b. les quelques modifications liées aux textes de 1999

Par bien des aspects, les textes de 1999 rejoignent les textes précédents. Ainsi, les perspectives d’études de textes fixées sont proches de celles recommandées antérieurement : histoire littéraire, registres et genres, production et singularité des œuvres, argumentation. Les supports de prédilec­tion sont toujours les œuvres intégrales et les textes insérés dans des groupements de textes organisés selon une thématique ou une problématique littéraire. Bien qu’affirmant plus tôt la part importante de la connaissance de la littérature, les finalités de l’enseignement proposées s’approchent des finalités antérieures : acquisition de savoirs, constitution d’une culture, formation personnelle et formation du citoyen par le biais de la maîtrise de la langue, de la connaissance de la littérature et de l’appropriation d’une culture.

Trois innovations principales apparaissent dans les textes de 1999 (on se réfère à leur version révisée du BO n° 28 de juillet 2001). La première consiste en l’établissement d’objets d’étude pour les classes de seconde et de première. La seconde a trait à la fixation d’un nombre minimal de six œuvres intégrales à faire lire ou étudier par année (en plus d’un nombre conséquent d’extraits de textes intégrés à des groupements de textes). La troisième repose sur un renouvellement du lexique analytique afin d’assurer une continuité des enseignements des premier et second cycles de l’enseignement secondaire du français et de la littérature.

En classe de seconde, cinq objets d’étude sont obligatoires, deux autres sont facultatifs (les deux derniers) :

Une répartition des objets d’étude entre les classes de seconde et de première est fixée dans les textes officiels. Ils proposent par exemple de privilégier les XIXe et XXe siècles ainsi que le narratif et le théâtral en seconde. Ils insistent toutefois sur la non rigidité du cloisonnement. Si la poésie ne constitue pas un objet d’étude à part entière en seconde, ils soulignent que des œuvres poétiques peuvent y être étudiées par le biais d’autres objets d’étude : identifiée comme l’un des mouvements littéraires majeurs de l’histoire littéraire, la Pléiade peut être étudiée, des sonnets permettant d’appréhender l’éloge et le blâme le peuvent également. Inversement, le théâtre, objet d’étude en seconde doit également être abordé en première, non plus à partir du tragique et du comique, mais à partir d’autres registres, comme le pathétique, l’ironique ou le satirique, et d’autres genres que la tragédie et la comédie, comme la tragi-comédie, le drame, le théâtre moderne. La progression sur deux ans de l’enseignement des « scansions majeures » de l’histoire littéraire veut autoriser une certaine souplesse (dans la répartition annuelles des genres et des siècles étudiés).

Les textes officiels de 1987-1995 prévenaient les enseignants de la rupture entre le collège et le lycée par rapport aux méthodes de travail et aux exercices réalisés d’une part, aux manières d’appréhender la littérature à partir de l’histoire littéraire et des procédés d’écriture d’autre part. Tenant compte de l’évolution des programmes de français pour le collège 789 , les textes de 1999 sont plus nuancés. Ils évoquent un approfondissement de l’approche de la littérature et une perspective plus analytique et réflexive. Ils préconisent aussi une continuité terminologique avec l’enseignement collégien en substituant par exemple l’expression « lecture analytique de textes courts » à celle de « lecture méthodique » et en recommandant des lectures cursives, en plus des lectures analytiques de textes courts et de textes longs.

Cet enseignement se situe cependant dans le prolongement des textes officiels de 1987 revus en 1995. Il remet au goût du jour l’histoire littéraire sans revenir sur une appréhension des textes littéraires par des entrées thématiques, ni sur la distinction entre la lecture analytique et les définitions antérieures des explications de texte, ni sur l’importance progressivement accordée à l’étude et à la lecture d’œuvres intégrales. Comme en 1995, il est conseillé d’initier les élèves à la littérature étrangère (francophone et européenne), territoire à part entière de la littérature, même si une place centrale doit être réservée à l’étude de la littérature française.

En ce sens les Documents officiels en vigueur au moment de l’enquête mettent au centre de l’enseignement des façons de lire la littérature et des savoirs variés sur lesquels elles s’appuient. Ces savoirs – comme l’histoire littéraire ou les genres et registres – sont à mobiliser à point nommé pour éclairer les textes plus qu’ils ne valent pour eux-mêmes. De plus, le commentaire vise moins à souligner et à expliciter la connivence entre auteur et lecteur ou l’émotion ressentie, qu’à décrire et à analyser les procédés stylistiques suscitant potentiellement une émotion chez un lecteur-étalon. Les Documents officiels préconisent par là un enseignement différent de celui recommandé entre les années 1920 et 1960-70 et élaboré dans les années 1900 qui mettait au premier plan la connaissance de l’histoire littéraire et voulait allier rigueur méthodique, goût littéraire et formation morale.

Notes
787.

La Pléiade, le classicisme, le romantisme, le réalisme et le naturalisme, l’art pour l’art, la littérature engagée sont proposés comme les mouvements littéraires majeurs structurant l’histoire littéraire française. Par l’étude des « scansions majeures » de l’histoire littéraire à partir de mouvements littéraires, les textes officiels préconisent l’enseignement d’une histoire littéraire présentée comme soulevant des enjeux spécifiques et comme produit d’une construction et non comme un donné, allant de soi.

788.

En classe de Première sont obligatoires pour toutes les séries quatre objets d’étude communs : 1/ un mouvement littéraire et culturel français et européens du XVI au XVIIIe siècle (humanisme, baroque, Lumières, symbolisme, surréalisme) ; 2/ la poésie ; 3/ convaincre, persuader et délibérer : l’essai et le dialogue ; 4/ le biographique. Quatre autres objets d’étude préconisés varient selon les séries : 1/ l’épistolaire (obligatoire pour les séries L, ES et S et facultatif pour les séries technologiques) ; 2/ l’apologue comme forme d’argumentation (obligatoire pour les séries L, ES et S) ; 3/ les réécritures (obligatoire pour les séries L et technologiques et facultatif pour les séries ES et S) ; 4/ écrire, publier, lire au passé – analyse des productions et des réceptions des œuvres à un moment significatif de l’histoire culturelle – (obligatoire pour la série L et facultatif pour les séries ES et S), cf. Ministère de l’Education nationale, BO n° 7, août 2000, programme pour l’enseignement du français en première.

789.

Cf. supra, chapitre 4.