Formes discursives Le Figaro discours national

« Le vote sanction »

Politique

OPPOSITION La convention socialiste a ratifié hier son programme et

ses listes pour les européennes

Le PS appelle à un nouveau vote sanction le 13 juin

Pascale Sauvage

[10 mai 2004]

Poursuivre sur la lancée des régionales sans avoir l'air de négliger

l'enjeu européen... C'est ce qu'espère réaliser le PS lors du

scrutin du 13 juin et ce qu'a traduit le lancement de sa campagne,

hier matin à Paris.

Avant les régionales, on disait le PS menacé d'éclatement sur

l'Europe, les deux courants minoritaires ayant décidé de se coaliser

contre la majorité pour refuser la future Constitution européenne en

faveur de laquelle penchait nettement la direction. Le succès

électoral du mois de mars a mis de l'huile dans les rouages et,

jusqu'au 13 juin en tout cas, le NPS et Nouveau Monde feront taire

leurs divergences au nom de l'efficacité politique.

L'atmosphère était donc très consensuelle hier matin à la Mutualité.

Plus de 400 délégués ont ratifié à une écrasante majorité (403

mandats pour, 2 contre) le texte d'orientation sur lequel s'étaient

mis d'accord les courants, texte axé sur la revendication d'«une

Europe de gauche», assortie d'un véritable traité social.

Quant aux listes, elles ont été approuvées (400 mandats pour et 5

contre), telles qu'elles avaient été investies par le Conseil

national le 17 avril.

Seule ombre au tableau : la composition de la liste du Grand Est a

fait l'objet de réels désaccords, 34,47% des militants concernés

ayant voté contre (59,26% pour), en raison de l'absence de candidat

alsacien ou lorrain parmi les trois premiers noms de la liste. Les

deux fédérations alsaciennes auraient notamment souhaité que

l'ancien ministre et maire de Strasbourg Catherine Trautmann figure

en deuxième position derrière l'ancien ministre des Affaires

européennes Pierre Moscovici. Or elle n'est que quatrième, sans

certitude d'être élue au Parlement européen.

«Il faut surveiller Jacques Chirac, qui est un outil formidable pour

notre campagne», a lancé Pervenche Béres, député européen et

candidate en Ile-de-France. «Un président de la République ne peut

pas être indifférent au résultat des élections européennes. Sa

position sur la Sécurité sociale tiendra compte des résultats du 13

juin», a embrayé Harlem Désir, tête de liste en Ile-de-France, en

affirmant qu'«il y a un modèle social européen à construire». Or, si

«à Paris, Chirac réclame une Europe forte, à Bruxelles, il signe des

textes qui la réduisent à une zone de libre-échange», accuse-t-il.

L'ancien premier ministre du Danemark Poul Rasmussen, président du

Parti socialiste européen (PSE), était l'invité de cette journée de

lancement de la campagne. «J'aime votre débat et j'aime votre

texte», a-t-il déclaré aux socialistes français. «Nous sommes,

depuis l'élargissement, l'économie la plus puissante du monde - t'as

compris, Bush ! - et cela nous crée des obligations au plan social»,

a-t-il précisé, en espérant un changement de majorité au Parlement

européen.

Le premier secrétaire du PS François Hollande a conclu cette

convention sur une sévère critique de l'UMP, du président de la

République et du gouvernement. A la première, il reproche de vouloir

faire de la Turquie l'enjeu principal de la consultation, et de

«l'utiliser pour faire peur et pour stigmatiser certaines

populations». «Il n'y a rien d'anormal à considérer ce pays comme un

candidat à l'entrée dans l'Europe, mais elle ne respecte pas les

conditions en matière de démocratie et de droits de l'homme»,

estime-t-il en proposant «un partenariat renforcé afin de la faire

évoluer en ce sens».

A Jacques Chirac, il reproche de «ne pas s'engager pour un réel

gouvernement économique de l'Europe» et de n'avoir toujours pas dit

«si les Français seront consultés ou non sur la future Constitution

européenne». «La France doit porter l'exigence d'une consultation le

même jour dans tous les pays de l'Union afin d'éviter une

ratification étalée sur deux ans qui donnerait des armes à ceux qui

espèrent son échec», affirme le patron du PS.

Enfin, François Hollande s'en est donné à coeur joie sur Jean-Pierre

Raffarin, dont il affirme qu'il «craint les élections européennes».

«Le premier ministre a dit que les européennes n'étaient pas à son

calendrier. Nous allons réparer cet oubli... comme pour les

régionales», a-t-il ironisé, avant d'estimer que Jean-Pierre

Raffarin est «un premier ministre sans crédit, sans durée, sans cap,

sans boussole, enfermé dans un cockpit qu'il croit être un Airbus et

du haut duquel il regarde la France d'en bas en lui demandant de se

serrer la ceinture».