Notre étude nous a aussi permis de relever une omission concernant la représentation du contenu des conversations téléphoniques hors SMS et MMS. Les entretiens verbaux téléphoniques ne sont pas audibles. Leur mise en scène est généralement silencieuse. Elle peut s’aventurer à la perception sonore d’un « hello », « hi », « allo » ou « allo ma chérie ».Toutefois l’intégralité de la conversation téléphonique reste cloisonnée auditivement.
La mimogestualité des personnages permet en revanche d’inférer sur la teneur de la conversation. Montrer un large sourire lorsque l’utilisateur décroche, est un indice de sa joie ou de sa satisfaction.
Illustrons cette modalité de représentation (absence de mise en son des conversations téléphoniques et mimogestualité) à l’aide de quelques exemples. Dans un des spots pour le Motorola StarTac, le spectateur voit une jeune femme s’entretenir au téléphone mais n’entend pas le contenu de sa conversation téléphonique. Le cadrage la montre pourtant en gros plan.
Concernant la monstration d’émotions et les rares paroles diégétiques audibles, le spot du Motorola Razr V3 est un exemple représentatif. Le spectateur voit une jeune femme décrocher son téléphone et entend un « hi » émanant de son interlocuteur (voix masculine). La caméra reste sur la jeune femme qui ferme les yeux et esquisse un large sourire.
Cette fois encore nous pouvons relier cette modalité de représentation (absence de mise en son des conversations téléphoniques) aux contraintes d’énonciation des spots publicitaires. Notre corpus de publicité est composé de films internationaux. Ils sont souvent quasiment identiques 643 , pour la diffusion dans plusieurs pays 644 . De fait, nous pouvons supposer qu’afin de réduire les coûts des traductions, les annonceurs préfèrent minimiser les paroles des personnages.
Cela dit, le fait de passer sous silence le discours des interlocuteurs lors d’une conversation téléphonique peut aussi être interprété comme un moyen de suggérer, de laisser au spectateur le soin de l’imaginer. Nous pouvons, en effet, rapprocher cette absence de l’ellipse « pudique » des scènes amoureuses. Mais, surtout, ce choix donne une image mystérieuse à la conversation téléphonique. Elle valorise en ne « montrant » pas. En revanche, les contenus des MMS ou des SMS sont, quant à eux, lisibles et visibles dans la plupart des spots de notre corpus. Ainsi, et de manière quelque peu paradoxale, au vu du produit promu (téléphone), ce mystère ou cette pudeur se réalise sur la quasi absence de mise en son de la parole des utilisateurs représentés.
Pour M. Chion, nous sommes en présence d’un cloisonnement auditif lorsque le spectateur n’entend pas ce que les personnages entendent.
Ils ne sont pas totalement identiques puisque le pack-shot varie.
Les spots sont élaborés pour des regroupements de pays (EU, Angleterre, France…). Ils restent en revanche très différents dans les pays asiatiques.