b. faire dire des lectures en entretien

Pour le néophyte ou le sociologue acquis à une épistémologie différente de celle qui innerve cette recherche, la réalisation d’observations des cours de français et la collecte de copies peuvent être perçues comme des manières d’enregistrer des données déjà là. Or elles constituent des manières de produire un matériau d’enquête : en effet, les éléments retenus lors de l’observation d’un cours, ou analysés au fil de la recherche, ne sont pas pertinents ou signifiants en soi, mais seulement au regard de la problématique et des hypothèses de travail. Ces dernières n’empêchent cependant ni une démarche souple, ni une réceptivité à des éléments imprévus, faisant sens par rapport à l’objet de la recherche.

La production du matériau paraît plus évidente pour l’entretien sociologique du fait des questions plus ou moins ouvertes qui sont posées à l’enquêté. L’entretien permet d’approcher les pratiques effectives des enquêtés et veut éviter la production d’artefacts quidoivent leur explicitation à la situation d’interaction seulement. Dans toutes les enquêtes, la question se pose de savoir comment atteindre cet objectif. En réfléchissant aux conditions d’énonciation spécifiques d’une relation d’entretien, à l’inégale remémoration des textes et aux habitudes de lecture constituées par les enquêtés, on peut éclairer les conditions de dicibilité des pratiques de lecture et travailler à les favoriser.