« Miser sur le vote sanction »

Politique

Trois mois après le coup d'éclat des régionales

Le PS ne mise pas sur un «vote sanction»

Pascale Sauvage

[25 mai 2004]

Une campagne courte sous le signe de «l'Europe sociale».

Officiellement, le Parti socialiste s'estime assez fort pour

dépasser l'idée du «vote sanction» qui avait animé la campagne des

régionales. Hier, en présentant le dispositif électoral du PS,

François Rebsamen, directeur de la campagne, et Claude Bartolone,

chargé de la communication de la Rue de Solferino, ont affirmé qu'il

était «superflu» de miser sur un vote sanction contre le

gouvernement car l'image de celui-ci demeure «profondément

dégradée».

«Pendant que d'autres parlent du vote sanction, nous, nous parlons

de l'Europe. Il y a place pour une Europe de gauche, le contraire

d'une Europe libérale», a déclaré François Rebsamen.

Claude Bartolone, député de Seine-Saint-Denis, affirme «sentir un

besoin d'Europe au travers de nos contacts avec nos électeurs».

«Aujourd'hui, nous avons le sentiment que les Français sont beaucoup

plus intéressés par ce que les socialistes ont à proposer», estime

le bras droit de Laurent Fabius.

Cette stratégie semble pourtant marquer un changement de pied, au

regard des déclarations faites par François Hollande le 9 mai. En

lançant la campagne, le premier secrétaire avait insisté sur la

signification «franco-française» du scrutin, «la dernière occasion

d'adresser un message à l'égard du pouvoir», avait-il souligné.

Les véritables intentions du PS sont entre les deux. Au fond

d'eux-mêmes, les responsables espèrent évidemment infliger une

défaite au camp gouvernemental. «Il n'est pas possible que les

Français se dédisent en l'espace de deux mois», estime Jack Lang.

«Le PS fera un bon score», renchérit Laurent Fabius. Mais un bon

score pour le PS aux européennes consiste à dépasser les 22%

réalisés lors du dernier scrutin. Or, un petit quart des suffrages

exprimés n'est pas suffisant pour prétendre avoir «sanctionné» le

gouvernement. Et l'éclatement des forces politiques (21 listes pour

la seule région du grand Sud-Est, où Michel Rocard mène la liste

socialiste) complique la donne. Une bonne raison pour parler du

fond, cette Europe sociale dont la vocation la plus clairement

identifiable par les électeurs est de mettre en échec l'Europe

libérale défendue par l'actuel Parlement européen «dont on ne sait

pas assez qu'il est dominé par la droite», insiste François

Rebsamen.

Pour en parler, le PS fait appel à une valeur sûre, Jacques Delors,

vedette de son clip de campagne. Dans la dernière semaine précédant

le vote, les socialistes ne se priveront pas d'agiter l'incarnation

du libéralisme mondial, en la personne de George Bush. Le PS a en

effet annoncé son intention de manifester sous une forme encore à

déterminer contre la politique de George W. Bush en Irak et au

Proche-Orient, à l'occasion de la venue en juin en France du

président des États-Unis.