I. Le contexte scolaire : la littérature classique prescrite

D’après les lectures mémorisées et déclarées par les enquêtés, le contexte scolaire de lecture se singularise par les textes qu’il donne l’occasion de lire : il s’agit quasi-exclusivement de textes présents sur les listes de suggestion. Il se singularise aussi par la nature de ses sollicitations lectorales qui relèvent essentiellement d’une logique de prescription. Il se singularise enfin par l’efficacité de ses sollicitations auprès de la population d’enquête. Dans une certaine mesure, cette efficacité rend caduques d’autres logiques sociales intervenant dans la constitution d’habitudes de lecture (les identifications sexuée, générationnelle, etc.).

Trois éléments rendent raison de ces spécificités contextuelles : la force référentielle des Documents officielsfixant les objectifs de l’enseignement scolaire et notamment les œuvres à lire – les derniers documents officiels proposent, on l’a dit, une liste de titres – d’une part ; la forme scolaire de l’enseignement et le fort encadrement tant matériel, temporel et cognitif qu’elle suppose d’autre part ; et enfin la primauté, au sein de l’institution scolaire, des relations pédagogiques nouées entre un professionnel de la lecture et de son enseignement et des apprenants caractérisés par leur avancée dans le cursus.