Quelles sont les caractéristiques des objets techniques contemporains ? Qu’est-ce qui les différencie des autres outils de notre quotidien ? Ce sont les questions que nous souhaitons aborder.
M. Mauss ou A. Moles ont tous deux proposé des classifications d’objets techniques reposant sur des distinctions d’usage. Leur méthode de classement leur permet ainsi de hiérarchiser les outils en vue d’une comparaison ethnique ou sociale. Au-delà des critiques adressées par A. Leroi-Gourhan à ces classifications, la distinction par les usages ne nous semble pas opérationnelle dans notre perspective. En effet, l’attribution de la valeur de modernité ne repose pas sur la nature même de l’usage d’un objet technique. Si certaines sphères d’activité, comme la culture, semblent plus valorisées et valorisantes que d’autres dans nos sociétés, la finalité principale d’un appareil (téléphoner, indiquer l’heure, etc.) n’est pas, à notre avis, la cause de la contemporanéité de l’objet. De surcroît, l’association sphère d’activité/contemporanéité semble dépendante du contexte socio-historique 35 . Le paradigme de l’usage ne permet donc pas de distinguer les objets techniques contemporains des autres objets techniques.
Par exemple, dans son domicile, être équipé d’une machine à laver a constitué en France une forme de contemporanéité dans les années 1950-60. La valorisation s’est ensuite déplacée vers l’automatisation des procédures (lavage, rinçage, essorage…), puis vers des caractères secondaires (programmation, économie d’énergie…).