3) Les expériences ambivalentes des sollicitations lectorales de communion et d’incitation

Une vingtaine d’enquêtés témoignent d’une expérience ambivalente de sollicitations lectorales extra-scolaires auxquelles ils ont été confrontés durant la période collégienne ou ultérieurement. Celle-ci survient lorsque l’intériorisation de normes lectorales différentes ou la confrontation à des sollicitations lectorales construites comme concurrentes et hiérarchisées troublent l’expérience heureuse de sollicitations particulières de lecteurs aux lectures variées, n’assumant pas, en entretien du moins, les satisfactions lectorales suscitées par des textes situés au bas d’une hiérarchie intériorisée des lectures. Le petit nombre d’enquêtés concerné par un tel rapport aux sollicitations lectorales pointe la moindre intériorisation de la légitimité culturelle et littéraire durant la période collégienne. Du fait du large éventail des recommandations scolaires ou de la moindre surveillance parentale par exemple, cette période est en effet construite comme une « période de licence autorisée » et autorise, pour un grand nombre d’enquêtés une appréhension harmonieuse de l’hétérogénéité des sollicitations suivies.

Tableau 21 Expériences ambivalentes de sollicitations lectorales
Tableau 21 Expériences ambivalentes de sollicitations lectorales

Ces enquêtés ont intériorisé une injonction - familiale ou scolaire - à la lecture et ont construit durant leur enfance des habitudes lectorales qui leur permettent non seulement de lire et d’apprécier différents textes, mais aussi de fréquenter les bibliothèques ou d’autres lieux de distribution et d’y trouver des lectures plaisantes, de construire des sociabilités lectorales avec des pairs. Lieux de diffusion et pairs constituent pour certains d’entre eux des occasions d’émancipation des lectures proposées familialement ou scolairement. Ils portent aussi la responsabilité de lectures illégitimes.

Parfois, les sollicitations lectorales des uns et des autres – parents, enseignants, pairs, lieux de diffusion – diffèrent, sans qu’il y ait de reconnaissance réciproque. S’ils continuent de les suivre toutes, les enquêtés lisent et apprécient des textes qu’ils savent déconsidérés par d’autres : la légitimité reconnue aux différentes lectures variant selon les lieux de l’espace social 767 . L’expérience ambivalente des sollicitations lectorales se traduit par un sentiment d’illégitimité si ce n’est lors de la lecture, du moins, lors de sa déclaration en entretien. Ce sentiment découle des diverses manières par lesquelles les uns et les autres intériorisent la moindre légitimité des textes qu’ils apprécient.

L’interdit ou la réserve que des proches émettent à l’endroit de certaines lectures signifient sans conteste une déconsidération des textes. Ainsi la mère de Sophie lui a interdit la lecture du magazine Détective et a encouragé sa lecture de Jeune et jolie par un abonnement. Si Sophie apprécie le magazine de jeunes filles, elle prend aussi plaisir à lire sous le manteau le magazine interdit. Mais, parallèlement aux satisfactions lectorales, Sophie exprime un point de vue critique sur ce magazine qui manifeste son expérience ambivalente :

‘« j’aime bien aussi les magazines main’nant, je lis / (/ comme... quoi ?) pff’, je lis... Jeune et jolie (ouais) Puis je lis quoi encore ? je lis aussi, comment i s’appelle ? C’est des mésaventures, comment ça s’appelle ? Euh... pff’... c’est des histoires quelqu’un a tué quelqu’un, et puis l’autre [petit rire], comme les filles qui avaient été enlevées, je sais plus ce que c’est. C’est un journal, c’est Détective (ouais) Ouais, c’est ça. Je lis ça aussi, j’aime bien... c’est tout le temps des trucs qui sont... [petit rire] des gens qui se sont fait tuer à la hache et tout, et moi je lis ça [petit rire des deux] Je me fais engueuler en plus quand je lis ça (ah ouais ?)ouais ma mère, elle aime pas, ou i se sont fait couper la tête, ou... [petit rire des deux], n’importe quoi... (et pourquoi elle aime pas ta mère ?) je sais pas elle dit que c’est... que c’est n’importe quoi, en plus que c’est pas vrai ce qu’i racontent, et elle me dit... ‘‘C’est exagéré, et puis en plus... c’est pas bien de lire ça’’. Alors j’ui ai menti, j’ai lu quand même (tu lis quand même ?) ouais [petit rire] (tu te les achètes ?) ouais, j’achète des fois, pas souvent, mais, des fois... des fois c’est bien, des fois c’est nul, des fois je rigole en les lisant[petit rire], je me fais engueuler... [petit rire des deux] c’est vrai, ouais et puis c’est tout ce que je lis (et Jeune et jolie tu l’achètes souvent ?) tous les mois, je le reçois, je suis abonnée à Jeune et jolie [...] depuis... le début de l’année scolaire [...] je sais pas j’aime bien (c’est toi qui as décidé ou...) ouais, en fait c’est une dame qui est passée, puis ma mère comme elle sait que je l’achète... (régulièrement) souvent elle m’a abonnée quoi » (Sophie ; père : médecin, doctorat de médecine ; mère : sans profession, garde des enfants à domicile, a été laborantine, bac technique ; elle vit avec sa mère, parents séparés depuis l’âge de 5 ans)’

Pour sa part Belinda ne considère pas comme « lecture » son appropriation des nombreuses bandes dessinées découvertes à la bibliothèque ou par le biais de son petit frère. La moindre considération maternelle pour cette catégorie de textes, déclarée plus loin dans l’entretien, explique son expérience ambivalente de ces lectures qui suscitent à la fois satisfactions lectorales et sentiment d’illégitimité :

‘« les BD j’ai lu beaucoup de choses... j’aime bien... mais... y en a tellement que j’aimais bien [petit silence] Et... ce qui est magazine par rapport aux BD c’est vrai que c’est... y en a quelques-uns que je regarde... [petit rire] je sais pas quoi dire [petit rire] Mais j’appelle pas trop ça ‘‘lecture’’... (qu’est-ce que t’as lu ? par exemple ?) en BD ? (ouais) la dernière que j’ai lue c’est... les Titeuf, j’aime bien ce genre [petit rire] Ce... ce genre de BD [...] je sais qu’elles sont cons des fois mais [petit rire des deux] (et comment tu les... ’fin tu les achètes ? tu les empruntes à la bibliothèque...)souvent je les emprunte à la bibliothèque [...] des fois je les emprunte, des fois je les lis sur place... Tout dépend de mon temps. La plupart du temps je... y a mon p’tit frère qui emprunte plein de BD... du coup je le laisse plutôt emprunter les BD » ; « [ma mère] elle en apporte souvent et depuis longtemps [des livres] [...] parce que i faut autant que je lise... au lieu de regarder la télé ou... des trucs comme ça, lire des BD (elle te conseille de lire) ouais [petit rire] Parce que je suis toujours en train de lire des BD de façons. Donc... c’est pas mal d’avoir d’autres livres quand elle en amène. Mais ça a toujours été comme ça » (Belinda ; père : ingénieur en télécommunication par ordinateur, bac S, DUT, ENIC ; mère : enseignante dans une école de puéricultrice, BEP sanitaire et social, DE infirmière, DE puéricultrice, licence de management)’

Benjamin tient à distance cette catégorie de textes depuis qu’il est au lycée. Il a intériorisé l’argument maternel du mauvais rapport qualité/prix ainsi que l’association des bandes dessinées à un lectorat enfantin, comme principes de sélection et critères d’évaluation des produits culturels :

‘« (est-ce que tu lis des bandes dessinées, des choses comme ça ? Ou est-ce que t’as lu ?) alors... ouais j’ai lu les bandes dessinées en fait. Et là aussi j’ai fait toute une collection de Yakari. Ça... c’était en même temps que Les Six compagnons, je lisais soit Les Six compagnons, soit Yakari [petit rire des deux] Donc j’ai lu tous les Tintin aussi (c’est des livres qu’i y avait chez toi ?) euh... nan ! Nan c’était plutôt de la bibliothèque que j’ai pris ça (ouais ?) tout ce qui est les BD c’est... ma mère qui est vraiment pointue sur les sous... les BD c’est des prix affolants hein par rapport aux romans... enfin les romans ça coûte 30 francs, ça fait 100 pages et... les BD si elle fait 50 pages, ça fait 50 francs donc... Donc je les prenais plus à la bibliothèque donc aussi c’est... pas loin de chez moi... donc... je pouvais toutes les prendre et c’était gratuit [...] Mais à... petit à petit... j’ai perdu les bandes dessinées. J’ai vraiment perdu parce que... [petit rire] en fait j’aime plus du tout en fait (ah ouais ?) ouais c’est... j’en lis plus aucune parce que... au début j’ai eu le sentiment que c’était dépassé pour mon âge (hum hum) et puis en fait ça l’est pas parce que j’en vois plein qui en lisent ou... des trucs mais... mais moi je... 'fin... je préfère les romans en fait enfin je préfère... (hum !) là je lis plus jamais de bandes dessinées, j’en lis plus... (et ton frère il en lisait des bandes dessinées ?) alors... mon grand frère il en lit toujours ouais... il en lit ouais il en lit souvent à la bibliothèque i prend mais... j’en connais aucune en fait et... des fois j’essaye de les lire et puis je me dis ‘‘C’est barbant...’’. Alors que mon frère il adore... (ouais ?) donc... [petit rire des deux] I m’influence pas trop là-dessus en fait » (Benjamin ; père : ingénieur en télécommunication, bac C, maîtrise de physique et diplôme d’ingénieur ; mère : assistante sociale, bac SMS et « fac »)’

La moindre appréciation maternelle des romans et nouvelles de S. King que Vanessa et Marc souhaitaient partager avec leurs mères respectives a jeté un doute sur la légitimité de ces écrits et sur les goûts enfantins.

L’expérience ambivalente de sollicitations lectorales ayant suscité des satisfactions lectorales découle parfois de la moindre légitimité des sollicitateurs. Ainsi Séverine apprécie moins les romans de S. King lus sur les recommandations de ses camarades de classe que les romans d’A. Hitchcock trouvés dans la bibliothèque familiale. Maxence apprécie les romans de M. Higgins Clark que lui conseille son frère au parcours scolaire déviant (familialement) tout en reconnaissant la moindre valeur littéraire de ces lectures. Gaëlle entretient avec ses camarades des sociabilités lectorales non réciproques : par leur intermédiaire elle lit les magazines de jeunes filles et les romans ne figurant pas sur les listes de suggestion. Elle est moins élogieuse vis-à-vis de ces lectures que vis-à-vis de celles que sa mère lui a conseillées et qu’elle se garde de conseiller à ses copines :

‘« dans mes amis, ’fin... je connais pas... j’en ai pas trouvé pour l’instant bon qui lisaient vraiment... les mêmes genres... des livres comme moi, donc... C’est vrai qu’ouais... j’ai pas trop l’occasion... d’en discuter » (Gaëlle ; père : architecte, CAP dessinateur, bac E, diplôme d’architecte ; mère : bibliothécaire, bac littéraire, DUT documentation, CAFB, DEUGde psychologie)’

Alors qu’il évoque avec ses copains les bandes dessinées comme XIII qu’ils lisent aussi, Colin ne parle pas des albums de Corto Maltèse que sa grand-mère lui a offerts parce qu’« il n’y en a pas beaucoup qui connaissent ». Nadine entretient un rapport similaire à ses copines et ses parents. Elle exprime plus crûment que Gaëlle et Colin un processus de différenciation culturelle par non réciprocité des sollicitations lectorales :

‘« (je me demandais si toutes copines ou copains, plus ou moins ‘‘littéraires’’, te conseillaient... par rapport à tes lectures ou... ?) non, parce que... enfin... pas des masses. Parce que i restent... enfin... quand je dis littéraires... c’est qu’i sont pas du tout scientifiques et que i vont tous en L par exemple. Mais... (hum. ça veut pas dire qu’i z’apprécient forcément de lire ou... ?) non, je pense pas. Je sais pas. Je parle de mes lectures avec quelques-unes de mes copines mais y en a d’autres... je pense qu’on n’est pas du tout sur la même longueur d’onde au niveau des lectures donc c’est pas... (ah ouais... ?) ouais ! 'Fin je sais pas je suis... je sais pas... y a des fois, y a des livres, j’ai envie de les conseiller à des personnes... privilégiées [petit rire des deux] parce que j’ai pas envie que d’autres lisent ces livres parce que... je suis méchante mais... pas les souiller... mais...(souiller les livres ? [petit rire]) nan... ! Enfin c’est pas ça mais... je pense qu’i z’apprécieraient pas et que... c’est dommage qu’ils les lisent sans les apprécier. 'Fin... je pense pas / (/ Tu pensais à un livre... en particulier, là ?) non, non, pas spécialement. Mais... c’est vrai qu’i y a certains livres... que je sais que je vais pas conseiller à certaines personnes parce que non seulement je pense pas qu’i z’apprécient et en plus... ouais j’ai pas envie qu’ils les lisent, je sais pas pourquoi mais c’est comme ça [petit rire des deux] Voilà » (Nadine ; père : commercial en milieu scientifique, ingénieur chimiste, bac +5 ; mère : pharmacienne - chef de laboratoire, a longtemps travaillé pour l’agence française du médicament, est depuis peu à l’OMS -, études supérieures)’

Contrairement à Emmanuel qui appréhendait l’assentiment parental pour la fréquentation de la bibliothèque municipale comme une légitimation de ses lectures, Léonardo dévalorise celles qu’il effectue hors de son domicile. Malgré son appréciation des bandes dessinées, des romans de science-fiction ou des magazines sportifs empruntés en bibliothèque, Léonardo dévalorise ces textes relativement aux lectures familiales :

‘« je lis des BD (ouais, c’est quoi ? comme BD) j’ai dû en lire... au moins ! Au moins mille cinq cents... je connais bien quoi [petit rire des deux] J’ai lu tout de tous les auteurs... tout quoi, je connais par cœur... puis les romans pff’... un peu de tout... tout ce qu’i faut lire quoi... (pour les BD comment... t’as connu ?) pff’... comme ça [petit rire], je sais pas (y en avait chez toi ou euh... à la bibliothèque ou...) ouais quand j’étais petit, c’est pour ça. Bon j’en ai pas mille cinq cents à la maison [petit rire des deux]. Ben là y a... là j’ai tout lu à la bibliothèque, y a plus rien, de temps en temps je cherche, j’en trouve une mais pp’... j’ai tout lu ce qu’y a à la bibliothèque, puis dans les magasins aussi... enfin bon [...] c’est pas trop une référence quoi... (pourquoi c’est pas une référence ?) bon euh fff’... la BD... c’est pas très très... très intellectuel [petit rire] [...] (et t’en discutes avec des gens, je sais pas ton frère, tes parents...) nan nan même pas. Ah mon frère... il est pas BD du tout (ouais ?) [petit rire des deux] » ; « (les romans que tu lis c’est quoi ?) les romans, alors euh... vraiment tout et n’importe quoi [petit rire des deux], mais vraiment n’importe quoi [petit rire], y a des fois je lis des trucs mais je me demande pourquoi j’ai pris ça parce que c’est d’une débilité... et de la science-fiction, les policiers... [...] (et qu’est-ce tu dis ouais, enfin... qu’est-ce que tu qualifiais de n’importe quoi ?) ben y a des livres comme ça on prend et puis bon on sait pas c’est quoi... on prend pour voir et puis... c’est vraiment nul, l’histoire est complètement débile... c’est souvent des livres de science-fiction hein, pff’ l’histoire... elle a dû être écrite vingt fois... dans cinquante séries... c’est même pas la peine de lire, on lit dix pages, on connaît la fin, donc... ’fin on lit jusqu’au bout [petit rire], mais c’est (tu t’arrêtes jamais... au milieu...) ouais voilà. C’est nul les livres comme ça. Y a des livres qui sont vraiment, vraiment nuls (mais en fait tu les choisis comment ? tu vas...) ben des fois je prends les auteurs que je connais un peu... puis des fois je prends des livres comme ça pour voir, des auteurs que je connais pas... donc des fois je trouve des bons, mais des fois je trouve des nuls... souvent je trouve des nuls (c’est en regardant dans les rayons, c’est pas...) ouais voilà (quelqu’un qui te conseille ou...) nan nan... je regarde et puis... je vois un auteur que je connais pas, je prends un livre, je le lis, et puis si j’aime bien tant mieux, et puis si j’aime pas... tant pis ([petit rire], c’est des livres que tu achètes ou...) nan nan à la bibliothèque » (Léonardo ; père : dentiste, doctorat de médecine ; mère : sans profession, a été professeur d’économie, maîtrise d’économie, CAPES)’

Parfois, l’expérience ambivalente de sollicitations lectorales ne se traduit pas par la dévalorisation des lectures appréciées, mais, comme le montre l’analyse des revendications contre-culturelles 768 , par leur requalification en soulignant ce qui les rapproche des produits légitimes. Ainsi Jérôme valorise les Livres dont vous êtes le héros qu’il a lus et appréciés durant le collège à l’aune de la lecture littéraire (dans une perspective de bonne volonté scolaire, il a lu L’Assommoir, et a commencé L’île mystérieuse) :

‘« [à la bibliothèque] je prenais des livres comme... les livres... Comment ça s’appelle ? Des livres... où c’est par numéro ! Où y a des choix à faire à la fin de chaque chapitre (les Livres dont vous êtes le héros là ?) ouais voilà [...] j’en ai quatre là [...] c’est de la lecture quand même en fait hein ! (ouais ! [petit rire]) donc... on se dit ça... on lit pas tout dedans [...] on lit pas tout mais bon ça fait quand même de la lecture [...] j’aime bien lire... parce que c’est interactif quoi. Le livre c’est un... c’est p’t-être plus... comment dire ? En fait quèque chose qui vit » (Jérôme ; père : représentant dans une entreprise après y avoir été chauffeur-routier et vendeur, arrêt des études lorsqu’il était en seconde ; mère : assistante maternelle, arrêt des études en première)’

Quelques enquêtés témoignent donc d’une expérience ambivalente de sollicitations lectorales extra-scolaires : les satisfactions lectorales éprouvées à leurs lectures ne suffisent pas à contrebalancer la moindre légitimité qu’ils ont appris à accorder aux textes en question et aux sollicitations auxquelles ils ont cédé.

Plus nombreux sont ceux qui ont eu des expériences malheureuses de sollicitations relevant d’une logique de communion ou d’incitation : ils déprécient les textes dont, pour diverses raisons, ils ne pouvaient éviter la lecture ; ou ils résistent avec mauvaise conscience à des sollicitations auxquelles ils reconnaissent une légitimité.

Mais tous les enquêtés ont eu des expériences heureuses de sollicitations relevant d’une logique de communion ou d’incitation durant la période collégienne. Ces expériences dépendent de leur reconnaissance des sollicitateurs (à partir de caractéristiques lectorales et sociales), de leur construction préalable des habitudes permettant de répondre à telle ou telle sollicitation, de la valorisation de leurs propres habitudes de lectures par leur entourage ou par eux-mêmes.

Du fait des expériences heureuses des sollicitations lectorales qu’ils ont accueillies durant la période collégienne, le contexte extra-scolaire – qui peut être hétérogène – et le contexte scolaire, ont été appréhendés par la plupart des enquêtés comme des contextes relativement détendus d’exercice et de mise en œuvre d’habitudes lectorales différentes.

Notes
767.

P. Bourdieu, Ce que parler veut dire, op. cit., p. 64-67 et 83-95 ; Lahire B., La Culture des individus, op. cit., p. 685.

768.

P. Bourdieu, La Distinction, op. cit., p. 91-93 et 96-98 ; L. Boltanski, « La Constitution du champ de la bande dessinée », op. cit., p. 37-43 notamment.