Les maisons de soieries.

Jusqu’ à la fin du règne de Napoléon III, les fabricants de soieries forment un groupe composé d’environ quatre cent cinquante maisons, avec une importante vague de créations d’entreprises à partir de la Restauration. Entre 1860 et 1868, il se crée deux cents nouvelles maisons et encore cent soixante-dix entre 1874 et 1878, mais étant donnée leur faible longévité, le nombre de maisons reste stable. En 1878, 40% de ces entreprises ont au plus six années d’existence, contre un tiers entre quinze et trente ans d’âge. 36% des maisons de soieries recensées par Sophie Chauveau en 1868 n’existent plus en 1874 1784 .

La prudence caractérise pendant longtemps le milieu des fabricants. Tout l’art des fabricants repose sur la faculté de vendre leurs soieries avant de les avoir tissées : le fabricant prend des commandes auprès des commissionnaires en soieries ou des grands magasins avant de lancer ses ordres aux marchands de soie puis aux façonniers. Plus l’activité de ce dernier est rapide, plus le fabricant récupère vite sa mise. Dans les années 1830, un fabricant de soieries réalise en moyenne 7% de bénéfice net par rapport à son chiffre d’affaires, ce dernier étant en moyenne de 650.000 francs. C.-J. Bonnet , homo novus dans le monde de la Fabrique lyonnaise, réalise entre 1818 et 1850, un taux de profit de 18% par an en moyenne grâce à sa percée sur les marchés anglo-saxons et à la concentration d’une partie de sa fabrication dans l’usine de Jujurieux . Savoye , l’un de ses confrères, également propriétaire d’un tissage à Charvieu , atteint un taux de profit plus modeste, environ 4,6% par an entre 1841 et 1846 et un résultat net tout aussi médiocre de 3,2%, en raison du poids excessif des intérêts du capital, pour un chiffre d’affaires supérieur à un million de francs 1785 . Pour amortir, le coût d’un montage de métiers à tisser, quarante à cinquante pièces produites suffisent au milieu du siècle. Il n’est pas rare de dépasser sept cents pièces tissées par modèle 1786 . En 1855, cinq maisons réalisent un chiffre d’affaires cumulé de trente-deux millions de francs : J.-B. Martin , Bellon frères & Conty, C.-J. Bonnet, C.-M. Teillard et Heckel 1787 .

Tableau 34–Taille des maisons de soieries selon leur chiffre d’affaires en 1867.
Chiffre d’affaires
(en francs)
Nombre de maisons Chiffre d’affaires cumulé
(en francs)
Chiffre d’affaires moyen
(en francs)
Supérieur à 10.000.000 3 42.000.000 14.000.000
5 à 10.000.000 14 99.000.000 7.071.400
3 à 5.000.000 11 38.700.000 3.518.000
2 à 3.000.000 13 28.200.000 2.169.000
1 à 2.000.000 28 36.200.000 1.292.800
500.000 à 1.000.000 33 23.000.000 696.900
Inférieur à 500.000 1788 8 2.750.000 343.750
Total = 110 269.850.000  

CAYEZ (P.), 1980, p. 72.

En 1867, après deux décennies de forte croissance, la Fabrique de soieries est dominée par une poignée de maisons. Au sommet, trois maisons réalisent un chiffre d’affaires supérieur à dix millions de francs et près de soixante-dix d’entre elles dépassent le million de francs, sur les quatre cents maisons environ que compte la Fabrique à cette époque. Au total, un quart des maisons fournit plus des trois quarts de la production en valeur. Les données manquent pour établir une hiérarchie aussi précise chez les façonniers. Au même moment, il n’y a, sans doute que Florentin Poncet , à Voiron , à s’approcher du million de francs de chiffre d’affaires, avec peut-être Pochoy et Favier. On voit donc l’écart qui existe entre les fabricants et les façonniers. Chez ces derniers, aucun ne peut véritablement tenir tête et rivaliser avec un fabricant. Pour construire de telles affaires, les fabricants peuvent compter sur le soutien financier des banquiers et des marchands de soie, prêts à leur accorder un large crédit. Les maisons les plus importantes ont droit à un demi million de francs de crédit : C.-J Bonnet, Alexandre Giraud & Cie, Heckel aîné, Brosset & Cie, J.-P. Million & Cie et probablement Montessuy & Chomer et Bellon frères & Conty. Même les maisons de second ordre disposent d’un large crédit, supérieur à 75.000 francs. Les façonniers n’ont pas d’amis aussi généreux ! Quelques façonniers voironnais peuvent espérer bénéficier d’une telle faveur de la part d’une banque comme le Crédit Lyonnais.

Tableau 35–Principales maisons de soieries sous le Second Empire.
Maison de premier ordre Maison de second ordre
Raison sociale Crédit sur la place lyonnaise
(en francs)
Raison sociale Crédit sur la place lyonnaise
(en francs)
Bellonfrères & Conty ? Arlin frères 75 à 100.000
Bayard aîné & fils 200 à 300.000 Bayzelon & fils 75 à 100.000
Blache & Cie 100 à 200.000 Belmont frères & Cie 100.000
C.-J. Bonnet 500.000 Veuve Berger & Cie 75 à 100.000
Bréband, Salomon& Cie 200 à 250.000 Berthet Jollerand 100.000
Brossetaîné & de Boissieu 100 à 200.000 Brunet-Lecomte, Devillaine & Cie 75 à 100.000
Caquet-Vauzelle, Côte & Rebourg 200 à 300.000 Cochaud, Adam & Cie 75 à 100.000
A. Flandrin 100 à 300.000 Corompt Joseph & fils 75 à 100.000
Gindre & Cie 100 à 150.000 A. Donat & Cie 75 à 100.000
Girard neveu fils, Quinson & Cie 100 à 200.000 Jules Gautier & Cie 75 à 100.000
Alexandre Giraud& Cie 500.000 Grand frères 100.000
Giraud frères 200 à 300.000 J.-B. et P. Martin 75 à 100.000
A. Girodon 100 à 200.000 Mathevon & Bouvard 75 à 100.000
Gourd,Croizat fils & Dubost 100 à 400.000 Veuve Morel-Patel & fils 75 à 100.000
A. Guinet & Cie 100 à 150.000 Naime, Chaffanjon & Cie 75 à 100.000
Heckelaîné, Brosset & Cie 500.000 Pascal & Tabard 75 à 100.000
Laboré & Cie 250.000 Perriollat fils & Dumoulin 75 à 100.000
J. Lacroix-Martin 150.000 Jules Riboud, Hte Pravaz & Cie 75.000
A. Lamy 100 à 150.000 Thévenet & Roux 75 à 100.000
Le Mire père & fils 250 à 300.000 Tibaud & Monnet jeune 75 à 100.000
P. Maire (anciennement Tournu) 150.000 Valluy & Francinet frères 75 à 100.000
J.-P. Million & Cie 500.000    
A. Montessuy& A. Chomer ?    
Ponson & Cie ?    
Ruby& Cie 100 à 150.000    
Servant & Devienne 200.000    
C.-M. Teillard 300.000    
Vulpilliat 300.000    

Source : ACL, 62AH15, Liste ms annotée, sd [1864-1870].

Bien qu’ils ne possèdent pas d’usine, les fabricants lyonnais ont besoin d’une masse considérable de capitaux, ne serait-ce que pour l’achat de la soie qui immobilise, d’abord sous la forme de matière première puis comme stocks d’étoffes, des centaines de milliers de francs, quand cela ne se chiffre pas en millions pour les maisons les plus importantes de la place, comme par exemple Bellon frères & Conty puis leurs successeurs Jaubert , Audras & Cie et enfin Tresca frères, qui ne possèdent en propre qu’un outil industriel limité. Mais deux éléments changent la donne dans la seconde moitié du XIXe siècle : d’une part, l’investissement dans l’achat ou la construction d’usines et d’autre part, des ordres abondants à effectuer dans des délais toujours plus courts, entraînant des immobilisations de capitaux dans les usines et le matériel, mais aussi dans les stocks de tissus écrus pour anticiper les commandes. Pour conserver leur liberté d’action et le secret dans leurs affaires, les fabricants préfèrent constituer des sociétés en nom collectif. Sous le Second Empire, la quasi-totalité des sociétés formées le sont sous ce statut 1789 .

Tableau 36–Les maisons de soieries : capitaux et associés (1846-1885).
Raison sociale Date 1790 Adresse Statuts 1791 Capital
(en francs)
Durée
(en années)
Nombre d’associés
Joseph Bellon& Cie 1846 ? SNC 600.000 5 3
Bardon& Ritton 1854 4, rue des Feuillants SNC Com. 300.000 6 3
Gindre & Cie 1860 2, rue Puits Gaillot SNC 450.000 6 2
Claude Ponson 1863 21, rue Victor Arnaud SNC 700.000 5 2
A. Giraud & Cie 1865 14, rue du Griffon SNC 400.000 6 3
Les petits-fils de C.-J. Bonnet 1867 8, rue du Griffon SNC Com. 1.650.000 6 5
A. Donat,Suchet & Vallet 1867 3, place Croix-Paquet SNC 100.000 6 3
Ravier, Chanu & Sauzion 1867 22, place Tholozan SNC 600.000 3 3
Victor Ogier& Cie 1867 ? SNC Com. 500.000 5 ½ 2
Ogier aîné & Cie 1867 7, place du Griffon SNC Com. 250.000 3 et 8 mois 2
Léon & Adrien Emery 1868 17, rue du Bât d’Argent SNC 210.000 8 ½ 2
C.-M. Teillard& Cie 1792 1868 29, rue Royale SNC Com. 800.000 9 3
Giraud frères 1868 19, place Tholozan SNC 400.000 6 2
Mermet & Mouly 1868 Rue Lafont SNC 150.000 6 2
Brosset-Heckel& Cie 1871 18, place Tholozan SNC 1.500.000 4 2
Bréband & Cie 1871 Rue des Fauillants SNC 600.000 ? 3
Drivet & Nigri 1871 4, rue de Lyon SNC 800.000 4 et 9 mois 2
Ponson & Cie 1871 21, rue Victor Arnaud SNC Com. 1.700.000 4 et 10 mois 5
Cochaud,de Boissieu & Cie 1871 17, montée du Griffon SNC 400.000 6 3
Dufêtrepère & fils 1872 14, rue Saint-Polycarpe SNC 1.100.000 12 2
Les petits-fils de C.-J. Bonnet 1872 8, rue du Griffon SNC Com. 5.000.000 6 8
A. Girodon& Cie 1873 8, quai de Retz SCA 1.000.000 20 7
A. L. Trapadouxfrères & Cie 1874   SNC Com. 900.000 6 4
L. Permezel& Cie 1876 8, rue Pizay SNC 1.500.000 9 et 11 mois 2
Bardon,Ritton & Cie 1877 4, rue des Feuillants SNC 700.000 9 3
A. Guinet & Cie 1877 13, montée du Griffon SNC 300.000 5 3
Charvet, Vautheret & Cie 1877 7, place du Griffon SNC 250.000 4 et 5 mois 4
Brunet-Lecomte, Devillaine & Cie 1877 24, place Tholozan SNC 400.000 6 3
Dolbeau,Goutaland & Cie 1877 5, rue Pizay SNC Com. 600.000 6 et 2 mois 3
H. Adam & Cie 1878 18, rue Lafont SNC Com. 465.000 6 5
Crozier& Brisson frères 1879 14, quai Saint-Clair SNC 400.000 9 4
E. Schulz& Cie 1880 8 et 10, rue du Griffon SNC 1.000.000 5 5
Braunschvig & Bickert 1880 3, rue du Garet SNC Com. 180.000 6 3
Favrotfrères 1881 31, rue des Capucins SNC 120.000 5 3
E. Landru 1881 16, rue des Capucins SNC 200.000 4 2
E. Bonnetain& Cie 1881 11, place Croix-Paquet SNC 250.000 6 3
Poncet père & fils 1881 ? SNC 1.000.000 6 2
Perrin, Revol & Prud’hon 1881 33, rue Puits Gaillot SNC 300.000 6 3
L. & A. Emery 1881 17, rue du Bât d’Argent SNC Com. 600.000 6 7
Hte Pravaz & Bouffier 1881 16, rue Lafont SNC 1.000.000 6 2
Gindre & Cie 1881 2, rue Puits Gaillot SNC 1.000.000 6 2
Charvet, Vautheret & Cie 1881 7, place du Griffon SNC 500.000 4 4
Alexandre Giraud& Cie 1882 12, rue du Griffon SNC 200.000 5 2
A. Montessuy& A. Chomer 1882 25, rue Puits Gaillot SNC 3.000.000 1 2
Wies,Valet & Cie 1882 33, rue Puits Gaillot SNC Com. 200.000 6 3
Gautier & Cie 1883 27, place Tolozan SNC Com. 500.000 5 et 9mois 2
Ch. Guéneau & Cie 1884 3, rue du Griffon SNC 400.000 4 4
Gourd& Croizat 1884 1, quai de Retz SNC 2.000.000 5 2
Duboisjeune 1884 29, rue des Capucins SNC 100.000 7 2
Bouvard & Mathevon fils 1884 26, place Tholozan SNC 400.000 8 2
J. Mouly & Lafute 1885 20, rue Lafont SNC 400.000 5 2
Mancardi, Combet & Cie 1881 11, rue du Griffon SNC 600.000 6 3
H. Bertrand & Volatier 1885 29, rue Royale SNC 350.000 6 2
Chavent frères 1885 21, rue d’Alsace SNC 450.000 6 3
Denis & Marion 1885 3, rue du Garet SNC 60.000 6 2

Source : ADR, 6Up, Actes de sociétés.

Jusqu’à la fin du siècle, les sociétés des fabricants de soieries reposent sur la vieille conception de l’alliance commerciale : la durée de l’acte de société excède rarement six ans, le temps de rentabiliser les capitaux investis après quelques « coups ». Les maisons qui ont une durée supérieure, comme Girodon , Teillard , Dufêtre possèdent des usines, plus longues à amortir et à rentabiliser.

Outre leurs mises de fonds, les fabricants de soieries ont à leur disposition des capitaux laissés en comptes courants dans leurs maisons, le plus souvent issus des bénéfices non distribués des exercices antérieurs. Les fabricants sollicitent aussi des amis et des confrères pour qu’ils placent leur argent chez eux, rémunéré généralement à un taux d’intérêt de 5%. En 1874, Alfred-Laure-Barthélémy Girodon possède cent quatre-vingt-seize actions de sa maison de soieries, A. Girodon & fils, ainsi que deux cent six obligations de mille francs chacune et un compte courant de 9.275 francs. Jean-Marie-Joseph-Henry Girodon dispose alors d’un compte courant de 229.547 francs 1793 . En 1883, les trois frères Giraud, Laurent, Paul et Camille, et leur mère ont pour plus de six millions de francs en comptes courants dans la maison A. Giraud & Cie . Hippolyte Pravaz a apporté 400.000 francs en 1887 pour constituer le capital de sa maison de soieries. En 1891, à son décès, il possède aussi dans son affaire un compte courant libre de 220.450 francs, une part dans les bénéfices évaluée à 130.847 francs et des intérêts pour ses différents comptes à hauteur de 27.618 francs 1794 . À la même époque, la maison Noyer, Durand & Collon , dotée d’un capital social de 600.000 francs, fonctionne grâce à 1.200.000 francs supplémentaires fournis par des comptes courants 1795 . En 1898, Joseph Dolbeau , un fabricant de soieries retiré des affaires, a des comptes courants dans deux maisons de soieries différentes, celle de son fils (171.269 francs) et celle de son gendre, Cochaud (173.777 francs) 1796 .

Tableau 37–Les capitaux des fabricants de soieries dans leurs maisons.
Nom du fabricant Raison sociale Date Mise de fonds et usines
(en francs)
Compte courant, obligations, part dans les bénéfices
(en francs)
Total
(en francs)
Benoît Mauvernay Mauvernay & Dubost 1857 ? ? 1.345.156
Louis-Rose Gindre Gindre & Cie 1865 400.000 1.004.093 1.404.093
André-Marie Donat A. Donat & Cie 1868 ? ? 372.972
Firmin Savoye Savoye, Ravier & Chanut 1868 ? ? 883.983
Claude-Mathieu Teillard C.-M. Teillard 1868 ? ? 2.267.072
Jean-Pierre Million Million & Servier 1868 341.772 479.002 820.777
Simon-François Paulmier-Duval Jandin & Duval 1869 ? 172.489 172.489
Marc-Louis Heckel Brosset-Heckel & Cie 1869 600.000 ? 600.000
Alexandre Giraud Alexandre Giraud & Cie 1869 ? ? 230.000
Louis-Auguste Donat Donat, Suchet & Vallet 1871 ? ? 107.956
Claude-Joseph Bonnet C.-J. Bonnet 1872 ? ? 7.842.944
Damase-Henri de Boissieu De Boissieu & Cochaud 1872 ? ? 519.841
Alfred Girodon A. Girodon & fils 1874 196.000 215.275 411.275
Jean-Pierre Fortoul Fortoul 1877 ? ? 464.000
François Dufêtre Dufêtre père & fils 1878 ? ? 1.122.961
Jean-Claude Vermorel Vermorel, Maurel & Chabert 1879 400.000 183.563 583.563
Augustin Dupont Dupont & G. Blanc 1880 ? ? 250.000
Just-Antoine Montessuy A. Montessuy & A. Chomer 1880 1.500.000 1.386.759 2.886.759
Charles Richarme E. Bonnetain & Richarme 1881 ? ? 229.120
Jean-Isaac Paulmier-Duval Victor Ogier, Noyer & Cie 1887 300.000 74.660 374.660
Jean-Joseph Crozier Crozier frères 1888 ? ? 165.189
Henry-Hector Pellet Boucharlat & Pellet 1888 ? ? 274.605
Louis-Joseph Combet Mancardi, Combet & Cie 1888 ? ? 175.396
Louis-Eugène-Félix Poncet Poncet père & fils 1889 500.000 210.238 710.238
Edmond Chevillard E. Chevillard & Cie 1889 1.000.000 169.000 1.169.000
Louis-Joseph-Marie Trapadoux A. L. Trapadoux & Cie 1890 ? ? 287.058
Alexandre-Annet Ruby Ruby & Cie 1890 200.000 71.034 271.034
Michel-Marie Paule Paule, Chatelin & Clayette 1890 250.000 5.426 255.426
François-Adrien Devaux Devaux & Bachelard 1892 ? ? 198.630
Alexandre Chomer A. Montessuy & A. Chomer 1892 ? ? 2.398.961
Julien-Auguste Sévène Barral père & fils 1893 ? 119.951 119.951
Hippolyte-François Pravaz Pravaz & Bouffier 1893 400.000 378.915 778.915
Pierre-Eugène Durand Durand frères 1893 ? ? 1.316.970
Laurent-Gustave-Adolphe Mancardi Mancardi & Gourd 1893 ? ? 245.860
Laurent-Léon Giraud Alexandre Giraud & Cie 1894 ? ? 2.923.550
Jean-Baptiste Favrot Favrot frères 1894 ? ? 64.871
Adrien Gourd Gourd & Cie 1895 250.000 248.432 498.432
Jean-Antoine Lamy Lamy & Cie 1896 ? ? 302.633
François Marion Denis & Marion 1897 175.000 28.723 203.723
Antoine-Marie Mietton A. Mietton & Cie 1897 100.000 223.701 323.701
Joseph Dolbeau Dolbeau & Cie 1898 ? 171.269 171.269
Paul Maurel Maurel, Chabert & Cie 1898 ? 60.000 349.360
Victor-René Brunet-Lecomte Brunet-Lecomte & Devay 1898 234.000 215.318 449.318
Louis-Aimé-Léopold Isaac Dognin & Cie 1899 40.000 755.777 795.777
Claude Gindre Gindre & Cie 1899 ? ? 2.000.000
Jean Ritton Bardon & Ritton 1901 200.000 57.900 257.900
Jean-Baptiste Algoud Algoud frères 1903 ? ? 580.783
Charles Guéneau P. Guéneau & Cie 1905 ? ? 1.522.279

Sources : Mutations par décès.

Les fabricants justifient leur contrôle de la Fabrique lyonnaise par l’importance des capitaux qu’ils utilisent, surtout si on les compare à ceux employés par les tisseurs à façon. La majorité des façonniers a besoin de quelques centaines ou milliers de francs pour gérer ses affaires. Cela contraste avec les fonds dont disposent les fabricants dans leurs maisons. En outre, ils font souvent appel à d’autres investisseurs pour placer des capitaux en comptes courants chez eux, se procurant ainsi les liquidités dont ils ont besoin. Les mutations par décès ne donnent qu’une vague idée des sommes placées dans les maisons de soieries, car elles fournissent un bilan au terme d’une carrière et d’une vie, lorsque le fabricant est souvent retiré des affaires : il a donc récupéré une partie de ses bénéfices pour les investir ailleurs ou pour les donner à ses enfants. À l’opposé, pour C.-J. Bonnet et Montessuy qui décèdent à la tête de leurs entreprises, les sommes immobilisées sont considérables, plusieurs millions de francs. Une fois encore, les façonniers ne peuvent pas rivaliser.

Notes
1784.

CAYEZ (P.), 1978, p. 167 et CHAUVEAU (S.), 1994, pp. 19-29.

1785.

LAFERRERE (M.), 1960, p. 107 et CAYEZ (P.), 1978, pp. 181-185.

1786.

LEVY-LEBOYER (M.), 1964, p. 138.

1787.

GERARD (J.), 1855, p. 34.

1788.

Les 290 maisons non comptabilisées par les sources de Cayez appartiennent à cette dernière catégorie.

1789.

CAYEZ (P.), 1993c.

1790.

Il ne s’agit pas de la date de fondation de l’entreprise, mais de la date de l’acte de société.

1791.

SNC = Société en nom collectif, Com. = Commandite.

1792.

Le montant des comptes courants (700.000 francs) n’est pas pris en compte pour le capital social.

1793.

ADR, 3E15253, Inventaire devant Me Garin, à Lyon, le 30 mai 1874 et ADI, 3Q24/261, Mutation par décès du 16 janvier 1874.

1794.

ADR, 46Q279, ACP du 15 janvier 1893 (Compte devant Me Lavirotte, à Lyon, le 6 janvier). Selon ce compte, on arrive à un total de 778.915 francs, alors que la mutation par décès estime les droits de Pravaz dans sa société à 686.916 francs. Voir ADR, 446Q46, Mutation par décès du 6 janvier 1893.

1795.

ACL, 62AH, Fiches de comptes clients.

1796.

ADR, 446Q66, Mutation par décès du 10 juin 1898.