« Faire campagne »

Lionel Jospin bat la campagne et le fait

savoir...

Entre deux visites aux candidats, il égratigne

le gouvernement.

Par Paul QUINIO

vendredi 28 mai 2004 (Liberation - 06:00)

ui a peur de Lionel Jospin ? Qui craint, non

qu'il revienne, mais qu'il soit candidat à la

prochaine élection présidentielle ? Alors que

l'ancien Premier ministre va soutenir

aujourd'hui Kader Arif, la tête de liste PS dans

la région Sud-Ouest pour les européennes, cette

question est désormais la seule qui vaille.

Celle de son retour, elle, ne se pose plus.

Balade en ville. Aujourd'hui, l'ex-candidat à

l'Elysée va visiter une école dite «de la

deuxième chance» du côté de Toulouse. Il a prévu

de se balader en ville pendant deux heures avec

Kader Arif. Il prononcera, en début de soirée,

un discours à Ramonville, dans la banlieue de la

préfecture de Haute-Garonne, lors d'un banquet.

Il interviendra exclusivement sur l'Europe,

paraît-il, «mais comment éviter de dire un mot

sur la politique gouvernementale ?», prévient

son ami Daniel Vaillant. Jospin le fait dès ce

matin dans une interview à la Dépêche du Midi.

Il y appelle les électeurs à renouveler le 13

juin le vote-sanction qu'ils ont exprimé aux

régionales : «La politique que les Français ont

jugée injuste et incohérente n'a pas été

modifiée, alors les raisons de sanctionner le

gouvernement subsistent.» Défendant le bilan

européen de son gouvernement, il égratigne

Jacques Chirac en accusant «le président», qui

«était de droite», d'avoir «entravé» son action.

Mardi, l'ex-Premier ministre sera à Quimper,

pour soutenir Bernard Poignant, la tête de liste

PS dans la région Ouest. Marri de la faible

médiatisation de son déplacement du 11 mai à

Paris auprès d'Harlem Désir, Lionel Jospin,

cette fois, s'est arrangé pour faire connaître

son programme. Deux interventions publiques plus

une tribune remarquée dans le Journal du

dimanche pour dire son opposition au mariage

gay, le tout en moins de dix jours, Lionel

Jospin est bien là. Daniel Vaillant précise:

«Ceux qui auraient peur de Lionel Jospin ont

tort. Il ne cherche qu'à être utile à son camp.»

«Lionel Jospin est libre. Cette liberté est

utile», assure un autre dirigeant du PS,

régulièrement en contact avec l'ancien Premier

ministre.

«Evolutive». Jospin pense-t-il à 2007 ? «Il n'a

pas changé de posture» depuis l'annonce de son

retrait de la vie politique, prétend Vaillant. A

la direction du PS, on souligne que Jospin «a,

depuis le départ, conçu sa présence de manière

évolutive». Jusqu'où peut aller cette évolution

? Chez les proches de Laurent Fabius, «on ne

veut pas vivre en se demandant en permanence ce

qu'il va faire. Il faut vivre avec l'idée qu'il

fait partie du paysage», en espérant que «plus

il parlera, moins sa parole sera sacralisée».

Chez Dominique Strauss-Kahn, on constate que

Jospin s'emploie «à répondre à ceux qui ont

voulu l'enterrer trop tôt. Il veut peser sur la

désignation du candidat pour 2007, sur la ligne,

sur le futur programme». Le doute qui plane sur

ses intentions futures n'est pas pour déplaire à

DSK : tout ce qui peut déstabiliser la

candidature «naturelle» de Fabius est toujours

bon à prendre...