1-Le rejet de l’Ancien Régime.

Le tissage à domicile des soieries se répand au milieu du XIXe siècle surtout dans les contrées où domine la grande propriété aristocratique. Le tissage de soieries à domicile se répand peu dans l’ouest du Bas-Dauphiné où on dénombre le plus de châteaux pillés et incendiés pendant la Grande Peur de l’été 1789. Pourtant, la partie orientale a, elle aussi, connu ce phénomène révolutionnaire, mais la moindre proportion de pillages ne s’explique pas forcément par l’attitude plus soumise des paysans. La concentration de la propriété entre les mains de la noblesse y est sans doute plus forte. La présence d’importants marais entre Bourgoin , Châbons , Saint-Albin-de-Vaulserre et Brangues explique cette concentration des meilleures terres entre les mains de quelques grands propriétaires nobles, peu nombreux, dont certains résident la plupart du temps à Grenoble. Dans la première moitié du XIXe siècle, la grande propriété aristocratique se retrouve surtout dans la partie du Bas-Dauphiné située à l’est de Bourgoin. L’extinction de certaines familles aboutit à la transmission de leurs biens fonciers à quelques lignages qui concentrent entre leurs mains de grands domaines étendus sur plusieurs communes. Cela correspond aussi partiellement au territoire de nébuleuse voironnaise qui est donc moins touché par la Grande Peur, peut-être aussi parce que la population a déjà commencé à prendre ses distances avec les seigneurs locaux, grâce à la fabrication des toiles de chanvre pour les négociants voironnais. Autour de Corbelin , où la propriété aristocratique est plus faible, le tissage à domicile maintient la cohésion de la communauté et permet le retour au pays de certains migrants. Les revenus qu’il procure, remplacent le patronage et les secours nobiliaires.

Carte 10–Noblesse et tissage en Bas-Dauphiné.
Carte 10–Noblesse et tissage en Bas-Dauphiné.

Cette carte n’est pas exhaustive. L’arrondissement de La Tour-du-Pin a été privilégié. La présence nobiliaire indique l’existence d’un château occupé par une famille noble sous la Monarchie de Juillet. Cet indicateur ne tient pas compte de la propriété foncière aristocratique, très importante dans l’arrondissement.