« Difficultés de l’élection »

Européennes

Première élection de Brest à Vilnius

Vingt-cinq pays élisent un Parlement commun.

Dominée par les débats nationaux, la campagne a

peu mobilisé. Mais pour l'Union, les enjeux sont

importants.

Par Nathalie DUBOIS

samedi 12 juin 2004 (Liberation - 06:00)

Les Européens sont conviés ce week-end au plus

grand marathon électoral de leur histoire : 348

millions d'électeurs sont invités à choisir sur

946 listes les 732 hommes et femmes qu'ils

envoient pour cinq ans au Parlement européen. Le

plus gros scrutin transnational jamais organisé

dans le monde, mais aussi la première expression

démocratique des peuples de cette nouvelle

Union, élargie, depuis le 1er mai, à 25 Etats

membres. «La démocratie n'est pas un sport pour

spectateurs. Elle exige notre participation et

notre engagement», a lancé le Premier ministre

irlandais, Bertie Ahern, président de l'UE.

Apparemment plus captivés par le coup d'envoi de

l'euro de football ce samedi au Portugal, les

électeurs sortiront-ils de leur apathie ?

Dominée partout par des enjeux d'abord nationaux

(lire page 9), la campagne a très peu intéressé,

malgré les rendez-vous cruciaux qu'a cette année

l'Union : l'adoption (si tout va bien la semaine

prochaine) de sa première Constitution et la

réponse à donner en décembre à la Turquie sur

ses chances d'adhésion. Mais le Parlement

européen reste, aux yeux des citoyens, un objet

votant non identifié, dont ils ont bien du mal à

saisir l'importance. Malgré le renforcement

continu de leurs pouvoirs (lire page 4), les

eurodéputés ont, à chaque scrutin, de moins en

moins d'électeurs : de 62,4 % chez les Neuf en

1979, la participation moyenne est tombée à 49,6

% chez les Quinze en 1999. La nette

remobilisation observée aux Pays-Bas et en

Grande-Bretagne, où le vote avait lieu dès

jeudi, est un motif d'espoir. Un dernier sondage

de l'institut EOS Gallup prédisait ainsi une

participation de 52 % dans toute l'UE. Moins

brillant, seulement 38 % des électeurs se

disaient «certains» d'aller voter dans les dix

nouveaux pays membres. D'où le rappel à l'ordre

du président polonais, Aleksander Kwasniewski :

le 13 juin sera «un test pour notre sens des

responsabilités européennes», a-t-il lancé à ses

concitoyens pour les inciter à prendre ce vote

au sérieux.

Reste que cette consultation continentale a des

chances de rester une addition de 25 élections

nationales, où, en France (lire ci-contre) comme

ailleurs, la première motivation est de

sanctionner le gouvernement en place. La faute

sans doute à l'absence d'enjeu politique clair

au niveau européen, seuls les Verts s'étant

essayé à une vraie campagne transnationale. Le

vote, parfois couplé avec des élections

nationales ou locales, s'étale sur quatre jours,

du 10 au 13 juin. L'Irlande et la République

tchèque ont voté vendredi, tandis que les

bureaux de vote s'ouvrent ce samedi en Lettonie,

à Malte et en Italie. Dimanche sera la journée

phare avec le vote dans les 18 autres Etats

membres. Bravant Bruxelles, les Pays-Bas ont

diffusé dès jeudi soir les résultats de leur

vote, mais il faudra attendre la fermeture des

derniers bureaux dimanche à 22 heures pour

connaître la physionomie du nouveau Parlement.

Un suspense qui, sur les chaînes de télévision,

ne pèsera pas lourd face au match

France-Angleterre.