa relation avec le parti interdit « Batasuna » et plus largement, avec le monde proche de l’ETA. L’article, de taille réduite, oppose également l’une à l’autre, trois formes d’identification. En premier lieu, celle des socialistes basques avec les institutions démocratiques « le secrétaire général des socialistes basques, Patxi López, considère que si la candidature aux élections européennes Herritarren Zerrenda est ‘héritière de Batasuna, ne doit pas pouvoir se présenter’ » .‘ ’En deuxième lieu, et à la suite de cette première observation, le journal précise l’adhésion de ce parti à la position du gouvernement espagnol qui fait l’objet du titre de l’article : c’est la justice qui doit décider en dernière instance. Troisième forme d’identification enfin, celle des victimes du terrorisme, qui sont citées dans leur demande aux pouvoirs publics pour qu’ils‘ ’« arrivent à un arrêt provisoire de cette liste » 467

Un article du 18 mai 2004 portant par titre « Mayor menace le PSOE de parler des GAL s’ils insistent avec le débat sur l’Irak » 468 rappelle une deuxième forme d’identification mise en évidence dans cette campagne : celle qui renvoie le PSOE à ses années au pouvoir. Cette référence au passé récent, utilisée par le PP est ainsi reprise et mise en parallèle avec une autre référence, encore plus récente, à la guerre en Irak et aux tortures qui y ont été commises (référence faite par les membres du PSOE) et aux attentats du 11 mars en Espagne. C’est sur ce point que porte la deuxième partie de l’article dont le sous-titre « ‘utilisation politique’ », reprend les déclarations de la tête de liste du Parti Populaire en les insérant dans le discours du journal :

‘« Le candidat du PP a critiqué ‘l’usage politique’ de la guerre et de l’attentat de Madrid, de la part de ceux qui ‘n’ont jamais eu un projet politique ces dernières années en Espagne, qui ne sont que des parasites voulant exploiter sans limite morale ou éthique ce qui signifie une tragédie’ de cette envergure et qui ‘a fait sortir le PP du gouvernement’ » 469 .’

Nous retrouvons ainsi une appropriation du discours du PP semblable à celle du journal El Mundo à partir de l’enchevêtrement des citations et du discours du journal. L’exemple le plus frappant serait le lien établi à partir du discours du journal entre les deux phrases de M. Mayor concernant l’action du PSOE après l’attentat de Madrid et l’échec du PP aux élections.

Le même thème est traité le 19 mai 2004 sous le titre « Mayor défie Borrell de parler d’honnêteté et de corruption » 470 . L’article rapporte toutefois la réponse de M. Borrell aux précédentes déclarations du candidat populaire. Il se divise ainsi en deux parties. Dans la première, le discours du candidat socialiste est rapporté de manière directe :

‘« José Borrell a répondu depuis Madrid à son adversaire politique que l’affaire des GAL n’a ‘rien à voir’ avec la campagne électoral du 13-J ni avec les tortures au prisonniers de guerre irakiens. Il a argumenté sur el fait que la première est ‘une affaire juridiquement close’ tandis que la deuxième ‘est ouverte devant l’opinion publique du monde entier’ et ‘elle a bien evidement un rapport avec la dynamique politique européenne’ » 471 . ’

Le journal marque ici une distance avec le discours du candidat socialiste reflété dans l’usage du verbe « argumenter » qui souligne un caractère rhétorique de l’affirmation de M. Borrell. Le procédé inverse est utilisé dans la deuxième partie de l’article pour rendre compte des paroles de M. Mayor: « Pour sa part, Jaime Mayor Oreja a exprimé l’idée que le candidat socialiste n’a pas la capacité de décider quels sont les thèmes qui doivent être ‘ouverts ou fermés’ dans la campagne » . Ici le candidat n’argumente pas, il manifeste.

Le 19 mai 2004 c’est sur la liste indépendantiste que porte un article titré « L’accès aux données électorales sera refusé à HZ » 472 . Nous retrouvons donc la notion d’identité liée au parcours historique d’une organisation ou groupe de personnes, ainsi que l’identification d’un État de droit dont les institutions remplissent leur rôle.

Le 20 mai 2004 un article fait référence au discours de Josep Borrell à partir du titre : « Pour Borrell l’Irak est ‘l’épreuve de la vérité’ pour l’Union Européenne » . La guerre en Irak est ainsi perçue comme une épreuve pour l’unité européenne et de ce fait elle ne concerne pas seulement la paix mais également la notion d’égalité, voire de justice, inséparable de celle de fraternité. Le discours rapporté de M. Borrell est en outre présenté comme une rectification des déclarations où il aurait mis en rapport le PP avec les tortures en Irak. C’est sur ce point que le journal prend position avec une juxtaposition de deux informations qui se contredisent. En premier lieu les paroles de M. Borrell:

‘« Il a assuré dans une déclaration à A3 qu’il n’a ‘jamais’ attribué la responsabilité des tortures en Irak aux électeurs du PP parce que ‘même pas le gouvernement du PP ne peu pas être tenu comme responsable de ce que font les troupes américaines’ » .’

Ces paroles sont à la fois un démenti et une information sur ce qu’a fait le gouvernement du PP. En second lieu, le paragraphe suivant explique que :

‘« Le guide de campagne élaboré par le PSOE pour cette campagne indique ‘qu’il y a un fil conducteur qui relie directement la photo des Açores – et ses protagonistes – avec l’image du désastre politique et de l’horreur humaine’ en Irak, et elle met en garde aussi contre l’abstention » .’

De cette manière l’ombre du mensonge est projetée sur le discours de paix et de fraternité du PSOE. La dernière phrase, enfin, concerne la mise en garde contre l’abstention et donne lieu à un enchaînement étrange, avec la juxtaposition de trois éléments qui ne sont pas reliés par le discours du journal (catastrophe politique, horreur humain et abstention) mais par les interprétations que le lecteur voudra bien y faire.

Le 28 mai 2004, le changement prôné par le PSOE est repris dans un article titré « Le PSOE appelle ses votants a apporter à l’Europe ‘le changement entamé en Espagne’ le 14-M » . Ce changement est défini par les paroles de Borrell lui-même :

‘« Aller en Europe pour y faire ce que les espagnols ont soutenu le 14 Mars dernier : impulser une Europe unie et forte, défendre la paix et l’environnement, les politiques sociales, la modernité et le futur » . ’

L’article informe ensuite sur la mise en place et les caractéristiques de la campagne du PSOE pour finir avec un paragraphe ou, encore une fois, le principe de la juxtaposition donne lieu à un jugement critique. Ainsi, l’article se termine par les paroles de José Blanco, numéro deux socialiste qui, après avoir porté plainte contre le slogan du PP pour plagiat, demande aux dirigeants du PP « Un peu plus de talent et de créativité » . Or, la réponse est donnée par la phrase qui suit et qui clôt l’article : « Du ‘Vote PP, fais suivre’, pas un mot » .

« Les tortures en Irak et le souvenir des GAL empoisonnent la précampagne européenne » 473 est le titre d’un autre article paru le 20 mai 2004. L’article se propose de mettre en perspective les échanges verbaux qui se sont produits entre les membres du PSOE et ceux du PP à propos de la guerre en Irak, des tortures qui s’y sont produites et de l’affaire des GAL. Dans les paroles des leaders socialistes ce qui est mis en cause est l’honnêteté du parti populaire pendant ses années de gouvernement. Parallèlement, les paroles des leaders socialistes rappellent les positions du précédent gouvernement socialiste en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme.

C’est cette différence entre une volonté de construire une identité négative de l’autre, volonté attribuée au PSOE et une défense consistant à rappeler l’identité négative de l’autre, énoncée par le PP qui est intéressante dans cet article. Le journal assume en effet le discours du PP dans le premier paragraphe :

‘« Mayor avait déjà présagé la semaine précédente la volonté du PSOE de convertir le conflit en Irak en ‘un étendard’ pour recueillir les votes exprimant le mépris du gouvernement Aznar » . ’

Dans cette phrase la seule formule citée est celle de « étendard (banderín de enganche) », le reste étant compris dans un récit ancré dans le temps de la campagne et qui s’achève par un constat : le PSOE a mis en place une stratégie de discrédit. C’est donc face à cette stratégie que le PP agit. Mais cette action n’est pas décrite comme stratégique ; elle est présentée comme une réaction logique : « Afin de faire face à cette stratégie le candidat populaire a ressorti ‘l’affaire GAL’ même si, pour le moment, il ne s’agit que d’un avertissement » .

Dès lors, la responsabilité des uns s’oppose à la stratégie de discrédit des autres : le PP ne ferait que rappeler un fait sans chercher à l’utiliser stratégiquement contre son adversaire.

Le 21 mai 2004 un petit article porte pour titre « Carod défend la candidature de HZ pour qu’elle ne passe pas du côté de la violence » . M. Carod, président du parti indépendantiste Catalan (ERC) est ici cité par des paroles qui ne concernent pas une question d’identité mais de droit. De ce fait, le contenu de l’article fait référence au droit à défendre ses propres idées mais également à la remarque de M. Carod selon laquelle il ne faudrait pas qu’en empêchant une candidature de s’exprimer politiquement on la pousse à prendre la voie de la violence. Cela contient dès lors le principe selon lequel la violence, voire la lutte violente, peut être justifiée par l’absence de droit.

Cette situation est ensuite opposée à la défense de la liberté qui elle est incarnée d’une part par l’institution judiciaire dont une sentence précise, selon le journal, que les idéologies sont libres en Espagne mais non leur défense par la violence et d’autre part par le leader du PP au Pays Basque qui considère le discours du Lehendakari comme un éloignement d’une Europe libre et démocratique.

L’information parue le 26 mai 2004 sous le titre « Le PSOE enfreint la loi pour demander le vote par correspondance avant le début de la campagne » concerne également la notion « d’identité historique » en ce qu’elle est reliée, dans le dernier paragraphe de l’article à une habitude supposée du PSOE : « Le PP manifeste dans sa plainte son indignation envers les socialistes et met en rapport cette opération avec ce qui eu lieu pendant la journée de réflexion du 12 mars » .

ABC contribue ainsi à la mise en place, que l’on avait déjà observée dans le journal El Mundo, d’un climat de suspicion autour de cette journée de réflexion. L’expression « ce qui a eu lieu » est en ce sens suffisamment vague pour accepter toute interprétation.

Dans un autre article titré « Le socialiste basque Buen est pour que le TC considère ‘légitime’ la liste de HZ » la suspicion est reprise sous une autre forme. L’article contient, dès son titre, une ambiguïté concernant le caractère de l’information : être pour une décision du TC (Tribunal Constitutionnel) est à proprement parler dénué de sens puisque cela ne peut avoir aucune incidence sur cette décision, sauf si la personne concernée fait partie du TC. Dans ce cas, M. Buen ne fait pas partie du TC. Dès lors, l’information contenue dans ce titre exprimerait le souhait du dirigeant socialiste de la légalité de la candidature. C’est en effet ce qui est développé dans le corps de l’article en particulier par le biais d’une longue citation : « s’ils pouvaient trouver que la liste est légitime et qu’elle peut se présenter ; cela voudrait dire qu’elle est légitime du point de vue du Tribunal Constitutionnel » .

Ces paroles de M. Buen ne permettent toutefois pas au journal de développer le titre de l’article mais de rendre compte de la confrontation qui s’opère entre celui qui tient ces propos et les membres du PP ainsi que l’association des Victimes du Terrorisme. Le premier réclame au président Zapatero de se prononcer sur ces déclarations, et les deuxièmes les considèrent comme une « atrocité ». Cette confrontation mise en scène par le journal concerne donc des caractéristiques qui seraient constitutives des deux groupes qui sont présentés en opposition. Autrement, la discussion ne pourrait pas être possible tant que la décision de la justice n’a pas été prise et tant que, les déclarations qui déclenchent la polémique expriment aussi que cette décision est assumée. L’affrontement mis en scène concerne donc une appartenance antérieure au débat politique que nous pouvons rapprocher de la figure de la victime et du bourreau 474 .

Un très court article signé M. J Cañizares sous le titre « Vers l’Europe sans s’arrêter à Madrid » renvoie enfin ce même jour à une autre forme de liberté, celle qui est réclamée par les partis nationalistes qui voudraient avoir une voix indépendante de celle de l’État Espagnol en Europe. Cette forme de liberté s’inscrit toutefois dans une situation de bipolarité entre les victimes et les bourreaux, qui la rend problématique. Les partis nationalistes se rapprochent ainsi des bourreaux dont la victime serait l’État espagnol.

Le titre d’un article paru le 28 mai 2004 est également explicite en lui-même en ce qui concerne le rapport identitaire mise en évidence dans ce journal : « Le TC atteste que HZ est l’héritière de Batasune et lui intérdit la participation aux élections » .

Dans le même sens que la déclaration de M. Imaz du 10 mai, un article du 29 mai 2004 signé par M. Alonso critique durement le gouvernement basque et son président avec comme argument la défense de la liberté. Le titre « Ibarretxe défie le TC et incite les basques à aller voter, même pour les héritiers de Batasuna » place le président basque dans une situation de quasi illégalité qui est renforcée de manière négative par l’adjectif « même (incluso) ».

Le 31 mai 2004, un article de Gonzalo López de Alba porte pour titre « Borrell voit en Oreja ‘l’Europe de l’emploi précaire et du logement inaccessible’ » . La suite de l’article insiste ainsi sur l’identité attribuée au PP par le candidat socialiste et, précise le texte, cette attribution est issue du propre discours du PP basé sur la reconnaissance à l’égard du gouvernement Aznar : « Borrell s’est servi hier de la revendication de la politique de José Maria Aznar faite par la tête de liste du PP Jaime Mayor Oreja pour en conclure que… » .

Le discours socialiste est ainsi présenté une fois de plus comme un discours rhétorique, dans ce cas par l’usage de la formule « s’est servi de … pour en conclure que ».

Le 3 juin 2004, J.L Llorente signe un article dont le titre rappelle une autre des caractéristiques de ce que nous décrivons comme une identité historique : « Mayor prévient le PSOE du fait que le futur ne peut pas se construire sur des hypothèques nationalistes » . L’article rend compte des affirmations énoncées par M. Mayor dans un acte électoral en Catalogne. Il garde toutefois une distance sur un des arguments le plus utilisés par les populaires qui consiste à parler d’un péage payé par le gouvernement espagnol aux indépendantistes catalans en échange de leur soutien. L’article rend compte de ces accusations, mais avec distance :

‘« Conscient de la brèche ouverte par le supposé tribut que les socialistes paieraient en échange du soutien des indépendantistes catalans, le candidat a voulu faire de la défense de la Constitution et de l’unité de l’État son étendard » .’

Bien que le journal établisse cette distance au moyen de l’expression «supposé tribut » cela n’en demeure pas moins une mise en évidence d’identités historiques opposées : celle de l’État et de la Constitution et celle des indépendantistes.

La référence à une identité fondée sur le mensonge est à nouveau présente, cette fois-ci dans les propos du numéro deux du PSOE accusant le PP de mentir. Ces paroles sont rapportées dans le titre même de l’article le 4 juin 2004 : « Caldera appel à ‘rappeler au PP que les mensonges sur le terrorisme se paient ‘ » . Les citations contenues dans l’article sont toutefois plus longues que celles des articles qui se rapportent au PP et elles ne sont pas embrayées par le discours du journal. Cela, couplé au fait que cet article est deux fois plus court que les autres, laisse penser à une préférence de la part du journal pour un de ces deux discours, celui exprimé par les membres du PP.

Un long article du 7 juin 2004 signé J.J. Saldaña met à nouveau en évidence la confrontation espagnole des identités sous le titre : « À San Sebastian, Mas dit que s’il était basque il voterait pour le plan souverainiste » . Ce titre fait référence à une proposition faite par le président du Pays Basque pour un changement de la constitution espagnole visant à reformuler la relation entre l’État espagnol et le Pays Basque, de telle sorte qu’elle soit conçue sous la forme d’une « association libre ». L’article rend compte d’un meeting de la liste nationaliste Galeusca et avec cela de l’ensemble des nationalités qui s’en réclament et qui composent l’État espagnol.

Comme en réponse à cet article, un titre reprenant les paroles de M. Borrell le 11 juin 2004 revient sur la question identitaire : « José Borrell : ‘Pour certains dans l’Espagne des autonomies, l’Espagne y est en trop. Moi, au contraire, je crois en l’existence de la Nation espagnole’ » . Il s’agit du titre choisi pour rendre compte d’une interview avec le candidat socialiste.

Comme pour confirmer cette opposition, une nouvelle référence à la coalition Galeusca fait l’objet d’un article du 12 juin 2004 qui porte pour titre « Galeusca appelle à ne pas se ‘faire avoir’ avec Zapatero » . Les discours rapportés dans l’article portent enfin sur ce qui serait une impossibilité qu’un même gouvernement puisse défendre à la fois les intérêts de l’État espagnol et ceux des nationalités qui le constituent.

La réalité représentée dans ces discours journalistiques se distribue enfin de la manière suivante :

ABC    
Règles régulatives forme discursive Groupes désignés
Vie Publique    
Règles du débat public Parler des GAL PP
  Parler d'honnêteté et de corruption PP
  Ne pas empiéter sur le terrain de la justice PSOE
  Ne pas mentir sur le terrorisme PSOE
Faire un troisième débat PP
Ne pas manipuler la télévision publique PP
Garder le même discours que pour le 14-M PP
Débattre sur la chaîne publique PSOE
Règles électorales Enfreindre la loi PSOE
Règles d’action politique Ne pas être otage des nationalistes PP
  Reconnaître le catalan à l'UE PSC
  Défendre le plan souverainiste GALEUSCA
  Ne pas tout croire de ce que dit Zapatero GALEUSCA
Règles d’action publique Ne pas participer aux meetings Aznar, PP
Borrell doit aller à A3 La junte électorale
Mauvais usage de l’argent public à la RTVE PP
  Participer pour changer PSOE
Prospérité économique  
Règles budgétaires Ne pas dépenser pour la guerre PSOE
Règles constitutives  
Principe de non-domination    
  Équilibre démocratique en Espagne PP
  L’Irak est l’épreuve majeure pour l’Europe PSOE
  Action contre HZ La justice
  Tribunal Constitutionnel La justice

On observe, en effet, que cette réalité est dominée par le domaine de la « vie publique ». Cela est intéressant dès lors que le discours du journal fait une large place à la représentation de la justice pour arbitrer des oppositions identitaires. Le rôle de la justice dans la représentation des règles constitutives est ainsi un élément important dans le discours de ce journal. Nous pouvons dès lors faire une hypothèse concernant la représentation de la réalité européenne selon laquelle celle-ci pourrait apparaître sous la forme d’arbitre des identités nationales qui la composent.

Notes
.

« Borrell, Maragall y Montilla reclaman el reconocimiento del catalán en la UE »

466.

« Por otra parte, Borrell relacionó la ‘foto de las Azores’ con las torturas practicadas por soldados norteamericanos en Irak y el regreso de las tropas españolas ». (Rappelons que ‘la photo des Açores’ est une image dans laquelle George Bush, Tony Blaire et J-M Aznar apparaissent ensemble après avoir mis sur pied la coalition pour la guerre en Irak).

.

« Imaz defiende que HZ pueda ir a las europeas »

.

« Por su parte, el PSE exigió a Azkarraga e Imaz que dediquen «tanto tiempo» a defender la libertad como el que ‘emplean en apoyar a Batasuna’ »

.

« Que ‘decida la justicia’ sobre la lista ‘batasuna’ ».

.

« el secretario general de los socialistas vascos, Patxi López, opina que si la candidatura Herritarren Zerrenda para las elecciones europeas es «heredera de Batasuna, no se puede presentar».

467.

« traten de buscar una suspensión provisional de esa lista electoral ».

468.

« Mayor amenaza al PSOE con hablar del GAL si sigue con el debate sobre Irak ».

469.

« El candidato del PP criticó así la ‘utilización política’ que hacen de la guerra y del atentado de Madrid quienes ‘no han tenido un proyecto político en estos años en España, sólo son parásitos que tratan de explotar sin límite moral ni ético lo que significa una tragedia’ de este calibre, que ‘ha sacado al PP del gobierno’ ».

470.

« Mayor reta a Borrell a hablar de honestidad y corrupción ».

471.

« En Madrid, José Borrell replicó a su adversario político que el asunto de los GAL no tiene ‘nada que ver’ con la campaña electoral del 13-J ni con las torturas a presos de guerra iraquíes, argumentando que el primero es ‘un caso resuelto judicialmente’, mientras que el otro ‘está abierto en canal ante la opinión pública del mundo entero’, y ‘sí tiene que ver con la dinámica política europea’ ».

.

« Por su parte, Jaime Mayor Oreja manifestó que el candidato socialista no es quién para decidir qué temas están «abiertos o cerrados» en campaña ».

472.

« Negarán el censo a HZ ».

.

« Borrell dice que Irak es la ‘prueba del algodón’ para la Unión Europea ».

.

« En declaraciones a Antena 3, puntualizó que ‘nunca’ ha responsabilizado de las torturas en Irak a los votantes del PP porque ‘ni siquiera al Gobierno del PP puede imputársele responsabilidad de lo que están haciendo las tropas americanas’».

.

« En la ‘guía de campaña’ elaborada por el PSOE para esta campaña se señala que ‘hay un hilo conductor que enlaza directamente la foto de las Azores -y a sus protagonistas- con la imagen del desastre político y el horror humano’ en Irak, y se alerta contra la abstención ».

.

« El PSOE llama a sus votantes a llevar a Europa ‘el cambio iniciado en España’ el 14-M ».

.

«‘Ir a Europa y hacer allí lo que los españoles apoyaron el pasado 14 de marzo: impulsar una Europa Unida y fuerte, defender la paz y el medio ambiente, las políticas sociales, la modernidad y el futuro’ ».

.

«un poquito más de talento y creatividad».

.

« Del ‘Vota PP, pásalo’, no dijo nada ».

473.

« Las torturas en Irak y el recuerdo de los GAL envenenan la precampaña europea ».

.

« Mayor ya auguró la pasada semana que el PSOE iba a intentar convertir el conflicto de Irak en ‘banderín de enganche’ para captar votos a costa de desprestigiar al Gobierno de Aznar ».

.

« para contrarrestar esta estrategia, el candidato popular ha desempolvado el «caso GAL», aunque en principio, sólo amaga ».

.

« Carod defiende la candidatura de HZ para que no acuda a la vía violenta ».

.

.« El PSOE se salta la ley y pide ya el voto por correo antes de empezar la campaña ».

.

« en su denuncia ante la Junta Electoral, el PP manifiesta su indignación con los socialistas y relaciona la operación con lo ocurrido en la jornada de reflexión del 12 de marzo ».

.

« El socialista vasco Buen, a favor de que el TC estime ‘legítima’ la lista de HZ ».

.

«ojalá encuentren que esta lista es legítima y se pueda presentar, porque significaría que es legítima desde el punto de vista del Tribunal constitucional».

474.

C’est la stratégie politique du PP de se présenter comme une victime depuis les attentats du 11 mars 2004. Mais il nous semble, bien que ce ne soit pas ici le lieu pour en proposer une interprétation plus poussée, que cette stratégie de victimisation est une caractéristique plus générale propre aux courants politiques néo-conservateurs contemporains. Nous l’avons retrouvée par exemple dans la campagne politique de M. Sarkozy. Nous retrouvons cette même victimisation dans des discours de M. Bush après les attentats du 11 septembre 2001 (SILBERSTEIN, S : War of words. Language, Politics and 9/11, Routledge, London 2002). Nous pouvons nous demander si cela ne se rapproche pas du messianisme qui avait fondé le populisme des années 1930 en Europe.

.

« A Europa sin pasar por Madrid »

.

« El TC confirma que HZ es la herencia de Batasuna y le prohíbe acudir a los comicios ».

.

« Ibarretxe desafía al TC y anima a los vascos a votar incluso a los herederos de Batasuna ».

.

« Borrell ve en Mayor Oreja la Europa ‘de empleo precario y vivienda inasequible’».

.

« Borrell se valió ayer de la reivindicación que de la política de José María Aznar hace el cabeza de lista del PP, Jaime Mayor Oreja, para concluir que… ».

.

« Mayor advierte al PSOE que el futuro no puede construirse sobre hipotecas nacionalistas ».

.

« Consciente del filón que supone el supuesto peaje que los socialistas pagan por el apoyo de los independentistas catalanes, el candidato quiso hacer bandera de la defensa de la Constitución y la unidad del Estado ».

.

« Caldera llama a ‘recordar al PP que mentir sobre terrorismo se paga’ ».

.

« Mas dice en San Sebastián que si fuera vasco votaría a favor del plan soberanista ».

.

« José Borrell: ‘A algunos, de la España autonómica les sobra España; yo sí creo en la existencia de la Nación española’ ».

.

« Galeusca pide que nadie ‘se engañe’ con Zapatero ».