II. La lecture individuelle de récits rare et tardive et concurrencée par d’autres activités autour des textes

L’ensemble de la population interrogée n’a pas eu de lectures individuelles de récits régulières durant l’enfance : celles-ci ne sont pas déterminantes pour l’accès en classe de seconde – elles rendent toutefois plus ou moins aisée la scolarité, comme on le verra dans les chapitres suivants.

En comparant les éléments ayant joué en faveur des lectures individuelles enfantines, on peut étudier les conditions et les manifestations de la rareté des lectures individuelles de récits durant l’enfance. Ainsi, on observe systématiquement les traits distinctifs des configurations familiales et scolaires de ces enquêtés et on appréhende la présence ou l’absence des pratiques et modalités de familiarisation à la lecture précédemment mises en évidence.

On évoquera donc d’abord les caractéristiques des configurations familiales de ces enquêtés du point de vue du niveau de diplôme des parents, de la familiarité avec l’écrit de l’entourage des enquêtés et de la place faite aux pratiques scolaires parmi les pratiques éducatives parentales. L’hétérogénéité relative des configurations familiales des enquêtés éclaire les variations de pratiques autour des récits, que l’on présentera ensuite. Pour éviter le misérabilisme et le légitimisme d’une perspective analytique qui tend « à constituer les pratiques populaires en pratiques minimales ou déficitaires » 344 , on a été attentive à souligner les caractéristiques propres des modalités de familiarisation avec la lecture connues par ces enquêtés ainsi que leurs lectures enfantines.

Notes
344.

J.-C. Passeron, Le Savant et le populaire, op. cit., p. 58.