5) Les lectures réalisées : propriétés contextuelles et habitudes constituées

Selon B. Lahire, « le ‘‘présent’’ a d’autant plus de poids dans l’explication des comportements, des pratiques et des conduites, que les acteurs sont pluriels. [...] plus les acteurs sont le produit de formes de vie sociales hétérogènes, voire contradictoires, plus la logique de la situation présente joue un rôle central dans la réactivation d’une partie des expériences passées incorporées. Le passé est donc ‘‘ouvert’’ différemment selon la nature et la configuration de la situation présente. » 170 Celle-ci « ouvre ou laisse fermer, réveille ou laisse à l’état de veille, mobilise ou maintien à l’état de lettre morte les habitudes incorporées par les acteurs » 171 .

Cette approche peut servir la compréhension des habitudes de lecture. La pluralité possible et probable des habitudes lectorales constituées par les enquêtés nous conduit à envisager les conditions de leur mise en œuvre ou de leur mise en veille en relation avec des spécificités de la situation présente ou, plus précisément, du contexte de lecture. En éclairant la compréhension de modalités de l’action individuelle, cette approche sociologique permet de traiter empiriquement la question des aisances et difficultés à lire en contexte scolaire, c’est-à-dire à répondre aux exigences scolaires en matière de lecture.

Il convient de préciser ce qu’on entend par contextes de lecture avant de revenir sur les hypothèses concernant les produits de la rencontre entre habitudes lectorales et propriétés contextuelles.

Notes
170.

B. Lahire, L’Homme pluriel, op. cit., p. 60.

171.

B. Lahire, « Eléments pour une théorie des formes socio-historiques d’acteur et d’action », op. cit., p. 85.