« Les politiques intérieures »

Européennes 2004

Les grands débats européens ont peiné à s'imposer dans la campagne

Les politiques intérieures ont dominé la campagne

Stéphane Kovacs

[12 juin 2004]

Vingt-cinq ans après la première élection de 1979, les européennes

font toujours figure de scrutin de «second plan» : malgré des enjeux

de taille à court terme – Constitution, décision sur l'ouverture des

négociations avec la Turquie – et des pouvoirs croissants du

Parlement de Strasbourg, les grands débats européens ont peiné à

s'imposer dans la campagne.

Le Parlement et les dirigeants nationaux ont beau répéter que les

votes des eurodéputés affectent désormais la vie quotidienne, de la

sécurité des aliments à la lutte contre le terrorisme, à peine la

moitié des 350 millions d'électeurs comptent se rendre aux urnes.

Quant à ceux qui iront voter, ils placeront bien souvent leurs

considérations nationales avant les enjeux européens.

«Dans chaque pays, comme d'habitude, les électeurs vont voter pour

ou contre leur gouvernement», estime le président de la Commission

européenne, Romano Prodi. «L'élection à venir ressemble moins à une

consultation à l'échelle européenne qu'à 25 scrutins parallèles dans

chacun des Etats membres», renchérit une étude du Centre for

European Policy Studies (CEPS) de Bruxelles.

Lorsque les pays, afin d'encourager la participation, ont décidé de

coupler le scrutin européen avec des élections locales – comme la

Belgique, le Luxembourg ou encore la Lituanie –, les thèmes de

politique intérieure ont souvent éclipsé les enjeux européens.

Dans plusieurs autres États, le scrutin de dimanche représente un

test de mi-mandat pour le gouvernement en place. En France, la

gauche tentera d'infliger un nouveau désaveu au cabinet Raffarin. En

Allemagne, la droite espère un vote sanction contre les impopulaires

réformes du chancelier social-démocrate Gerhard Schröder. En

Hongrie, le gouvernement de centre-gauche, arrivé au pouvoir en

2002, risque également d'être malmené par les électeurs.

A l'Est, les habitants des nouveaux pays membres de l'Union

européenne n'apparaissent pas très enthousiastes pour se rendre aux

urnes. La population tchèque et slovaque est saturée par des

élections qui se sont succédé depuis la fin du régime communiste en

1989. La droite eurosceptique caracole en tête des sondages en

République tchèque, devant les communistes nostalgiques de

l'ex-URSS. En Pologne, les habitants sont davantage préoccupés par

la crise politique que traverse le pays que par les élections

européennes. Quant aux Baltes, ils sont souvent déçus par la

politique et pas assez informés sur l'UE. Seuls les Slovènes, les

Européens les plus convaincus parmi les nouveaux venus, semblent

plus motivés : ils sont persuadés que ces élections peuvent donner

un coup de projecteur sur l'image internationale de leur minuscule

pays.