a. 7 classes de seconde réparties dans 4 lycées de l’agglomération lyonnaise

Le recrutement social des établissements publics de l’agglomération (appréhendé à partir des données conservées au rectorat), l’implantation géographique des établissements et la carte scolaire, mais aussi les politiques éducatives (appréhendées par les baccalauréats préparés, l’ouverture à différentes filières d’études supérieures ou la spécialisation sur le secondaire) ont constitué les indicateurs pour une présélection des établissements.

Les intentions d’enquête ont dû s’accommoder des acceptations et refus. Or, quand elles existaient, les réponses aux courriers envoyés aux proviseurs pour la demande de réalisation de l’enquête au sein de l’établissement, ont toutes été négatives. Les prises de contact téléphoniques avec les chefs d’établissement ou les proviseurs-adjoints ont rarement été couronnées de succès. Parce que « l’établissement est en effet beaucoup trop sollicité par des études de toutes natures » (courrier réponse d’un proviseur), parce que « l’établissement préfère rendre service à ses anciens élèves malgré l’intérêt du projet » (réponse en rendez-vous d’un proviseur-adjoint), de nombreux proviseurs ont décliné la proposition d’enquête. Les refus m’ont finalement conduite à ne pas réaliser d’enquête dans des établissements préparant des baccalauréats d’enseignement général et technologique et des baccalauréats professionnels.

Les acceptations de la part des administrations – suivies ou abandonnées par la suite – étaient toutes liées à des intermédiaires. Si l’on s’en tient aux 4 établissements dans lesquels l’enquête a finalement été menée, on constate en effet que la réalisation, l’année précédente, de mon mémoire de maîtrise au sein du lycée 1 avec l’aval du proviseur-adjoint d’alors, a incontestablement joué en ma faveur aux yeux du nouveau proviseur. Après l’établissement de contacts avec des professeurs de français favorables au projet par l’intermédiaire d’enseignants, la sollicitation des proviseurs a reçu un écho favorable dans les trois autres établissements.

On peut caractériser rapidement les 4 établissements. D’abord du point de vue des lieux d’implantation, du recrutement de leurs élèves et des filières. Le lycée 1 est un gros établissement de la ville. Son recrutement social est diversifié par la carte scolaire : il accueille des lycéens de l’agglomération lyonnaise. L’année de l’enquête, la population scolaire se caractérise par la bipolarité de sa population, les proportions d’enfants de cadres et d’enfants d’ouvriers sont équivalentes et sans commune mesure avec celles des autres PCS. Le nouveau proviseur mène une politique de visibilité de son établissement, accordant de nombreuses interviews à la presse locale, mettant en avant la réussite scolaire des élèves, valorisant les options proposées pour le secondaire (langues rares, sections européennes, etc.) ainsi que les sections d’études supérieures développées (des BTS).

Le lycée 2, au recrutement social populaire,fait partie d’une ZEP et est situé dans une ville de la banlieue lyonnaise. Différents éléments manifestent une politique de promotion scolaire : absence de certaines filières des baccalauréats technologiques (pas de STI, mais des STT), absence de préparation aux baccalauréats professionnels, repérage et préparation d’élèves pour l’intégration à l’IEP de Paris, participation des enseignants à des projets pédagogiques divers (participation au Goncourt des lycéens par exemple).

Les lycées 3 et 4 sont des établissements anciens de centre ville. Ils proposent tous les deux des classes préparatoires aux grandes écoles : le lycée 3 des préparations littéraires et commerciales, le lycée 4 des préparations scientifiques et de sciences humaines. Cet établissement ne prépare en outre, au moment de l’enquête, aucun élève aux baccalauréats technologiques. Si la carte scolaire a modifié leur recrutement social, elle n’a pas empêché les stratégies parentales d’inscription des enfants dans ces établissements. A titre anecdotique mais significatif notons qu’une enquêtée – dont les parents, détenteurs d’un baccalauréat et respectivement « technico-commercial » au chômage et comptable (Karine) –, habitant la campagne et scolarisée dans le privée jusqu’en 4e, a déménagé pour s’installer dans un studio proche du lycée. Scolarisée en 3e dans un des collèges de secteur, elle a pu intégrer le lycée 4 en seconde, comme ses parents l’escomptaient.

On peut ensuite caractériser les établissements du point de vue des taux de réussite au baccalauréat. En 2000, les établissements ont des taux de réussite au baccalauréat significativement différents, et se retrouvent de part et d’autre de la moyenne des taux de réussite au baccalauréat des établissements publics et privés du département qui est de 84.9 % :

  • Lycée 1 : 61 %
  • Lycée 2 : 79 %
  • Lycée 3 : 96 %
  • Lycée 4 : 98 % 198

Au gré des acceptations des enseignants, l’enquête s’est finalement réalisée au sein de ces différents établissements, dans 7 classes, distinctes notamment par les options des élèves.

Liste 1 Les classes de l’enquête
Enseignants Lycées Options des élèves Participation à l’enquête
Madame A Lycée 1 Latin ; Grec ; Informatique ; LV3 (russe) ; Section européenne (allemand) Contactée à la fin de l’un de ses cours (au vu des options suivies par ses élèves et des échos de ses cours par des élèves interrogés l’année précédente dans le cadre de la maîtrise). Accepte de participer à l’enquête. S’interroge et m’interroge sur mon intérêt pour le français au lycée et sur ma scolarité secondaire plus que sur le projet de l’étude.
Madame B Lycée 1 SES Présentée par la documentaliste. Intéressée par le projet. Voit des profits pédagogiques à la démarche « c’est bien qu’ils réfléchissent sur leurs manières de lire ».
Monsieur C Lycée 1 SES Volontaire pour participer à l’enquête. Déclare apprécier la sociologie de « Bourdieu » et rit de mes dénégations lorsqu’il suggère « tu veux nous mettre en cause alors, parce que nous on croit qu’on enseigne la bonne manière de lire. »
Madame D Lycée 4 SES ; Latin ; LV3 Contactée par l’intermédiaire d’une enseignante de mathématiques de son établissement. Intéressée par le projet. Voit des profits pédagogiques à la démarche. M’interroge sur ma scolarité secondaire. S’inquiète des réponses des autres enseignants. Préoccupée par les nouveaux programmes. Me demande d’être accompagnatrice pour une sortie au musée.
Madame E Lycée 2 SES ; LV3 ; Section sport-études (cyclisme garçons ; foot filles) Contactée par l’intermédiaire d’un enseignant de sciences physiques de son établissement. Intéressée par le projet. Voit des profits pédagogiques à la démarche. M’interroge sur ma scolarité secondaire. Préoccupée par les nouveaux programmes.
Monsieur F Lycée 3 SES ; Grec ; LV3 ; Section européenne (anglais) Contacté par l’intermédiaire d’un enseignant d’histoire-géographie de son établissement. Veut me rendre service mais dit ne pas être particulièrement intéressé par le projet. M’interroge sur ma scolarité secondaire ainsi que sur d’anciens élèves à lui de ma connaissance. Redoute les probables nouvelles épreuves du baccalauréat de français.
Madame G Lycée 2 SES ; LV3 Contactée par l’intermédiaire d’un enseignant de sciences physiques de son établissement. Intéressée par le projet. Ne justifie pas sa participation. M’interroge sur ma scolarité. Voit des profits pédagogiques à la démarche.

Notes
198.

Taux de réussite au baccalauréat publiés sur L’Express.fr