2.2.7.1. Libération : l’être européen

La représentation de l’Europe dans les informations analysées suit la même logique que dans les articles classés selon les dénominations politiques : prédominance des « gestes ponctuels » et des « tendances et dispositions ».

  occurrences pourcentages
Gestes ponctuels: 11 34,4
Comportements continus: 7 21,9
Tendances, dispositions et propensions: 14 43,8
Total 32 100,0

L’être européen est représenté en grande mesure par le Parlement européen et, de manière plus indirecte, par des États-Nations (Blair comme premier ministre britannique) et les sujets européens (électeurs ou citoyens des pays européens).

Libération    
Règles régulatives Forme discursive Groupes désignés
Vie publique    
Règles d’action politique Aller à Paris Blair, Angleterre
  Débat sur le logiciel libre Parlement européen
  Débat sur la défense des OPAS Parlement européen
  Débat sur les OGM Parlement européen
  Débat sur la libéralisation Parlement européen
  Débat sur les libertés Parlement européen
  Faire du chantage Londres
  Sanctionner les gouvernements Les électeurs
Règles du débat politique Les questions intérieures Europe
Règles constitutives  
Principe de la non-domination    
  L’écologie  
  Jeune parlement Députés européens
  Fraudes au Parlement Députés européens
  Difficultés de l’élection Elections à 25

Suivant le type d’analyse développé pour les autres journaux du corpus, nous pouvons décrire ainsi la distribution discursive de ce corpus à partir de la représentation des formes d’agir qui y apparaissent :

L’État-Nation est représenté comme agissant sur d’autres États-Nations (au moyen par exemple d’une visite de Blair en France ou du chantage exercé par la Grande Bretagne sur les autres membres dans les discussions sur la Constitution).

Le parlement européen est représenté comme agissant sur les sujets européens (au moyen, par exemple des différentes discussions sur des sujets politiques).

Les citoyens de chaque État-membre sont représentés enfin comme agissant sur l’Institution Européenne (au moyen de leurs motivations pour aller voter par exemple).

Mais le plus frappant est sans doute la représentation accrue du Parlement européen comme groupe politique. Cela répond à une section proposée par le journal sous le titre « les dix travaux du Parlement ». Nous n’insistons pas sur l’ironie contenue dans la référence mythique portée par ce titre, puisque ce qui nous intéresse dans notre démarche est la mise en évidence d’une règle politique selon laquelle le Parlement est effectivement un lieu de pouvoir, même si, comme le laisse entendre le titre de la rubrique et comme nous l’avons déjà signalé, ce pouvoir est lui-même soumis à la volonté d’un destinateur mythique.

Dès lors, l’être européen est finalement représenté comme un sujet politique. C’est ainsi que les règles constitutives de la réalité européenne font appel à ce destinateur qui imposerait les épreuves au Parlement européen.

L’écologie est de ce fait une règle constitutive que nous pouvons appeler positive, même si elle provient d’un fait négatif « Après ‘l'Erika’, l'UE lave plus écolo » 477 . La corruption est une règle que nous dirons négative et qui fait aussi partie du parlement, « Eurodéputés : prime à la fraude commune » 478 . Dans le premier cas, l’UE est représentée comme agissant sur les sujets européens au moyen d’une volonté politique. Dans le deuxième en revanche, ce sont les sujets européens qui sont représentés comme agissant sur l’Institution Européenne au moyen de leur corruption. Nous revenons ainsi, par le biais de ces règles constitutives, à « l’eurocivisme » mis en évidence par Libération.

Notes
477.

Titre d’un article paru dans l’édition du 11/06/2004.

478.

Édition du 1/06/2004.