a. trois façons de lire analytiques

Les façons de lire analytiques réalisées pendant la période collégienne se déclinent de trois manières :

1) une appréhension analytique des textes soutenue par la mobilisation de savoirs linguistiques et stylistiques. Elle vise (ou procède de) la production d’un commentaire sur la construction du texte, la mise en évidence de ses effets possibles sur un lecteur-étalon et l’élucidation des thématiques et points de vue sur le monde dont il est potentiellement porteur. Les enquêtés décrivent alors les textes lus en mobilisant un vocabulaire plus ou moins spécialisé. Ils précisent les effets possibles des textes (éprouvés ou non) en fonction d’une construction textuelle qu’ils analysent.

2) une appréhension analytique de la production écrite qui reconnaît (dans la contestation ou l’acceptation) les principes littéraires légitimes d’identification des textes – genre, époque, style, etc. – comme principes de caractérisation et d’ordonnancement (voire de hiérarchisation) de la production écrite. Les enquêtés mentionnent alors souvent le titre et le nom de l’auteur. Ils situent celui-ci par rapport à un style particulier ou au sein d’une époque. Ils comparent des textes entre eux du point de vue de caractéristiques esthétiques, etc.

3) une appréhension analytique des textes qui consiste à résumer les textes à partir des éléments essentiels de leur structure narrative ou argumentative (pas forcément désignée ni perçue comme telle), indépendamment des préférences lectorales, et à être en mesure d’en rendre compte sans user d’allusions et sans jouer d’une connivence. Les enquêtés font en effet état de ces demandes professorales de résumés de textes ou de livres lus, des questions posées sur les personnages, les lieux et temps de l’action s’il s’agit d’un récit, etc. Ils témoignent d’une mobilisation aisée de cette appréhension des textes lorsqu’ils présentent leurs lectures en entretien.

Dans les trois cas, les caractéristiques textuelles mises en avant par les enquêtés ne le sont pas en fonction de leurs goûts et dégoûts mais en fonction de principes analytiques constitués en savoirs spécialisés – reconnus et définis scolairement – qu’ils ont intériorisés.