2.2.7.2. ABC : l’existence européenne 

La représentation de l’Europe concerne les « tendances, dispositions et propensions » comme catégorie principale, laquelle est suivie par les « gestes ponctuels ». Il faut enfin remarquer la très faible présence des « manifestations verbales » qui se trouvent aussi peu représentées que les « faits biologiques » ou les « faits mentaux non intentionnels ». Il s’agit d’une différence par rapport aux autres représentations de la politique espagnole.

  Occurrences Pourcentages
Faits biologiques: 1 4,0
Faits mentaux non intentionnels: 1 4,0
Gestes ponctuels: 9 36,0
Comportements continus: 3 12,0
Tendances, dispositions et propensions: 10 40,0
Manifestations verbales: 1 4,0
Total 25 100,0

L’existence d’une identité européenne est donc représentée par des États Nations, par l’Institution Européenne (l’UE, la Constitution), par des hommes politiques (Giscard d’Estaing) et par les citoyens des États Membres (le vote en France qui serait un danger pour Raffarin).

ABC    
Règles régulatives Forme discursive Groupes désignés
Vie publique    
Règles d’action politique Appel des 25 Pays membres
  Invitation par SMS Berlusconi, Gouvernement italien
  Danger pour le gouvernement (Blair) Blair, Royaume-Uni
  Incertitude sur la constitution UE
  Danger pour Raffarin Vote des français
  Menace sur les fonds régionaux Allemagne
  Montrer son jeu Espagne
  Vouloir sauver la constitution Irlande
  Offrir la signature à Rome Zapatero, Gouvernement
Règles constitutives  
Principe de la non-domination    
  Accord entre Chirac et Blair Constitution
  Une présidence stable Giscard d’Estaing
  Une majorité plus large Gouvernement espagnol

La distribution discursive de cette représentation de la réalité s’articule essentiellement à partir des États Nations :

L’État-Nation est ainsi représenté comme agissant sur l’Institution européenne (au moyen d’un appel de la part des États membres ou d’une stratégie politique espagnole, par exemple)

L’État-Nation est aussi représenté comme agissant sur les thèmes européens (au moyen du blocage des fonds régionaux, par exemple).

L’État-nation est enfin aussi représenté comme agissant sur les citoyens de l’État (au moyen du SMS de Berlusconi, par exemple).

Les citoyens des États-Nations sont eux aussi représentés comme agissant sur les Institutions de l’État Nation (au moyen du vote sanction qui met en danger Raffarin ou Blair, par exemple).

L’existence européenne repose donc en dernière instance sur la Nation. Cela s’accorde également avec les règles constitutives représentées dans ce tableau, où sont les gouvernements ou les hommes politiques au nom d’un gouvernement, qui sont représentés comme agissant sur la constitution de l’UE. Celle-ci apparaissant dès lors, comme nous l’avancions dans notre hypothèse d’analyse, comme une instance d’arbitrage entre les nationalités européennes.

La confrontation entre l’être de l’Europe et l’existence européenne, nous permet donc de clore l’analyse sur la représentation de la réalité européenne avec la présentation de deux conceptions idéologiques opposées. L’une fait de la nation une réalité à laquelle doit se soumettre l’action du sujet politique et l’autre fait du sujet politique la réalité sur laquelle agissent les règles et normes sociales. Dans l’idéal-type d’Espace Public que nous avons exploré au long de cette thèse, ces deux conceptions du politique viennent enfin donner un ancrage idéologique aux positions politiques que nous avons décrites jusqu’ici.