a. les sollicitations des proches : orchestration possible d’une pluralité de façons de lire et de dire les lectures

Les sociabilités lectorales établies avec des membres de la famille ou avec des pairs, avec des collègues ou des professionnels du livre, etc. 608 peuvent encadrer, en l’exigeant 609 , la constitution de façons de lire et de dire les lectures diverses par leur contenu et leur forme même.

C’est le cas lorsque les lectures sont des sujets de conversation ou lorsqu’elles font l’objet de recommandations assorties de justifications explicitant tantôt les attentes lectorales potentiellement satisfaites par les textes, tantôt les caractéristiques textuelles appréciées, situant parfois les textes par rapport à d’autres, etc.

Mais les façons de dire les lectures ne se limitent pas aux discours sur les textes et les lectures, construits notamment à partir des sollicitations lectorales explicites. Réalisées avec d’autres ou pour autrui, ou bien encore citées/récitées entre soi, les lectures peuvent donner lieu à des échanges qui ponctuent le texte et informent son appropriation. Ces échanges encadrent la constitution de façons de lire et de dire les lectures particulières.

En fonction des façons de lire constituées par les membres de l’entourage, en fonction des modalités et des contenus de l’échange autour des textes – des discussions rétrospectives ou des échanges ponctuant des lectures faites à plusieurs –, et en fonction de l’étayement des propos échangés, les enquêtés auront eu plus ou moins l’occasion de constituer en dehors de l’école des façons de lire et de dire les lectures qui se distinguent ou s’approchent des façons de lire et de dire les lectures enseignées scolairement : du point de vue du contenu, de la forme des échanges et des modalités d’explicitation.

Notes
608.

C. Evans, « La Socialisation privée des lectures : circuit ‘‘prête-main’’, ‘‘tournantes’’ et clubs de lecture », op. cit., p. 21-110, I. Charpentier et E. Pierru, « Pratiques de sociabilités lectorales et ‘‘gender gap’’ », op. cit.

609.

Il y a des univers sociaux (professionnels, familiaux ou amicaux) où l’on ne peut pas ne pas connaître tel ou tel ouvrage et où l’on ne peut pas ne pas en parler, cf. P. Bourdieu, « La lecture : une pratique culturelle », op. cit., p. 275.