« Débat sur la défense des OPAS »

Européennes les dix travaux du parlement

A chaque Etat sa défense contre les OPA

Par Jean QUATREMER

mardi 01 juin 2004 (Liberation - 06:00)

Retour, pendant dix jours, sur dix interventions

du Parlement de Strasbourg.

Certes, le Parlement européen est dominé par la

droite. Ce qui n'implique pas une vision

«libérale» pure et dure. La Commission en a fait

l'expérience, le 4 juillet 2001 : les

eurodéputés ont fait capoter une proposition de

directive visant à faciliter les offres

publiques d'achat (OPA). Un coup que le très

libéral commissaire chargé du Marché intérieur,

le Néerlandais Frits Bolkestein, n'avait pas vu

venir.

Il avait fallu douze ans de discussions pour que

les Etats se mettent d'accord afin d'harmoniser,

au sein du marché intérieur, les règles de

rachat des entreprises, que celles-ci soient

cotées à Paris, Francfort ou Londres. Mais les

OPA posent une question politique : le marché

a-t-il toujours raison ? Pour la Commission,

c'est oui. Elle proposait donc de compliquer

l'adoption par les entreprises de «mesures de

défense» contre une OPA hostile : les poison

pills devaient être décidées par les dirigeants

de l'entreprise ET approuvées ensuite par

l'assemblée générale des actionnaires, les

premiers n'ayant pas forcément le même intérêt

que les seconds.

L'Allemagne, soucieuse de préserver ses

entreprises des prédateurs, surtout au lendemain

du dépeçage de Mannesmann par le britannique

Vodaphone, s'est battue contre cette directive.

Elle a réussi à convaincre 98 de ses eurodéputés

(sur 99), ainsi que les Italiens de Forza Italia

et une partie de l'UDF. Finalement, la directive

sur les OPA a été adoptée fin 2003. Mais chaque

Etat membre reste libre de légiférer sur les

«mesures de défense», donc d'aménager la loi du

marché.