L’organisation du tissage à domicile par les fabricants lyonnais.

Les fabricants de soieries prennent la tête d’entreprises réseaux, avec, d’une part la concentration des fonctions de gouvernance (gestion de la production et des ventes, dessin, contrôle…) entre leurs mains, à Lyon, et d’autre part, l’essaimage de la production proprement dite (filature, moulinage, tissage, impression) sur des sites plus ou moins éloignés du centre de commandement, mais toujours connectés entre eux 1365 .

Lorsque les fabricants lyonnais placent leurs métiers à tisser chez des ouvriers en chambre, ils accordent leur confiance à des individus chargés de la surveillance et de l’entretien d’un matériel en bois peu onéreux, puisque le prix d’un métier à bras n’excède pas cinquante francs à l’état neuf. En revanche, les mêmes fabricants leur confient aussi du petit matériel (cannettes, peignes, régulateur, battant…) dont la valeur peut être supérieure à celle du métier. Mais la principale préoccupation des fabricants lyonnais, concerne le vol et la destruction de la matière première, la soie. Le phénomène n’est pas propre à la Fabrique lyonnaise, mais caractérise bien tous les systèmes proto-industriels utilisant le travail dispersé. Ouvriers et façonniers ont la réputation de détourner régulièrement une quantité de matière première à leur profit. La confiance entre façonniers et fabricants est donc plus que fragile, d’où l’existence de rondiers chargés de la surveillance à la campagne, d’une vérification comptable régulière 1366 . Ainsi, en 1861, Revol, un des tisseurs à domicile de la maison Alexandre Giraud & Cie, a reçu de celle-ci pour 660 francs de matériel et de soie, lorsque la maison paternelle, située dans le village de Charancieu, brûle. La toiture de chaume ne résiste pas longtemps aux flammes et tout disparaît dans l’incendie. Le métier à tisser confié par la maison Giraud, sous la surveillance d’un employé basé aux Abrets , représente seulement 5% de la valeur totale des objets brûlés appartenant aux Giraud. Au contraire, la soie en représente les deux tiers, le solde étant composé d’un petit matériel de tissage et de divers ustensiles 1367 .

La première des maisons lyonnaises par le chiffre d’affaires, la maison Bellon frères & Conty 1368 , donne ainsi l’exemple. Avec vingt-deux millions de francs de ventes en 1873, contre sept millions en 1855, elle domine largement la place devant C.-J. Bonnet et J.-B. Martin 1369 . Cette forte croissance n’a été rendue possible que par la mise en place d’un outil industriel adéquat dès le milieu des années 1850, à Vizille , susceptible de répondre à la forte demande. La main d’œuvre lyonnaise ne correspond plus totalement aux attentes et aux objectifs de la firme : elle coûte chère alors que la Fabrique entre dans l’ère du demi luxe ; elle n’est pas suffisante, numériquement parlant. Venu de Barcelonnette à Lyon vers 1830 en sabots, Joseph Bellon a la chance de faire un mariage intéressant financièrement treize ans plus tard, avec Marie-Thérèse Tresca , la fille d’un riche négociant lyonnais. Grâce à l’argent de sa belle-famille, il crée dès 1846 une société au capital de 600.000 francs, avec l’aide de deux associés. En 1847, son frère cadet, Damien, le rejoint dans son affaire 1370 .

En août 1859, ses dirigeants achètent à la famille Tézier l’ancien couvent de l’Ordre de Malte, installé à Pont-en-Royans pour y installer leur tissage. L’ancien édifice conventuel est, de longue date déjà, utilisé à des fins industrielles par ses propriétaires et locataires successifs. L’affaire est alors conclue pour la modique somme de 25.000 francs, versés immédiatement 1371 . En bons fabricants, ils n’immobilisent que peu de capitaux, c’était sans doute l’une des conditions à leur installation en Bas-Dauphiné. En outre, ce nouveau tissage se situe dans un arrondissement foisonnant en magnaneries, filatures et moulinages, ce qui les met en position favorable pour l’alimenter en matières. Quelques années plus tard, cette usine est prise en main par Victor Joseph Bourguignon, le fils d’un moulinier en soie de La Sône .

Puis, dans les années suivantes, les frères Bellon étoffent leur organisation dans le Bas-Dauphiné par l’acquisition de plusieurs maisons devant servir de magasins pour recueillir la fabrication des ouvriers à domicile : selon toute vraisemblance, ils ont d’abord établi un premier dépôt à Voiron , probablement rue Dode, composé de deux magasins et trois étages, sous la direction de Laurent Gillet (à la fin des années 1850 ou au début de la décennie suivante). Celui-ci est chargé d’étendre le champ d’action de la maison Bellon frères & Conty. Il loue en son nom, en janvier 1862, une maison de deux étages, pour douze années, à Massieu (commune voisine de Saint-Geoire ) dans la vallée de l’Ainan qui est alors dominée par le travail du chanvre. Le loyer en est des plus modestes, à peine 300 francs par an (six annuités sont versées lors de la signature du bail). Deux ans plus tard, en 1864, Damien Bellon loue à La Murette , non loin de Voiron, un terrain sur lequel il a la possibilité de faire des constructions, pour une centaine de francs par an pendant quinze ans (cinq annuités versées à la signature). Ce nouveau comptoir est confié à André Mermet. Quelques mois après, le même Damien Bellon, sans doute chargé par ses associés de la besogne, prend en location une nouvelle maison, dans la commune du Pin (canton de La Tour du Pin), qui « est destinée à l’exploitation de la fabrication des soies », pour une quinzaine d’années, avec un loyer annuel de 425 francs (1.000 francs versés par avance), une autre de deux étages à Apprieu pour 600 francs par an (1.200 francs versés), ainsi que deux autres maisons contiguës à Voiron, au cœur de la ville, rue des Terreaux et rue Dode (où se trouve déjà établi leur comptoir), ayant une cour intérieure, des magasins au rez-de-chaussée (sous-loués) et trois étages pour un loyer annuel de 6.000 francs pendant une douzaine d’années. Enfin, en 1865, le maillage du Voironnais par la maison Bellon frères & Conty est complété par la location des étages d’une maison, à Charnècles. Jaubert & Audras, les successeurs des frères Bellon, poursuivent la consolidation du réseau avec leur installation à Rives en 1878, ce dernier comptoir étant dirigé par François Gillet. Enfin, Alexandre Perrin s’occupe, au nom de Jaubert, Audras & Cie, du comptoir établi à Massieu, près de Saint-Geoire. Là encore, la tâche est confiée à des ouvriers en chambre. Ainsi, Perrin a placé chez Jacques-Marie Seigle, de Saint-Geoire, deux métiers à tisser ainsi que divers outils, dont un polissoir, un régulateur, un peigne, des feuilles de papier pour envelopper la soie… Au total, le matériel et la matière prêtés à Seigle, sont évalués à 1.200 francs, dont un quart seulement pour les deux métiers à bras et un tiers pour la soie 1372 .

À moindres coûts, la principale firme de la Fabrique lyonnaise se constitue un réseau de comptoirs à travers le Bas-Dauphiné pour faire tisser ses étoffes. Plus que l’usine, c’est le travail à domicile qui fait la force de la maison Bellon , et dans une moindre mesure de ses successeurs, Jaubert & Audras. Cela revient à 8.000 ou 9.000 francs par an en location de comptoirs (dont 6.000 francs pour les seuls immeubles de Voiron , non déduite la sous-location des magasins pour 800 francs), sans immobiliser d’importants capitaux. À la fin du Second Empire et dans les années qui suivent, les Bellon occupent environ quatre mille cent métiers à tisser, dont deux mille cinq cents placés à la campagne et mille six cents à Lyon, faisant travailler au total plus de cinq mille ouvriers 1373 . À cela, il faut ajouter le moulinage de la soie, installé dans des fabriques 1374 . Grâce à ce réseau dense, elle peut recruter plusieurs centaines de tisseurs à domicile.

Tableau 19–Actif industriel de Tresca frères & Sicard en Isère en 1888.
Commune Actif Valeur
(en francs)
La Murette Métiers à tisser à bras, comptoir en location 25.000
Voiron Métiers à tisser à bras, comptoir en location 20.850
Pont-en-Royans Moulinage de soie en location 80.000
Vizille Tissage mécanique de soieries en location 220.000
Total = 345.850

Sources : Mutations par décès de Joseph Bellon .

Le capital social a quasiment décuplé en trente ans, puisqu’en 1877, Jaubert , Audras & Cie, la société qui succède à Bellon frères & Conty, possède un capital social de cinq millions de francs, dont trois apportés par leurs prédécesseurs en commandite 1375 . Il est vrai aussi que la maison assure des facilités de trésorerie à ses principaux clients. En 1882, Jaubert, Audras & Cie fait un crédit de 1.500.000 francs de marchandises à l’un de leurs plus importants clients parisiens, Megroz & Portier, commissionnaire en soieries au capital de cinq millions de francs chargé de placer les soieries de Jaubert à New York. Ce commissionnaire, proche par ailleurs d’une autre importante maison parisienne, Bertheau & Radou, réalise dans les années 1880, un chiffre d’affaires annuel de quarante à cinquante millions de francs 1376 .

Avec des filatures au Bengale, la firme intègre l’ensemble de la filière. Mais, les immobilisations à long terme sont quasiment inexistantes, puisque ni Jaubert , ni Audras ne sont propriétaires des établissements industriels qu’ils exploitent, pas plus que leurs propres successeurs, Tresca frères, Sicard & Cie qui louent l’outil industriel. À sa mort en 1888, l’actif industriel de Joseph Bellon représente 118.616 francs soit à peine 2,2% de sa succession ; l’outil industriel de son ancienne firme est alors évalué à 355.848 francs, partagé entre les trois anciens associés 1377 .

Après la retraite de Jaubert , la transmission de la maison s’opère une nouvelle fois en ligne indirecte, à Pierre Tresca , apparenté aux Bellon , et qui a débuté sa carrière comme employé dans cette entreprise. À la fin du siècle, Tresca frères & Cie conserve la structure intégrée qui faisait la force de Bellon frères & Conty un demi-siècle auparavant : six filatures dans les Cévennes, trois moulinages dans le Sud-est (Pont-en-Royans en Isère, Sainte-Eulalie, Saint-Jean-du-Gard), deux tissages en usines à Vizille (sept cents métiers) et six cents métiers à bras dispersés dans les campagnes environnantes, sans compter les mille trois cents métiers placés à Voiron et dans les campagnes autour de La Murette , en Isère, et les trois cent cinquante métiers à bras à L’Arbresle et près de Charlieu. Seulement 23% des métiers à tisser de la maison Tresca frères & Cie sont installés dans une fabrique vers 1894 1378 . Enfin, la maison possède trois succursales de vente outre-Manche, son principal marché, à Londres , Manchester et Glasgow, chargées d’écouler les fameuses étoffes unies noires qui faisaient déjà la renommée de Bellon, dans la puritaine Angleterre victorienne. Les soieries Tresca se vendent aussi en Allemagne, aux Etats-Unis, en Australie, en Espagne, en Russie… soit tous les grands marchés mondiaux des produits de luxe. L’archaïsme industriel de Tresca, avec un outil figé depuis un demi-siècle, est amplifié par une gestion des stocks très critiquable : ce que certains présentent comme un atout (« pouvoir offrir à la clientèle de passage un choix unique et varié ») entraîne une immobilisation d’importants capitaux, entre 800 et 900.000 francs 1379 . Cet immobilisme industriel et commercial aboutit à la liquidation de la vénérable maison en 1906 et à la ruine de Pierre Tresca.

Fondée en 1844, la maison Bardon , Ritton & Cie ne prend cette raison sociale que dix ans plus tard, lorsqu’elle est reprise par Antoine Bardon 1380 et Jean Ritton 1381 , les anciens employés de Martel et Delacroix, les précédents propriétaires. En 1854, lorsqu’ils se mettent à leur compte grâce à la commandite de Vincent Martel qui apporte 150.000 francs, soit la moitié du capital, les deux nouveaux associés réalisent déjà un chiffre d’affaires supérieur au million de francs, surtout grâce à des soieries unies. En un quart de siècle, ils parviennent à décupler leurs affaires, sachant parfaitement s’adapter aux aléas de la mode : ils fabriquent tantôt des taffetas cuits, tantôt des moires antiques ou des failles couleur, avant de se lancer dans les satins teints en pièces et les Pékins au début des années 1870 à destination des Etats-Unis. Pour répondre aux exigences de leur propre marque, « Beaucoup et bien », ils emploient environ trois mille ouvriers, majoritairement à Lyon, mais un tiers d’entre eux vit dans les départements du Rhône, de l’Ain et de l’Isère. Les deux associés ont pris soin d’organiser leur production dispersée dans les campagnes autour de quatre centres, dirigés par un contremaître, à Nantua (Ain), à Eclose et Valencogne (Bas-Dauphiné) et à Saint-Pierre-de-Bœuf (Loire). En 1873, avec un chiffre d’affaires supérieur à dix millions de francs, Bardon & Ritton se classe au quatrième rang des maisons de soieries lyonnaises, derrière Jaubert , Audras & Cie, C.-J. Bonnet et J.-B. Martin . En 1877, leur organisation repose sur un capital social de 700.000 francs, grâce à l’entrée d’un nouvel associé, Mayen. En 1895, les deux associés, probablement poussés par leurs fils respectifs promus associés trois ans plus tôt, franchissent à leur tour le pas avec l’intégration d’un tissage mécanique à leur maison lyonnaise. Mais refusant d’immobiliser leurs capitaux, ils préfèrent louer l’ancien tissage Tivollier, situé à Coublevie , près de Voiron , pour 7.000 francs par an 1382 .

Sous le Second Empire et au début des années 1880, Léon Emery et son frère Adrien disposent entre quatre et six cents métiers à tisser en Bas-Dauphiné, tant dans leur usine de Châtonnay (agencée avant 1868) que chez des ouvriers, fabriquant pour eux des étoffes façonnées, pour l’ameublement et les églises 1383 . Les Poncet, le père et son fils, deux fabricants lyonnais, qui ont bâti leur succès sur la fabrication de taffetas, les soieries unies puis les nouveautés et les velours, occupent au début des années 1880, cinq cents métiers dispersés dans les campagnes et possèdent également un tissage mécanique à Faverges (Savoie) 1384 . En 1872, François Dufêtre , un fabricant lyonnais, installé rue Saint-Polycarpe, à Lyon, utilise lui aussi le tissage en fabrique et le tissage dispersé à domicile. En l’espace d’un quart de siècle, il est parvenu à constituer une entreprise proche de l’intégration totale : dans sa fabrique établie à La Sône , acquise des Jubié, il a établi une filature, un moulinage, un dévidage puis un tissage. Le tissage des soieries essaime aussi dans la campagne grâce à plusieurs comptoirs situés à Chauffailles, à Chazelles sur Lyon, à Chazelles-sur-le-Vieu (Loire), Haute-Rivoire et Grenoble. Au total, cette organisation industrielle est évaluée à 440.000 francs, dont 250.000 francs pour la seule fabrique de La Sône et 40.000 francs pour la maison de Chauffailles où se trouve le comptoir 1385 .

Pour les maisons lyonnaises qui utilisent le tissage à domicile et le tissage en fabrique, le premier sert d’amortisseur en cas de crise économique. Les fabricants de soieries réduisent d’abord leurs commissions destinées aux tisseurs en chambre afin de conserver le maximum d’activité à leurs fabriques qui doivent amortir de lourds investissements 1386 .

Notes
1365.

BAGNASCO (A.), 1994.

1366.

En guise de comparaison, voir STYLES (J.), in BERG (M.), HUDSON (P.) et SONENSCHER (M.), 1983.

1367.

ADI, 9U1999, Justice de paix de Saint-Geoire , Déclaration d’incendie du 21 juillet 1861.

1368.

François-Louis Conty décède à l’âge de 91 ans le 22 avril 1912.

1369.

CAYEZ (P.), 1980, p. 74 et 86.

1370.

BOUVIER (J.), 1963, vol. 1, p. 131.

1371.

ADI, 3E30273, Vente passée devant Me Terrot (Pont-en-Royans ) le 19 août 1859.

1372.

ADI, 3E29120, Bail devant Me Margot (Voiron ) le 24 janvier 1862, 3E29294, Baux devant Me Bally (Voiron) le 19 mars 1864, les 17 et 18 juin 1864, 3E29295, Baux devant Me Bally les 2 et 13 juillet 1864, 3E29300, Sous-bail devant Me Bally le 5 février 1867, 3Q20/224, Enregistrement le 13 septembre 1871 d’un bail sous-seing privé daté du 28 décembre 1865, 3Q20/229, Enregistrement le 22 août 1878 d’un bail sous-seing privé daté du 16 août 1878, et 3Q20/230, Enregistrement le 1er décembre 1881 d’un pouvoir sous-seing privé daté du 26 novembre 1881, 9U2002, Justice de paix de Saint-Geoire , Déclaration d’incendie du 3 janvier 1882.

1373.

CAYEZ (P.), 1980, p. 86.

1374.

On retrouve la même logique dans l’industrie cotonnière, chez Méquillet-Noblot, avec l’installation de la filature dans une fabrique, et le tissage chez des tisserands à domicile. FOHLEN (C.), 1955.

1375.

ADR, 9U, Acte de société sous-seing privé du 20 décembre 1846 et 6UP, Prorogation de société devant Me Perrin (Lyon) le 6 juillet 1877.

1376.

ABdF, Rapport d’inspection de la Banque de France à Lyon, années 1882, 1883, 1887.

1377.

ADR, 49Q247, ACP du 11 mai 1888 (liquidation de sa succession devant Me Louvier, Lyon, le 7 mai 1888), ADI, 3Q19/163, Mutation par décès du 2 juillet 1888, 3Q42/295, Mutation par décès du 2 juillet 1888, 3Q43/263, Mutation par décès du 3 juillet 1888 et 3Q20/300, Mutation par décès du 3 juillet 1888. Ne sont pas compris les établissements de L’Arbresle et de Charlieu.

1378.

Au Cateau, dans l’industrie lainière, chez Seydoux, Sieber & Cie, il y a, en 1834, environ 14% des métiers à tisser installés dans la fabrique. Jusqu’en 1878, cette part s’accroît progressivement pour atteindre 44% environ. En 1893, 78% des métiers à tisser de cette firme sont dans une usine et 22% dispersés à la campagne chez des ouvriers. Au contraire, chez Blin & Blin, à Elbeuf, au début des années 1870, les tisseurs à domicile touchent moins de 2% de la masse salariale. Voir DAUMAS (J.-C.), 1998, p. 216 et VAILLANT-GABET (S.), 2006, p. 229.

1379.

Livre d’or de l’Exposition Universelle, Internationale et coloniale de Lyon en 1894, Lyon, Agence Fournier/Alexandre Rey, sd [1894-1895], pp. 257-259.

1380.

Fabricant de soieries, né à Lyon le 28 janvier 1826, Antoine Bardon est le fils d’un « commis négociant ». À la fin de l’année 1853, il épouse la fille d’un notaire de Meximieux (Ain), Laurence-Marie-Sophie Pallière. Ses biens s’élèvent alors à 32.000 francs. En 1854, il reprend, avec Jean Ritton comme associé, et grâce à la commandite de Vincent Martel, une maison de soieries à Lyon, fondée dix ans plus tôt. Il siège à la chambre syndicale de la Fabrique lyonnaise entre 1868 et 1871 puis dans la chambre syndicale rivale, l’Association de la Soierie lyonnaise, au Conseil des Prud’hommes. Il préside le Conseil d’administration de la Société d’Escompte de Lyon. Catholique et bonapartiste, maire de Pérouges (Ain), il est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1885.

1381.

Fabricant de soieries, associé à Antoine Bardon , né à Lyon le 31 octobre 1825, et fils d’un « conducteur de messages », Jean Ritton est plus en retrait que son partenaire. Il épouse en 1864 Louise-Jeanne-Pauline Coursier, dotée par son grand-père de 95.000 francs. Il siège à la Chambre syndicale de la Fabrique lyonnaise entre 1876 et 1878. À sa mort, le 10 juin 1900, il laisse une fortune évaluée à 887.487 francs à ses trois enfants (sa fille a épousé un notaire, Me Chachuat).

1382.

ADR, 6Up, Acte de société sous seing privé du 21 décembre 1854, , Acte de société sous seing privé du 28 février 1877, Modification devant Me Birot, à Lyon, le 20 juillet 1894, ADI, 3Q43/100, ACP du 2 janvier 1895 (bail devant Me Bally, à Voiron , le 27 décembre 1894) et Exposition Universelle de Paris 1878, Fabrique de soieries couleurs de Bardon , Ritton & Cie, Lyon, imprimerie L. Perrin & Marinet, 1878, pp. 5-7, CAYEZ (P.), 1980, pp. 74-75.

1383.

ADR, 1M250, Dossier de Légion d’honneur de Léon Emery , dossier de la Chambre de Commerce de Lyon pour l’Exposition universelle de 1889.

1384.

ADR, 1M254, Dossier de Légion d’honneur de Claude Poncet, Lettre ms du commissaire spécial, le 31 juillet 1885.

1385.

ADI, 9U2165, Justice de Paix de Saint-Marcellin , Acte de société devant Me Mitifiot, à Lyon, le 11 janvier 1872 et ADI, 3Q29/666, Mutation par décès de François Dufêtre le 11 mai 1878.

1386.

JONAS (R. A.), 1994, pp. 55-56.