Toute recherche est en devenir. Elle évolue au gré des lectures, des rencontres, des observations, des difficultés… Elle est constituée d’avancées, de retours en arrière, de pistes de réponses, de questionnements sans cesse renouvelés… Ce parcours sinueux détermine les orientations prises par un chercheur. Ainsi, nous avons choisi, en guise d’avant propos, de retracer la genèse de notre sujet de recherche, de remonter aux interrogations premières dont il est issu.
C’est une observation des propos tenus au quotidien, dans des journaux, dans des œuvres littéraires, cinématographiques… à l’égard des objets techniques contemporains qui est à l’origine de ce travail. Constater la récurrence de productions discursives humanisant les machines ou exprimant une angoisse face à leur développement 1 nous a amenée à souhaiter nous interroger sur « ce qu’on dit de la technique ». Nous étions interrogative non pas face aux objets techniques mais face aux discours, aux images, aux représentations qui les entourent. L’objectif premier qui a orienté cette recherche visait à une meilleure compréhension « des dires » sur la technique. Il ne s’agissait pas d’interroger la conception ou l’appropriation de ces objets ; il s’agissait de questionner le discours tenu à leur égard.
Au cours d’une première phase de réflexion, deux lectures ont été primordiales : celle du Bluff technologique de J. Ellul mais surtout celle Du mode d’existence des objets techniques de G. Simondon. Ces écrits – qu’au premier abord tout oppose – ont eu en commun, pour nous, de mettre au jour un point essentiel : les productions discursives à l’égard des objets techniques (celles qui nous interrogeaient) renvoient à des questionnements relatifs aux représentations, aux images des objets techniques, en somme, à ce qu’on imagine de la technique. Questionner l’imaginaire des objets techniques devenait donc l’enjeu fondamental.
A l’issue de cette première phase, une vaste thématique à explorer (l’imaginaire des objets techniques) se dessinait mais celle-ci soulevait quatre nouvelles questions. Comment l’interroger ? Comment l’appréhender ? Comment se matérialise-t-il ? Et pour/à travers quels objets techniques l’observer ?
Une deuxième phase d’exploration bibliographique visant à répondre à ces questions nous a permis de circonscrire plus précisément notre travail. De manière très synthétique, contentons-nous pour l’instant d’expliquer que trois constats ont été déterminants :
A partir de ces postulats, notre sujet de recherche commençait à entrevoir sa première délimitation… Nous pouvions l’énoncer : notre travail porte sur les relations entre les imaginaires des objets techniques contemporains (exprimés dans les discours d’accompagnement) et leur insertion sociale.
Voir en annexe l’extrait du Traité du zen et de l’entretien des motocyclettes de Robert M. Pirsig (1989).
Références principales : Critique de la communication et Technique et idéologie de L. Sfez. Ce postulat nous a permis de délimitter plus précisement une catégorie d’objets techniques.
Références principales : L’imaginaire d’Internet de P. Flichy et Les sens de la technique de V. Scardigli. Ce postulat nous a permis de déterminer une modalité de matérialisation des imaginaires techniques.
Références principales : Pratiques de communication et changement social de J. Jouët et « L’intégration sociale des technologies d’information et de communication : une sociologie des usages » de P. Mallein et Y. Toussaint. Ce postulat nous a permis de problématiser notre sujet de recherche.