2) Les adultes proches : diversité des catégories de textes proposées et pluralité des types de sollicitation

Lorsque l’on reprend les catégories de textes que les enquêtés déclarent avoir lues par le biais des adultes proches, on a par ordre décroissant : les magazines, les ouvrages de référence, les journaux, la littérature classique, les bandes dessinées, la littérature ne figurant pas sur les listes de suggestion, les textes religieux et enfin seulement la littérature jeunesse. Durant le collège, contexte scolaire et contexte familial ne sollicitent pas les enfants sur les mêmes catégories de textes.

Par ailleurs, les types de sollicitations lectorales varient également d’un contexte à l’autre. En effet, la logique de prescription dominante au sein du contexte scolaire devient secondaire à l’extérieur. En effet, en famille, les sollicitations lectorales n’émanent pas de professionnels de la lecture et de son enseignement (seule Esther compte parmi les adultes proches une ancienne enseignante de français). De plus, les sollicitations lectorales ne relèvent pas nécessairement d’une intention pédagogique 453 . Enfin, les motifs de sollicitations ne répondent pas à un curriculum fixé de compétences lectorales. La communion et l’incitation, marginales en classe, sont les logiques des sollicitations lectorales qui prévalent en famille.

Contrairement à l’institution scolaire, et malgré les souhaits des tenants d’un discours légitime sur l’éducation, les familles ne suivent pas un programme national 454 . Non seulement les sollicitations familiales ayant entraîné des lectures se distinguent des prescriptions scolaires, mais en plus, elles ne sont pas homogènes. D’une famille à l’autre, les sollicitations lectorales procèdent en effet différemment et portent sur des catégories de textes différentes. Le niveau de diplôme des parents, les pratiques de lecture familiales 455 , la connaissance parentale de l’univers et de la culture scolaires et la connivence des arbitraires culturels familiaux et scolaires, la composition des bibliothèques familiales, les relations nouées entre parents et enfants autour de l’écrit, etc. sont autant d’éléments qui se trouvent au principe des variations inter-familiales des sollicitations lectorales 456 .

On étudie les logiques socialisatrices de ce contexte extra-scolaire en matière de lecture en présentant successivement les différents types de sollicitations familiales.

Notes
453.

Comme pour le jeu, les occasions de lecture ne s’inscrivent pas forcément dans une intention pédagogique, D. Thin, Quartiers populairesop. cit., p. 101-104. Sur la diversité des modalités de socialisation, cf. aussi, B. Lahire, L’Homme pluriel, op. cit., « Qu’est-ce qui s’incorpore ? », p. 210-219.

454.

Il en va des programmes scolaires pour le collège comme de ceux pour l’école primaire. Parallèlement à leur définition des pratiques scolaires, ils laissent entendre leur conception de ce que devraient être les activités réalisées hors école en dessinant les relations entre contextes scolaires et extra-scolaires, D. Thin, Quartiers populaires, op. cit., p. 207-212.

455.

Cf. Annexe, les lectures des parents et adultes proches par catégories de textes. Il s’agit seulement, cela va de soi, des lectures connues des enquêtés (mais à ce titre sujettes à une communion), mémorisées et déclarées dans le cadre de cette enquête.

456.

Cf. Annexe, un tableau récapitulatif des catégories de textes lues par les enquêtés durant la période collégienne par l’intermédiaire des proches adultes quelles que soient les modalités de sollicitations parentales.