Nous examinons dans cette section, les principaux résultats théoriques en économie de l’assurance. L’individu est confronté quotidiennement à plusieurs risques et, pour cette raison, il est prêt à dépenser certaines sommes d’argent pour réduire leur ampleur ou à les partager avec d’autres individus. Cette situation a induit le développement de divers types d’assurance. Le contrat d’assurance est l’instrument le plus utilisé pour se prémunir contre les risques, il permet, en effet, à l’assuré de partager le risque avec l’assureur. En exploitant les travaux de Pratt et Arrow, Mossin (1968) montre que si la prime d’assurance est actuarielle, un individu adversaire du risque optera pour une couverture totale du risque. Au contraire, si la prime d’assurance est chargée, la couverture partielle est optimale. Dans un article célèbre, Arrow (1970) s’est interrogé sur la forme optimale du contrat d’assurance. Il montre qu’un individu risquephobe préférera systématiquement un contrat de franchise plutôt qu’un contrat de coassurance. En optant pour un contrat avec coassurance, l’assuré est obligé de payer une prime importante si le risque auquel il fait face est important. Par ailleurs, s’il choisit un contrat avec franchise, il ne payera jamais plus que le montant de la franchise, et ceci, quel que soit l’ampleur du risque auquel il fait face. Cela amène l’individu adversaire du risque à choisir ce dernier contrat.
Par ailleurs, Cook et Graham (1977) ont examiné la demande d’assurance dans un cadre où le type de bien, remplaçable ou irremplaçable, est explicité 1 . Ils montrent qu’un individu adversaire du risque s’assurera totalement contre la perte d’un bien remplaçable si la prime d’assurance est actuarielle. Par contre, si le bien pour lequel on s’assure est irremplaçable, le choix de couverture optimal dépend alors de la nature du bien (normal ou inférieur). Si le bien irremplaçable est normal, la couverture partielle est optimale. Au contraire, si le bien irremplaçable est inférieur, l’individu adversaire du risque optera pour une couverture plus que complète.
Néanmoins, il est important de rappeler que ces derniers travaux reposent sur l’hypothèse d’un système complet des marchés d’assurance. Or, cette hypothèse est restrictive car plusieurs types de risque sont non assurables. Les illustrations sont nombreuses telle que : le risque de perte de revenu consécutive à une baisse de l’activité pour un entrepreneur individuel, les catastrophes naturelles pour lesquels il est très difficile de trouver une couverture d’assurance adéquate. En réponse à cette limite, Doherty et Schlesinger (1983) ont introduit l’idée de l’incomplétude des marchés d’assurance. Ils montrent que, lorsque la prime est chargée, si les deux risques sont positivement corrélés, les agents choisissent une couverture complète. On peut interpréter ce résultat en remarquant que si les agents sont confrontés à un risque contre lequel ils ne peuvent s’assurer, réagissent en améliorant leur couverture contre le risque assurable si les deux risques sont positivement corrélés. Par ailleurs, Eeckhoudt et Kimball (1992) étudient l’impact de l’introduction d’un risque exogène sur la demande d’assurance. Il montrent que sous les conditions d’aversion absolue au risque décroissante et de prudence absolue décroissante, la demande de couverture contre un risque assurable augmente en présence d’un autre risque non assurable et non-corrélé avec le premier et ce, indépendamment du type de contrat proposé.
Contrairement à un bien irremplaçable, un bien est remplaçable est un bien auquel l’individu peut trouver des substituts sur le marché