Chapitre 9-La marginalisation : coton, chanvre et sériciculture.

Après 1830, l’industrie cotonnière, le tissage de toiles et la sériciculture suivent des trajectoires divergentes. Au milieu du siècle, la filature et le tissage de coton à Bourgoin et à Jallieu connaissent une phase de croissance exceptionnelle qui dissimule mal certaines faiblesses. Henry Brunet-Lecomte a déjà entrepris de réorienter la manufacture d’impression vers la soie. Avec une poignée de fabriques, le centre cotonnier ne peut pas rivaliser sérieusement avec les Anglais et les Alsaciens, d’autant que les patrons protestants sont finalement mal intégrés à la population locale. Quant à l’activité toilière, le déclin entamé à la fin de la Restauration, se poursuit, mais elle occupe encore plusieurs milliers de bras dans les campagnes. Les négociants voironnais n’ont pas pris la mesure du défi à relever et vivent sur leur glorieux passé. Enfin, la sériciculture traverse une phase d’exceptionnelle prospérité qui lui assure une large diffusion dans les campagnes. Vers 1880, l’industrie cotonnière a quasiment disparu, la fabrication des toiles s’effectue uniquement à Voiron grâce à quelques centaines de tisserands, tandis que la sériciculture a connu une chute aussi brutale que fut sa croissance. Partout, le tissage de soieries domine, en ville comme à la campagne, dans les foyers comme dans les fabriques. Ces trois activités sont devenues marginales en une trentaine d’années.

En quoi ces activités deviennent-elles marginales ? Comment sont-elles progressivement remplacées par le tissage de soieries ?

L’industrie cotonnière, branche la plus moderne et la plus mécanisée, ne résiste pas à la crise qui s’abat sur elle dans les années 1860 : la soie la remplace désormais sur les machines. Les efforts de quelques entrepreneurs et les velléités des négociants ne suffisent pas pour redresser l’activité toilière et lui redonner son lustre d’antan. Quant à la sériciculture, elle ne résiste pas aux maladies du ver à soie qui s’abattent sur elle.