III-Travailler dans un tissage à façon.

Cependant, le succès grandissant du tissage en Bas-Dauphiné et l’exode rural font rapidement de la main d’œuvre une denrée rare, donc chère. Le débauchage règne donc, tant dans les usines que chez les ouvriers à domicile. Les usiniers de Voiron , Renage ou Moirans , pour soutenir leur expansion sous le règne de Napoléon III, n’hésitent pas à contourner les lois sur les livrets ouvriers pour favoriser l’entrée chez eux d’ouvrières sans livret. Cette souplesse de circonstance a pour inconvénient de stimuler le turnover chez ces ouvrières, une fois libérées du carcan du livret, quitte à abandonner leur tâche sans l’avoir terminée, parfois avec des avances de salaires en poche versées par des patrons en manque de personnel. Mais ce genre de phénomène ne se limite pas au travail en usine. Les ouvriers en chambre n’hésitent pas, selon leurs envies et leurs humeurs, à abandonner leur donneur d’ordres au profit d’un rival plus généreux ou à migrer vers une ville industrielle, laissant sa pièce inachevée, tout en conservant le métier fourni par le fabricant lyonnais ou le façonnier 2295 .

Notes
2295.

ADI, 162M3, Lettre ms de Chollat au nom de Michel frères, adressée au Préfet de l’Isère le 1er octobre 1859.