Les stratégies marketing et publicitaires adoptées varient évidemment en fonction de la nature du produit à promouvoir. A partir des classifications marketing, le téléphone mobile peut s’apparenter aux innovations techniques, aux produits à la mode ou à rapide évolution technologique comme ceux de l’informatique 507 . Ainsi, son cycle de vie a comme particularité d’être ramassé. En d’autres termes, la vie de ce produit passe par les différentes phases théoriques (lancement, développement, maturité, puis déclin) mais celles-ci ont une durée plus brève 508 que pour d’autres produits. Cette particularité peut vraisemblablement favoriser le recours à l’adjonction d’innovations technico-commerciales et le jeu discursif sur l’obsolescence (présentation récurrente d’un modèle sous l’angle de la nouveauté).
En outre, en s’appuyant sur la modélisation de la diffusion d’E. Rogers et sur la théorie du gouffre de G. Moore, les spécialistes du marketing des « NTIC » 509 conseillent de s’adresser dans un premier temps aux innovateurs et adopteurs précoces pour ensuite élargir leur cible. Nous pouvons donc considérer qu’en nous donnant 1996 comme point de départ, nous nous trouvons à un des moments-clés de la stratégie marketing des constructeurs. Rappelons que selon l’ART, le taux de pénétration du mobile en France passe de 9.98% en 1997 à 19,2% en 1998. Nous prenons donc en considération l’évolution de la stratégie publicitaire des offreurs et leur volonté de s’adapter aux attentes et satisfactions d’un large marché. De surcroît, d’après la classification proposée par B. Brochand et J. Lendrevie, nous abordons successivement des stratégies publicitaires de développement extensives, où les publicités cherchent à acquérir de nouveaux consommateurs, et des stratégies publicitaires concurrentielles et de fidélisation, où les publicités jouent sur le positionnement, le rappel de la marque, etc. 510
En outre, à l’aide des données TNS Media Intelligence, nous pouvons en savoir plus sur l’évolution des budgets publicitaires du secteur de la téléphonie mobile. En effet, entre 2000 et 2006, les dépenses publicitaires de ce secteur ont évolué à la fois en termes de budgets et de supports privilégiés :
2000 | 2001 | 2002 | 2003 | 2004 | |
Magazines | 36 392 | 21 542 | 17 610 | 24 285 | 17 544 |
Radio | 103 407 | 121 312 | 143 856 | 117 048 | 110 179 |
Télévision | 102 768 | 91 464 | 114 548 | 102 031 | 84 770 |
Affichage | 50 121 | 47 116 | 43 427 | 43 115 | 71 666 |
Cinéma | 5 490 | 7 975 | 9 453 | 4 985 | |
Internet | 11 182 | 21 391 | 31 302 | ||
Total en K€ (arrondi au K supérieur) | 298 117 | 281 435 | 335 598 | 317 323 | 320 446 |
A partir de ces données, nous pouvons faire plusieurs constats. Nous relevons dans l’ensemble un accroissement des dépenses publicitaires avec des baisses en 2001 et en 2003. Les investissements pour la publicité sur Internet sont croissants. Le recours aux autres médias semble plus fluctuant et varie d’une année à l’autre, mais est généralement compensé par l’utilisation d’un autre support. Par exemple, en 2002, une baisse des investissements publicitaires (magazine et affichage) est constatable, contre une hausse pour la radio et la télévision.
Toutefois, ces données concernent l’ensemble des acteurs du secteur de la téléphonie mobile. Or les dépenses publicitaires des opérateurs sont considérables. Voyons donc de plus près les investissements publicitaires émanant exclusivement des constructeurs de mobiles.
2002 | 2003 | 2004 | 2005 | 2006 | |
Presse | 19 556 | 17 768 | 17 173 | 11 672 | 16 943 |
Radio | 5 953 | 5 780 | 5 540 | 5 260 | 8 347 |
Télévision | 28 890 | 23 766 | 28 000 | 35 997 | 26 345 |
Média Tactique | 474 | 224 | 251 | ||
Internet | 2 547 | 1 378 | 850 | 8 132 | 27 234 |
Publicité extérieure | 33 550 | 29 223 | 23 087 | 22 168 | 22 039 |
Cinéma | 3 062 | 4 064 | 667 | 1 723 | 534 |
Total médias en K€ (arrondi au K supérieur) | 93 559 | 81 981 | 75 791 | 85 174 | 101 692 |
Les dépenses des équipementiers constituent moins d’un tiers des investissements de l’ensemble du secteur. Cependant, les constructeurs ont aussi accru leurs dépenses sur Internet. Une baisse globale des investissements est constatable au cours de l’année 2003. Relevons une désaffection pour le « support cinéma ». Concernant les spots télévisés, 2005 constitue une année de dépenses importantes.
Voir le point concernant les évolutions du fonctionnement des mobiles.
J. Lendrevie, J. Lévy,D. Lindon., op. cit., p. 280.
Voir Yann Gourvennec, « Le marketing des NTIC », [on line] http://visionarymarketing.com/fwelcom.html
Voir B. Brochand, J. Lendrevie, « Les objectifs publicitaires », op. cit., pp. 62-84.