« Fuir ses responsabilités »

Européennes

... et le PS l'accuse de fuir ses

responsabilités

Lors du dernier meeting électoral à Rezé, les

socialistes ont fustigé le gouvernement.

Par Paul QUINIO

vendredi 11 juin 2004 (Liberation - 06:00)

Rezé envoyé spécial

La faute à la droite. Si la campagne «a été trop

brève», c'est parce qu'elle a été «étouffée», a

accusé hier François Hollande, lors d'un point

de presse. «Etouffée» par l'UMP, «un adversaire

que l'on ne voit pas», a ajouté le premier

secrétaire du PS, toujours prompt à moquer

l'absence dans la campagne européenne des

ministres. Et toujours souriant quand il

rappelle qu'ils avaient été omniprésents dans

celle des régionales...

Aux yeux du PS, le meeting parisien de la

majorité, organisé hier soir en présence de

Jean-Pierre Raffarin (lire ci-dessus) ne change

pas grand-chose. Avant une ultime réunion

publique qui a rassemblé 800 participants hier

soir à Rezé, dans la banlieue de Nantes, en

présence des sept têtes de liste socialistes

métropolitaines, Claude Bartolone, secrétaire

national à la communication, estimait que le

gouvernement a «volontairement disqualifié

l'élection». Ces derniers jours, de nombreux

ténors socialistes, François Hollande en tête,

ont multiplié les appels «à l'utilité du vote»

de peur de voir les électeurs de gauche

s'abstenir ou se disperser.

«L'utilité du vote», c'est la version

présentable de l'appel au vote-sanction, thème

que les socialistes ont hésité à dégainer ces

dernières semaines. Dans la dernière ligne

droite, ils ont moins de pudeur à concentrer

leurs attaques contre Raffarin. «Les choses

doivent être claires. Quand un gouvernement est

désavoué deux fois coup sur coup par son peuple,

il doit en tirer les conséquences !», a lancé

hier soir Jean-Marc Ayrault, le président du

groupe PS à l'Assemblée. Bernard Poignant, tête

de liste dans l'Ouest, s'est amusé à dicter dix

commandements pour dimanche. Le premier : «Tu

leur rappelleras en juin ce qu'ils n'ont pas

compris en mars, car il faut plusieurs coups

pour enfoncer un clou.» Fabius a usé d'une

variante de sa formule sur l'opposition frontale

: l'Europe sociale, thème de la campagne du PS,

«oppose front contre front la gauche et la

droite». Avant la réunion, il avait réclamé «une

réorientation de la politique gouvernementale»

plutôt que «le remplacement de M. X par M. Y» à

Matignon, sous-entendant de Raffarin par

Sarkozy, «ce ministre dont le nom rime avec

modestie». Hollande se dit, lui, certain que la

question du sort du gouvernement s'imposera en

cas de nouvelle défaite de l'UMP. Et que le PS

n'aura pas besoin de la poser. «Elle le sera au

sein même de la majorité.»