ANNEXE III

Formes discursives Le Monde discours national

« Ne pas se tromper de débat à l’UMP »

M. Juppé invite la majorité à ne pas faire "la même erreur

qu'en mars"

LE MONDE | 04.06.04 | 14h46

Il tenait, jeudi, un meeting à Strasbourg avec l'ex-chancelier

Helmut Kohl.

Strasbourg de notre envoyé spécial

Pour son deuxième meeting interrégional, auquel participaient

Alain Juppé et l'ancien chancelier allemand Helmut Kohl, l'UMP

a rassemblé, jeudi 3 juin à Strasbourg, quelque 500 personnes

sous un chapiteau dressé au milieu du parking du jardin des

Deux Rives, à deux pas du pont de l'Europe, qui sépare la

France de l'Allemagne.

Le choix du lieu - Strasbourg, siège du Parlement européen -

et la venue de M. Kohl se voulaient symboliques. "J'étais allé

le 8 mai en Allemagne à Sarrebruck pour le lancement de la

campagne de la CDU", a rappelé M. Juppé, saluant en ces termes

l'ancien chancelier : "Un homme pour lequel j'ai beaucoup

d'admiration et d'amitié, a-t-il dit. J'ai vu à quel point il

était capable de faire prévaloir sa vision de l'Europe."

M. Kohl a évoqué le souvenir de Robert Schuman, l'un des

fondateurs de l'Europe, et les 18 cimetières militaires

français et allemands qui bordent la route entre Sarrebruck et

Verdun. "Nous ne voulons plus jamais construire de cimetières

militaires en Europe", s'est-il exclamé. "Le combat pour la

paix est encore devant nous. C'est cela le message que nous

voulons l'un et l'autre délivrer aujourd'hui", a affirmé pour

sa part M. Juppé.

"COMBATS INDISSOCIABLES"

Entouré de Joseph Daul, tête de la liste UMP pour la

circonscription de l'Est et député européen sortant, de

Claudie Haigneré, ministre délégué aux affaires européennes,

et d'Adrien Zeller, seul président de région de droite à avoir

sauvé son mandat lors des élections régionales, M. Juppé s'est

efforcé "de faire aimer l'Europe". "Elle nous a donné la

paix", a souligné le président de l'UMP tout en invitant son

auditoire à ne pas croire "ceux qui veulent faire peur de

l'Europe". "Les combats pour l'Europe et pour la modernisation

de la France sont indissociables", a-t-il plaidé.

Revenant sur les propositions de "gouvernement économique de

l'Europe" (Le Monde du 4 juin), M. Juppé a estimé qu'il

fallait "mettre un tigre dans le moteur de l'Europe". Il a

invité la majorité à ne pas "renouveler la même erreur qu'au

mois de mars", à l'occasion des élections régionales et

cantonales. "Il faut parler d'Europe, mais il faut aussi dire

que la France doit réussir ses réformes", a-t-il dit avant

d'appeler à "soutenir l'action du gouvernement engagé dans la

réforme de la Sécurité sociale".

Pour M. Juppé, il faut "donner un coup de collier" avant le

scrutin du 13 juin. "Nous sommes dans la dernière ligne droite

pour convaincre et entraîner nos concitoyens", a-t-il ajouté.

"Je suis persuadé que si nous mobilisons, nous pouvons

gagner", a-t-il poursuivi.

L'ancien premier ministre conduit sa dernière campagne

électorale avant son retrait annoncé, à l'approche de son

procès en appel qui se tiendra au mois d'octobre à Versailles

(Yvelines). "Je mène cette campagne par conviction, avec le

souci d'apporter ma modeste contribution à ce travail que je

crois important", a-t-il déclaré en marge de la réunion

publique.

Yves Bordenave

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 05.06.04