La reconstitution des fortunes nobiliaires.

Hormis l’incontournable Perier Milord, la noblesse concentre les plus grosses fortunes de la province à la fin de l’Ancien Régime. Avec 32.000 livres de revenu, Claude Berger de Moydieu et sa famille, installés autour de La Verpillière, sont parmi les parlementaires les plus riches de la province. Le président de Barral et le conseiller de Meffray de Césarges perçoivent plus de 10.000 livres par an de revenus. Ce dernier aurait laissé à ses héritiers une fortune brute évaluée à 959.662 francs, tandis que celle de la veuve du conseiller Pourroy de Quinsonnas serait estimée, selon la même source à 1.069.645 francs et Jean-Baptiste de Baronnat 954.000 livres. Un Gratet du Bouchage avait une fortune équivalente, 984.432 francs. Laurent de Garnier, autre parlementaire richement possessionné en Bas-Dauphiné, et son confrère Gabriel Bovier de Vourey, doivent avoir près de 1.300.000 livres de biens chacun. Seul François Gallien de Châbons semble se détacher des ses confrères parlementaires avec 3.543.335 francs en l’an III (en 1792, l’estimation est de 1.200.000 livres) 1172 . Cependant, ces estimations sont sujettes à caution, car elles ont été réalisées sous la Révolution, en période de forte inflation. Les petits hobereaux de campagnes ont probablement des fortunes plus faibles. La Révolution a été pour ses riches parlementaires une période de calamités. Spoliations et confiscations ont anéanti partiellement ou totalement leurs patrimoines.

En l’an XI, on retrouve une centaine de nobles parmi les six cents plus imposés de l’Isère. Au sommet de cette hiérarchie, deux d’entre eux ont un revenu supérieur à trente mille francs (comme d’ailleurs deux négociants et un notaire) 1173 .

Pourtant, au XIXe siècle, la noblesse du Bas-Dauphiné conserve quelques beaux restes. Charles-Antoine Auberjon de Murinais 1174 apparaît, à sa mort, en 1872, comme l’un des hommes les plus riches du département, avec une fortune supérieure à 2.700.000 francs. Le marquis Charles-Antoine de Murinais a bénéficié tout au long de sa vie de la générosité et de la cohésion de son lignage. En 1831, au décès de son père, il prend le titre de marquis de Murinais et fait par la même occasion son premier héritage important. Puis, trois ans plus tard, son cousin et mentor, le comte Victor de Murinais, mort sans postérité en Seine-et-Oise, lui lègue ses biens. La tante de Charles-Antoine de Murinais, Pernette-Claudine de Laforest-Divonne, décède à son tour sans postérité au printemps 1847 en lui léguant, à lui et à ses sœurs, ses propriétés de Sainte-Blandine et de Montagnieu, dont le château de Marlieu. Ses biens lui étaient revenus au décès de son époux vers 1815, le marquis Antoine-Louis-Victor de Murinais 1175 . Héritier lui-même d’une vieille famille de la noblesse dauphinoise, Charles-Antoine de Murinais se trouve être par sa mère, Rosalie-Louise de Loras, et sa première épouse, Henriette-Pétronille de Loras, le descendant d’une autre famille de nobles des Terres Froides 1176 . Celle-ci, la dernière de sa lignée, décède pendant l’été 1850 en léguant à son mari pour 247.000 francs de terres à Montceau, Saint-Chef et Saint-Savin , et 84.000 francs autour du Grand-Lemps provenant de la succession de sa mère, Balthazarde-Françoise Rigaud de Sérézin , elle-même fille unique de Jean-François Rigaud de Sérézin, un riche propriétaire du Bas-Dauphiné. Les vastes domaines des Rigaud de Sérézin, situés autour du château de Saint-Quentin 1177 , près de La Verpillière, évalués à plus de 350.000 francs, sont rapidement vendus par le couple Auberjon de Murinais. Par la même occasion, il fait main basse sur un médailler composé de trois mille cinq cent quatre-vingt-douze pièces, dont près du quart sont en or.

La mère de Charles de Murinais , Rosalie-Louise de Loras, a la bonne idée en mourant en 1857 de laisser pour 318.000 francs de biens fonciers à Saint-Marcel autour du château ancestral de Montplaisant, dans le canton de Bourgoin , pour 72.000 francs de biens immobiliers à Saint-Appolinard, près de Murinais, et pour 518.000 francs de terres dans le canton voisin de Crémieu, dans les communes de Saint-Hilaire-de-Brens, Panossas, Vénérieu… (soit dix domaines pour le seul bureau de Crémieu), auxquels il faut ajouter près de cinquante-sept hectares de bois, à ses trois enfants, dont Charles-Antoine de Murinais. Grâce à une savante logique d’alliances matrimoniales, Murinais concentre les patrimoines de plusieurs dynasties nobiliaires en voie d’extinction. Mais, lui-même meurt sans postérité de ses unions successives avec Henriette-Pétronille de Loras et Adèle du Parc de Locmaria. Il lègue ses biens à sa sœur, Françoise-Laurence (Francine) de Murinais, elle-même célibataire et propriétaire du château de Saint-Marcel et de près de deux cent quatre-vingt-dix hectares de terres, de marais et de bois autour, provenant de la succession de sa mère et de son grand-père maternel, les de Loras, soit un patrimoine foncier évalué à 359.192 francs 1178 .

La stratégie est la même chez les Pourroy de Quinsonnas , déjà solidement implantés dans le canton de Morestel . Catherine-Claudine de Chaponay, la dernière représentante d’une des branches de cette vieille dynastie, épouse le marquis de Quinsonnas. À son décès en février 1826, elle laisse à ses enfants, dont Emmanuel-Victor de Pourroy de Quinsonnas, pour 184.000 francs de terres à Crémieu, Leyrieu et Sainte-Baudille 1179 .

D’après le tableau suivant, une vingtaine seulement de nobles, payant tous plus de deux mille francs d’impôt (dont une poignée plus de cinq mille francs), soit une fortune supérieure à 400.000 francs, sont en mesure de vivre noblement, avec de la domesticité, des chevaux racés, une double résidence… Les autres, avec des fortunes obérées, parfois grevées de dettes, doivent vivre plus chichement ou se résoudre à liquider leurs biens. À moins de huit cents francs d’impôt payé, un noble doit souvent se contenter d’une « aisance bourgeoise » 1180 .

Tableau 15-La survivance des fortunes nobiliaires dauphinoises .
Nom Bureau d’enregistrement Date de décès Fortune mobilière
(francs)
Fortune immob.
(francs) 1182
Charles-Antoine Auberjon de Murinais St-Marcellin/Virieu/La Tour-du-Pin 1872 1.367.459 1.466.760
Louis-Achille Meffrayde Césarges Rives/ La Verpillière 1866 28.557 1.212.400
Rosalie-Louise de Loras, veuve du marquis de Murinais Bourgoin/ Crémieu/Saint-Marcellin 1857 58.180 909.360
Jean-François de Rigaud de Sérézin Bourgoin/ La Verpillière/Gd- Lemps 1840 17.847 658.500
Henri-Gabriel-Aymon de Virieu Grand-Lemps/ Virieu 1841 30.552 616.000
Marie-Julie de Chaponay-Dizimieu, ép. du vte de Monteynard Crémieu 1851 15.012 484.600
Louis-Joseph-Augustin de Menon Bourgoin 1843 147.557 480.000
Charles-Marie-Louis Arthur du Vivier 1183 La Tour du Pin/Bourgoin 1846 336.379 469.800
Marguerite Corbeau de Vaulserre,ép. du Colombier La Tour-du-Pin 1858 15.000 456.920
Alexis-François de Gauteron Tullins 1821 40.126 441.100
Baron Jérôme Quiot (noblesse impériale) Virieu 1849 24.357 400.300
Félix Bovier de Saint-Julien de Vourey Rives 1832 2.490 400.000
Madeleine-Jeanne de Langon, Veuve d’Alexis de Gauteron Virieu 1828 11.546 374.800
François-Marie Corbel de Corbeau de Vaulserre Pont-de-Beauvoisin 1849 170.983 365.340
Louis-Léonard Bathéon de Vertrieu Crémieu 1825 4.566 356.400
Paul Galliende Châbons La Tour-du-Pin/ Virieu 1849 0 356.000
Emmanuel-Victor Pourroy de Quinsonnas Crémieu/Morestel 1852 15.493 334.720
Charlotte Planellide Lavalette, ép. Gabriel du Bouchage Virieu 1868 877 315.500
Joseph-Henri-Eugène Rivoire de la Batie Bourgoin 1879 7.011 296.536
Marie-Françoise-Pauline Guillet de Moidière, ép. de Murat La Verpillière 1871 6.710 293.820
Alphonse Euvrard de Courtenay Crémieu 1863 8.954 287.820
Joseph de Neyrieu Bourgoin/ La Verpillière 1845 84.241 273.680
Antoine-Léonard de Vallin La Tour-du-Pin 1858 4.778 247.700
Henri-Antoine de Corcelles Virieu 1852 12.450 236.500
Marquise de Drée, née Gratet de Dolomieu La Tour-du-Pin 1850 121.738 232.467
Alexandre de Mortillet Rives 1834 13.000 230.000
Jean-Jacques Galliende Châbons La Tour du Pin/Virieu 1832 6.755 227.260
Jeanne-Joséphine de Monthoux, épouse Flocard de Mépieu Morestel 1832 29.690 222.245
Scipion de Drujon Morestel 1853 231.288 209.220
Achille-Adrien de Michallon La Verpillière 1862 8.142 203.060
Adolphe Flocard de Mépieu Morestel 1869 169.906 196.860
Luc-André-Michel Barge de Certeau Morestel 1824 185.405 190.880
Pierre-Louis-Emilien Pascalis de Longpra Saint-Geoire 1844 10.000 190.000
Louis-Scipion de Michallon La Verpillière 1858 114.909 182.220
Pierre-Ignace Garampel de Bressieux Tullins 1834 11.057 155.460
Alexis-Henri-Lucretius de Vallier de By Voiron 1862 6.900 140.000
Pamphile-Antoine Donin de Rosière Bourgoin 1844 3.465 120.020
Laurent-Marie de Loras Crémieu 1851 0 97.200

Source : ADI, Série 3Q, Tables des mutations et décès.

Comme l’a montré Sylvain Turc, la noblesse iséroise continue sous la Restauration et la Monarchie de Juillet à dominer la hiérarchie sociale dans le département. Rares sont les négociants qui peuvent rivaliser avec eux en terme de fortune 1184 . Souvent, les fortunes foncières de la noblesse reposent sur la possession d’un château, ce qui peut expliquer les évaluations parfois élevées de certaines successions 1185 . D’ailleurs, en 1842, parmi les individus payant au moins mille francs d’impôt, près de 40% ont des origines nobles 1186 . Dans les campagnes du Bas-Dauphiné, nobles et notables se confondent encore pour quelques années. Par leurs richesses, leurs revenus fonciers, leur mode de vie, leurs demeures, leur éducation, leur patronage, ils conservent leur position parmi les élites, même si ils n’en ont plus l’exclusivité 1187 .

Quelques nobles parviennent à redresser leur situation grâce à la loi du 27 avril 1825, dite du « Milliard des émigrés », qui indemnise partiellement les individus spoliés par la Révolution sous la forme d’une rente à 3%. Tous les individus spoliés en Isère ne perçoivent pas d’indemnité. Cependant, par le montant des indemnités versées, le département se place parmi les mieux classés. Avec cent trente-deux propriétaires indemnisés, le département se classe en septième position au niveau national pour le montant total versé, vingt-quatre millions de francs. En moyenne, les heureux bénéficiaires touchent environ 187.000 francs bruts en Isère, soit la plus forte indemnité du pays, après le département du Rhône, contre seulement 86.000 francs en Franche-Comté ou 70.000 francs en Touraine 1188 . Le versement de telles sommes n’a pu que susciter un certain ressentiment dans la population, voire une profonde injustice, car l’ancien Second ordre du royaume en est le premier bénéficiaire. Une minorité de nobles accapare les indemnités, suscitant probablement des rancœurs parmi les habitants. Les chiffres ne sont probablement pas connus de la populace, déclenchant rumeurs et fantasmes à leur sujet. Les héritiers de Gabrielle de Musy et du Président Sayve d’Ornacieux touchent respectivement 1.459.380 et 1.060.682 francs, contre 678.494 francs pour ceux du Président de Vaulx, 491.106 francs pour Jean-Baptiste de Baronnat, 415.639 francs pour Félix Bovier de Saint-Julien, 333.571 francs pour Jean-Jacques Gallien de Châbons . Les autres nobles indemnisés pour des biens en Bas-Dauphiné perçoivent moins de 130.000 francs 1189 .

Tableau 16-Principales indemnités versées par la loi dite du « Milliard des émigrés » en Bas-Dauphiné.
Personnes indemnisées ou ayant droit Montant net du capital
(en francs)
Anciens domaines en Bas-Dauphiné
(communes)
Jean-Baptiste de Baronnat 520.974 Poliénas, Tullins, Moirans
Anne-Françoise de Chaponay-Feyzin 216.289 ?
Louis de Bovet 136.808 Entre-deux-Guiers, Saint-Christophe
Félix Bovier de Saint-Julien de Vourey 415.639 Vourey, Rives, Renage
Abel-Etienne-Florimond Colomb de Battines 444.652 Culin, Tramolé, Ornacieux
Jean-Jacques Galliende Châbons 333.571 Chélieu, Le Passage, Saint-Clair
Hugues Gaultier de Pusignan 145.639 Pusignan
François-Louis Guillet de Leyssin 93.380 Chamagnieu, Villefontaine, Saint-Quentin
Charles-Louis de Leyssin (Aoste) 194.288 Pont-de-Beauvoisin, Aoste
Louis-Claude de Loras 199.405 Panossas, Frontonas
Guignard de Saint-Priest 999.343 L’Albenc, Saint-Laurent, Ruy, Beaucroissant
Joseph-Marie de Mercy 219.571 Ruy, Jallieu
Comte de Menon de Ville 345.461 Roybon, Varacieux
Joachim de Pina de Saint-Didier 116.620 Saint-Marcellin
Louis-Gabriel Planellide Lavalette, marquis de Maubec 24.562 Maubec,Bourgoin, Four, Saint-Alban
Pupil de Mions 939.936 Mions, Marenne
Marguerite-Gabrielle de Vallin 444.303 Panossas, Frontonas, La Balme
Jean-Baptiste Rage de Voissant 105.210 ?
Joseph de Talleyrand-Périgord 165.930 L’Isle d’Abeau
Louis-François de Vachon 645.108 La Murette, Réaumont
Gabrielle de Musy 1.014.728 La Tour-du-Pin, Cessieu, Saint-Clair…
Joseph-Marie de Vaulx 678.494 Vaux-Milieu, Roche, Chèzeneuve

Source : ADI, 1Q576 à 582, Dossiers individuels d’indemnisation.

Mais, tous les nobles dauphinois ne connaissent pas la même fortune. Les familles les mieux établies socialement en 1789, tirent leur épingle du jeu au XIXe siècle. C’est notamment le cas des familles de parlementaires, des grands seigneurs et riches propriétaires de l’Ancien Régime, soit une minorité. Claude Anglancier de Saint-Germain, influent membre du Parlement de Grenoble, dans les dernières années de l’Ancien Régime, laisse pour 86.267 francs seulement de biens dans son ancienne seigneurie de Frontonas, à son décès en 1827 1190 . Le marquis de Leyssin, dont la famille a donné plusieurs évêques à la province, affiche fièrement ses opinions légitimistes et contre-révolutionnaires dans les premières années de la Restauration, n’hésitant pas à parcourir à cheval avec ses sbires les campagnes du Bas-Dauphiné à la recherche de partisans de « l’usurpateur », semant parfois la terreur sur son chemin. Pourtant, derrière cette attitude revancharde, il a du mal à dissimuler sa déchéance financière et son déclassement social, alors que tant de ses congénères parviennent à rétablir leurs positions 1191 . En 1829, il affiche un modeste cens de 300,23 francs, contre vingt fois plus pour Louis-Achille de Meffray , 4.932 francs pour Gabriel Gratet du Bouchage ou 1.756 francs pour Gabriel de Virieu. En 1840, retiré dans son ancienne seigneurie d’Aoste, il décède à quatre-vingt-trois ans, en laissant à ses filles un maigre héritage, 3.354 francs de biens mobiliers et à peine 44.320 francs de biens immobiliers 1192 .

Quant à la famille Gallien de Châbons , elle tente également de sauver les apparences, mais une grande partie de sa fortune a disparu pendant la Révolution. Jean-Jacques Gallien de Châbons possédait en 1793 pour au moins 632.000 livres de biens immobiliers dans les villages de Chélieu et du Passage, où se trouve leur château. Son émigration entraîne la mise sous séquestre de ses biens et leur vente. Le château est attribué sous l’Empire au baron Quiot, l’un des officiers de Napoléon. Certes, avec le retour des Bourbons, Gallien de Châbons récupère une position sociale importante au niveau local, puisqu’il occupe le poste de maire du chef-lieu de l’arrondissement jusqu’à la chute de Charles X. En 1829, il paie tout de même 1.767 francs de cens. Mais, de sa gigantesque fortune, il ne reste que quelques maigres vestiges, à peine 233.000 francs à sa mort en 1832. Son père aurait laissé, d’après son partage, une fortune supérieure à trois millions de francs, chiffre sans doute exagéré par les héritiers. Son fils, Paul, tente de la reconstituer et multiplie les acquisitions, faisant passer le patrimoine foncier familial de 227.000 francs environ à 356.000 francs entre 1832 et 1849 1193 .

Notes
1172.

COULOMB (C.), 2006, pp. 138-141.

1173.

SOBOUL (A.), « La reprise économique et la stabilisation sociale, 1797-1815 », in BRAUDEL (F.) et LABROUSSE (E.), 1993b, p. 130.

1174.

Second enfant du chevalier Timoléon de Murinais (devenu marquis vers 1815) et de Rosalie-Louise de Loras, Charles-Antoine Auberjon de Murinais naît le 11 juin 1804 dans une famille légitimiste. Dès son plus jeune âge, ses parents l’inscrivent dans une école catholique à Gentilly, près de la capitale, puis à l’école de la rue Notre-Dame des Champs où il fréquente les héritiers des grandes familles de la noblesse française. Alors qu’il n’a que onze ans, son cousin le comte Victor de Murinais, alors officier auprès du roi, lui obtient une place de surnuméraire auprès des gardes du corps de Louis XVIII. Le jeune homme poursuit des études de droit avant de rejoindre le ministère des Affaires étrangères. À l’été 1828, il est promu attaché d’ambassade à Florence auprès de M. de Vitrolles. Cela lui donne l’occasion de visiter une partie de l’Italie (Rome et Naples surtout). Sitôt la nouvelle de la révolution parisienne de 1830 connue, il quitte son poste pour rejoindre le vieux roi à Rambouillet, mais il renonce après le départ définitif de Charles X. Après la mort de son père, il épouse pendant l’été 1832 sa cousine, Henriette-Pétronille de Loras. Victime d’une grave maladie ou d’un accident dans les mois qui suivent, il ne peut pas avoir d’héritier. Après le décès de son épouse en 1850, malade depuis très longtemps, il se remarie trois ans plus tard avec une autre cousine, Adèle du Parc de Locmaria. Tout au long de sa vie, il conserve sa fidélité au comte de Chambord, auquel il rend visite en 1860. Il préside un cercle à Lyon et participe aux nombreuses œuvres de charité de sa sœur aînée, Adèle. Après la saison des eaux à Aix-les-Bains en 1871, il décède quelques semaines plus tard sans postérité au début de l’année 1872.

1175.

ADI, 3Q32/491, Table des décès et successions.

1176.

Les Auberjon de Murinais sont coutumiers des alliances avec des cousins. Aglaé Auberjon de Murinais, la sœur de Charles-Antoine, épouse ainsi dans les années 1820 son cousin le baron Alexandre de Viry, tandis que Charles-Antoine se marie en seconde noces avec une parente, Adèle du Parc de Locmaria.

1177.

Acheté par le banquier lyonnais Louis Guérin en 1858.

1178.

ADI, 3Q4/926, Table des décès et successions, Décès de Balthazarde-Françoise Rigaud de Sérézin , décédée le 14 août 1849 et de Henriette-Pétronille de Loras le 27 juillet 1850, 3Q35/211, Mutation par décès de Balthazarde-Françoise Rigaud de Sérézin, 3Q29/802, Table des décès et successions, 3Q32/317, Mutation de Charles Auberjon de Murinais du 10 juillet 1872, 3Q40/350, Table des décès et successions, 3Q4/738, Mutation par décès du 21 avril 1876 de Françoise-Laurence-Louise Auberjon de Murinais, 3Q29/800, Table des décès et successions, 3Q7/426, Table des décès et successions et 3Q7/289, Mutation du 14 juillet 1857 pour le décès de Rosalie-Louise de Loras, 3Q10/334, Table des décès et successions pour Pétronille-Henriette de Loras.

1179.

ADI, 3Q7/423, Table des décès et successions, Décès de Catherine-Claudine de Chaponay, décédée le 2 février 1826.

1180.

BRELOT (C.-I.), 1992, vol. 1, pp. 434 et sq.

1181.

Nous n’avons repéré que les biens déclarés dans un bureau du Bas-Dauphiné. Les biens, notamment mobiliers, figurant dans un autre bureau comme Grenoble ou Lyon, n’ont pas été recensés. Ainsi, Laurent-Marie de Loras déclare sa résidence principale à Lyon. Voir les remarques de DAUMARD (A.), 1973, pp. 62-64 et BRELOT (C.-I.), 1992, vol. 1, pp. 411-414 à propos de l’intérêt et des limites de cette source (fraudes, donations entre vifs).

1182.

Les revenus indiqués dans les mutations par décès ont été multipliés par vingt pour aboutir à l’estimation en terme de capital.

1183.

Pour Arthur du Vivier, nous avons ajouté à ses biens propres, ceux de son épouse, Olympe Passeras des Sillans, décédée en février 1850, situés à Montceau, dans le bureau de Bourgoin en raison de leur importance (254.500 francs).

1184.

TURC (S.), 2005, vol. 2, p. 657. D’après DAUMARD (A.), 1983, la fortune est un critère possible et pertinent pour l’étude des hiérarchies sociales au XIXe siècle. Le choix de la propriété foncière relève de cette logique, non pas en terme de superficie, mais de revenus : grâce aux revenus de leurs terres, les grands propriétaires terriens peuvent mener un train de vie aisé voire fastueux..

1185.

Un Barral ou un Marcieu, également maîtres de forges, disposent en 1810 de fortune estimée, respectivement à un million et à 1,2 million de francs selon WORONOFF (D.), 1984, p. 116.

1186.

JACQUIER (B.), 1976, p. 85 et TUDESQ (A.-J.), 1973, pp. 199-214. En 1840, selon Tudesq, sur les 165 plus imposés du département de l’Isère, 65 sont nobles. D’après GIBSON (R.), 1981, on retrouve la même proportion dans plusieurs départements : dans le Loir-et-Cher, en 1848, et en Dordogne, en 1839-1840, les nobles représentent 40% des imposés à plus de mille francs, contre 29% dans l’Eure en 1847 et 34% dans le Rhône en 1829, mais 60% dans le Calvados en 1821 et 79% dans le Pas-de-Calais en 1843.

1187.

FIETTE (S.), 1997, pp. 125-128.

1188.

TURC (S.), 2005, vol. 2, pp. 753-763 : sur les 128 propriétaires indemnisés en Isère, environ un quart touche plus de 225.000 francs (contre 1/24e au niveau national), alors que l’indemnité moyenne au niveau national n’excède pas 46.000 francs. En Isère, seulement sept nobles touchent une somme inférieure à la moyenne nationale. Le montant total de l’indemnité versée en Isère s’élève à environ 22 millions de francs nets alors que celui des aliénations dépasse 28 millions de francs. D’après les décomptes opérés par S. Turc, 632 individus ont émigré sous la Révolution. Voir également FIETTE (S.), 1997, pp. 156-159.

1189.

TURC (S.), 2005, vol. 2, pp. 1052-1054 et CHAGNY (R.), 2001. Les petits-enfants de Gabrielle de Musy , marquise de Vallin , reçoivent des indemnités pour les biens de la région de La Tour-du-Pin , au nom de leur grand-mère défunte, mais aussi pour des biens dans la région de Crémieu, au nom de leur père, le marquis de la Poype, marié à Marguerite-Gabrielle de Vallin, fille unique de Gabrielle de Musy.

1190.

3Q7/423, Table des décès et successions, Décès de Claude Anglancier de Saint-Germain le 18 juillet 1827.

1191.

Voir sur ce sujet, CLARET (N.), 2005.

1192.

3Q18/500, Mutation par décès de Charles de Leyssins du 21 septembre 1840, décédé le 30 mars 1840 et Almanach de la Cour royale de Grenoble, année 1829, Grenoble, Baratier frères, sd, p. 35-36.

1193.

1Q451, Relevé des biens des émigrés dans le canton de Virieu, Biens de Jean-Jacques Gallien de Châbons le 19 mars 1793. Au total, sa fortune est alors évaluée par les autorités révolutionnaires à 823.688 livres. Almanach de la Cour royale de Grenoble, année 1829, Grenoble, Baratier frères, sd, p. 34.