Fabricants de soieries et façonniers établissent une coopération interfirmes inédite, avec l’apparition de ce nouveau groupe d’intermédiaires. Les fabricants de soieries mettent au point une intégration quasi verticale : ils cherchent à bénéficier des avantages de l’intégration, sans les inconvénients (risques, immobilisation de capitaux, rigidité, tracas quotidiens). Jaloux de leurs prérogatives, les fabricants entendent bien s’assurer le contrôle de la coordination. La sous-traitance repose sur la dépendance d’un groupe, les façonniers, vis-à-vis de leurs donneurs d’ordres 1977 . Pour limiter l’opportunisme des façonniers et maximiser leurs profits, les fabricants lyonnais doivent leur imposer des relations de pouvoir 1978 . Cherchant depuis des décennies à imposer leurs vues à des chefs d’atelier récalcitrants et frondeurs, les fabricants lyonnais de soieries sollicitent des façonniers ruraux auxquels ils infligent des rapports d’autorité et de dépendance, selon une conception plus verticale que consensuelle, avec une subordination professionnelle des nouveaux façonniers 1979 . Cette autorité 1980 est essentielle pour surveiller et contrôler une production délocalisée à la campagne, pour compenser l’absence de hiérarchie propre à l’organisation intégrée, sans pour autant lever toutes les incertitudes. À partir de la grille de lecture proposée par Bernard Baudry, il est possible d’envisager le degré de dépendance des façonniers du Bas-Dauphiné envers leurs donneurs d’ordres lyonnais 1981 .
BLOIS (K.), 1972.
Voir les analyses de CROZIER (M.) et FRIEDBERG (E.), 1977, pp. 45, 91. Williamson n’accorde que peu d’importance à la notion de pouvoir. Voir WILLIAMSON (Oliver E.), « Efficiency, power and authority », in GROENEWEGEN (J.), (sous la direction de), Transaction costs and beyond, Kluwer Academic Publishers, 1996, cité par BLOIS (K.), 2001.
WILLIAMSON (Oliver), « Chester Barnard and the incipient science of organization », in WILLIAMSON (Oliver), (sous la direction de), Organization and theory. From Chester Barnard to the present and beyond, Oxford, Oxford University Press, 1990, pp. 172-206, cité par BAUDRY (B.), 1999.
BAUDRY (B.), 1994, MENARD (C.), 1997.
BAUDRY (B.), 2005, pp. 42 et sq. Il distingue trois critères de dépendance : la concentration des flux d’échange (30% du chiffre d’affaires avec un seul client), la subordination professionnelle et la taille des partenaires.