Devant les pressions exercées par les fabricants de soieries dans les années 1820, les chefs d’atelier lyonnais tentent de faire bloc, de présenter un front uni et solidaire pour résister à la baisse du tarif des façons.
Le mutuellisme lyonnais apparaît rapidement comme une force de résistance et de pression pour obtenir « des garanties au salaire et inspirer aux ouvriers la défiance et la haine contre le commerce qui n’avait qu’un but, celui d’arriver au pouvoir pour en abuser à son profit ». D’ailleurs, ses concepteurs le décrivent comme une « franc-maçonnerie ouvrière » 783 . Pourtant, en 1828, le mutuellisme lyonnais reste encore assez confidentiel. Il se développe surtout après 1830. En octobre 1831, alors que la cité est en effervescence, des chefs d’atelier particulièrement décidés et remontés, fondent l’Association générale et mutuelle des chefs d’atelier de la ville de Lyon et des faubourgs. Les adhérents s’engagent notamment à boycotter les maisons de soieries qui n’acceptent pas le tarif négocié. Selon Rude, quasiment tous les chefs d’atelier rejoignent l’Association 784 . La presse conservatrice s’émeut rapidement du risque de coalition : on parle en 1833, de plus de mille adhérents (plus du double à la fin de l’année), soit un groupe de pression non négligeable, prompt à réagir et à peser. En juillet de la même année, c’est au tour des ouvriers en soie de se rassembler dans une nouvelle organisation 785 . L’Echo de la Fabrique devient l’organe de presse des chefs d’atelier. Le mouvement mutuelliste des chefs d’atelier est accueilli avec suspicion et peur chez certains fabricants de soieries 786 .
Dans les années 1840 et dans les décennies suivantes, le mouvement associatif des canuts lyonnais connaît une nouvelle vigueur, surtout dans le quartier de la Croix-Rousse, le fief des ombrageux chefs d’atelier 787 .
RUDE (F.), 2001, p. 15.
RUDE (F.), 2001, pp. 32-33.
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Echo-fabrique.ens-Ish.fr., L’Echo de la Fabrique, n°46, du 17 novembre 1833.
SHERIDAN (G. J.), 1988 et 1991, pp. 17-38.