3) La constitution extra-scolaire des façons de lire et de dire les lectures

L’institution scolaire n’est pas le seul lieu possible de constitution des façons de lire et de dire ses lectures. Elle n’est en effet ni la seule à accompagner les lecteurs dans cette constitution, ni la seule à émettre des discours sur la lecture et sur les textes qui, en offrant des grilles de perception, sont susceptibles de guider les façons de lire et de dire les lectures.

Toutefois les discours sur les lectures qu’elle porte sont consignés dans des Documents officiels qui décrivent un enseignement relevant en partie d’une pédagogie explicite et dont l’encadrement s’effectue au sein des classes. De ce fait, ses discours sont plus aisés à appréhender. Pour les individus ayant fréquenté l’institution scolaire, ses discours sont aussi plus tangibles que d’autres discours sur les lectures dont les émetteurs sont démultipliés. Lorsque la transmission se passe d’une intention pédagogique, les savoirs et savoir-faire qui s’y construisent ont un « caractère d’évidence » et peuvent passer inaperçus :

‘« Le monde apprend à vivre sans qu’il faille pour autant lui attribuer une action éducative. De tout l’entourage sourd cependant un savoir qui peut être reçu : savoir-faire, savoir-dire, savoir-vivre, sont inculqués pêle-mêle, découverts par soi-même, mais corrigés si nécessaire. C’est le fait qu’ils aient été appris sans avoir été enseignés qui leur donne ce caractère d’évidence, qui fait de toute autre représentation du monde quelque chose d’irrecevable » 607

On évoquera quelques autres figures des discours sur la lecture et situations rendant possible (mais non nécessaire) la constitution de façons de lire et de dire les lectures à partir desquelles on a interrogé les enquêtés et analysé les entretiens réalisés.

Notes
607.

G. Delbos, P. Jorion, La Transmission des savoirs, op. cit., p. 141.