« Débat sur la libéralisation »

Les dix travaux du parlement

Le train poussé à la libéralisation

Par Jean QUATREMER

lundi 07 juin 2004 (Liberation - 06:00)

Retour, pendant dix jours, sur dix interventions

du Parlement de Strasbourg.

Si le Parlement européen a montré sa capacité à

s'opposer à une dérive par trop libérale de la

construction communautaire, par exemple en

bloquant les projets de directives sur les OPA

ou sur la libéralisation des services

portuaires, il sait aussi pousser les feux de la

concurrence quand il juge que cela est

nécessaire à la survie d'un secteur économique.

Tel a été le cas pour les chemins de fer:

l'Europarlement a avancé, en avril, la date de

l'ouverture totale du fret à la concurrence au

1er janvier 2007. Les Etats membres voulaient au

départ la retarder d'un an, et éviter qu'elle

s'étende au cabotage, c'est-à-dire à la

possibilité pour un train effectuant la liaison

Amsterdam-Nice de prendre des marchandises à

Paris. Surtout, le Parlement a obtenu, à

l'occasion du vote de ce paquet ferroviaire,

l'engagement que le transport des passagers soit

lui aussi libéralisé à l'horizon 2010, au moins

pour les lignes internationales : les Etats

membres doivent encore se prononcer sur ce

point, mais il est plus que douteux qu'ils s'y

opposent. Les plus réticents, dont la France,

n'ont pu que constater leur isolement croissant

en Europe dans leur défense des monopoles

nationaux. Les libéraux ont beau jeu de

souligner que la quantité astronomique d'argent

public dépensée pour aider les chemins de fer

n'a eu aucun effet sur l'effondrement des parts

de marché.

Cela étant, le Parlement n'a pas été jusqu'au

bout de la logique libérale : il a soutenu la

Commission et la France pour imposer une

harmonisation des normes de sécurité dont ne

voulaient pas les pays les moins

interventionnistes.