« Le PCF contre PS et Verts »

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Jeudi 20 mai 2004

Politique

ÉLECTIONS«L'Europe oui, mais pas celle-là»

LE PCF cible le PS et les Verts

Elsa Freyssenet

[20 mai 2004]

Quand le Vert Daniel Cohn-Bendit moque les communistes, leur

secrétaire nationale, Marie-George Buffet, réplique immédiatement.

Quand le PS l'ignore, le PCF cherche à le faire réagir en mettant en

doute «sa sincérité». Les communistes cherchent à forcer le débat

sur le projet de Constitution.

Depuis septembre, ils militent contre le texte issu de la Convention

qui a, selon eux, le tort de «constitutionnaliser le libéralisme».

Puisque les Verts et le PS ont choisi de réserver leur réponse, le

PCF espère bien faire valoir sa différence au sein de la gauche

parlementaire (l'extrême gauche est aussi opposée au projet) pour

résister à la réforme du mode de scrutin défavorable aux petits

partis. Sur leurs six élus sortants, ils espèrent en sauver au moins

deux (un en Ile-de-France et un autre dans la grande région

Nord-Ouest). Mais voilà, le débat sur l'Europe peine à s'imposer.

Alors, les communistes cognent.

Avec les Verts, c'est le plus facile: eux aussi ont intérêt à parler

d'Europe pour échapper à une bipolarisation (PS-UMP) du paysage

politique. Lorsque, la semaine dernière, sur l'antenne de France

Inter, le Vert Daniel Cohn-Bendit a qualifié les communistes de

«souverainistes par bêtise» - «Ils refusent toujours l'Europe parce

que ce n'est pas la bonne», a-t-il ironisé - Marie-George Buffet a

répondu dans la journée, par voie de communiqué: «L'Europe oui, mais

pas celle-là.» Lundi, elle a élargi la critique au PS: «On ne peut

pas approuver cette Constitution et parler d'Europe sociale et

citoyenne. C'est contradictoire, ce texte est inamendable.»

Ce jour-là, la secrétaire nationale du PCF présentait la liste de la

«gauche populaire et citoyenne» conduite par le député européen

communiste sortant, Francis Wurtz, en Ile-de-France. Cette région

est la seule dans laquelle Marie-George Buffet ait pu convaincre ses

troupes de passer un accord avec des réseaux «citoyens», comme elle

l'avait fait aux dernières régionales. La tactique ayant payé en

mars, Francis Wurtz en fait un argument électoral pour les

européennes: «Notre liste est sans équivalent en Ile-de-France. Le

PCF coopère à égalité avec les acteurs et les actrices du mouvement

social et citoyen», déclare-t-il, soulignant implicitement l'absence

d'«ouverture» du PS, des Verts et de l'extrême gauche.

Après avoir vanté les mérites du «rassemblement», ses colistiers non

communistes en reviennent à la critique du PS et des Verts. Ainsi,

Claude Debons, l'ancien patron de la fédération CFDT des transports

passé à la CGT, demande à ceux qui, «à gauche, pensent qu'on peut

construire l'Europe sociale dans un carcan libéral, de s'expliquer

sur leurs contradictions».

Pas candidat mais venu apporter son soutien, le président de la

fondation Copernic, Yves Salesse, assure, lui, que «le programme du

PS se heurte au contenu des traités existants», qu'il ne pourrait

donc être appliqué qu'«en rejetant la Constitution». En mettant dans

le même sac le président de l'UMP, Alain Juppé, le commissaire

européen socialiste Pascal Lamy et Laurent Fabius, il ironise sur

«le temps des berceuses. Ils nous disent que tout ce que l'Europe

n'a pas su faire jusqu'à maintenant, ils vont le faire incessamment

sous peu. Nous ne pouvons croire à cette berceuse».