1) Le maintien d’habitudes différentes des habitudes lectorales lycéennes

a. l’absence de lectures semblables aux lectures lycéennes

La non lecture extra-scolaire de textes potentiellement étudiés au sein des cours de français, comme par exemple les œuvres de littérature classique, constitue une première forme de variation des habitudes lectorales selon les contextes. Elle concerne des enquêtés aux profils lectoraux différents : des faibles ou non lecteurs de littérature classique ou jeunesse ; des enquêtés lisant de la littérature classique ou jeunesse sur sollicitations scolaires et n’appréhendant pas d’autres catégories de textes de façon analytique. Comme le constatent C. Baudelot, M. Cartier et C. Détrez : « Les élèves déclarant lire autant la deuxième année que la première comprennent en fait une grande majorité d’adolescents qui lisent peu ou pas du tout » 1252 de livres en dehors des cours de français.

L’absence de sollicitations ou d’encadrement extra-scolaires de lectures proches des lectures scolaires mais aussi la faiblesse des habitudes lectorales antérieurement constituées favorisent l’absence de telles lectures. Ainsi Farid, Yannick ou Radia qui éprouvaient des difficultés à réaliser les lectures obligatoires, faiblement encadrées lorsqu’ils étaient au collège n’ont pas lu de littérature classique en dehors des cours de français l’année de l’enquête.

D’autres, tels Philippe, Emmanuel ou Najia, ont constitué au collège des habitudes lectorales de littérature jeunesse sous condition d’encadrement scolaire, mais ne se sont pas entraînés à lire des œuvres de cette catégorie en dehors de cet encadrement. Ils ont lu beaucoup, avec plaisir et en étant reconnus scolairement lorsqu’ils étaient au collège mais ne prolongeaient pas hors école le contexte scolaire en réalisant des lectures similaires, non obligatoires. Ils ne le font pas plus depuis qu’ils sont au lycée.

A la faiblesse des habitudes lectorales constituées (par manque d’entraînement) ou à leur dépendance à l’égard des encadrements contextuels, s’ajoutent parfois la moindre fréquentation et la moindre familiarité des lieux de distribution. Celles-ci empêchent d’y trouver, d’y emprunter, d’y acheter ou d’y lire des imprimés permettant de passer outre l’absence de certaines catégories de textes dans les bibliothèques familiales.

Mais la variation des habitudes lectorales selon les contextes passe aussi, et surtout, par une appréhension pragmatique d’autres catégories de textes que celles étudiées en classe. Il s’agit donc d’étudier plus précisément les conditions de possibilité de mise en œuvre de ces autres habitudes lectorales.

Notes
1252.

C. Baudelot, M. Cartier, C. Détrez, Et pourtant ils lisent..., op. cit., p. 88.