Frédéric Faige-Blanc , alias Alpinus, naît à Voiron en 1811. Issu d’une vieille famille de négociants en toiles, il entre à son tour, le moment venu, dans cette activité. Par ses parents, ses grands-parents et son épouse, il est apparenté aux principales familles négociantes de la place : sa tante Hedwige, du côté paternel, a épousé en 1790 Césaire-Albin Allegret , un riche négociant en toiles, fraîchement revenu de Saint-Domingue, tandis qu’une autre de ses tantes, Adélaïde Treillard, du côté maternel, s’est unie au richissime Joseph Calignon en 1807. La sœur aînée d’Hedwige Faige-Blanc, Anne s’est mariée, quelque temps auparavant, avec un autre négociant en toiles, mais de moindre envergure, Antoine Bonnet . Joseph Calignon décède une trentaine d’années plus tard en ne laissant que des enfants mineurs, à la tête d’un héritage dépassant le demi million de francs. Après leurs décès successifs sans postérité, il ne reste que le dernier fils Calignon, Ernest, un jeune homme débile de naissance, qui suscite les convoitises autour de lui pour la gestion de son héritage. Faige-Blanc est l’un d’eux 2502 .
Le jeune Frédéric grandit dans l’univers des toiles et se destine un jour, à être lui-même négociant. Il débute sa carrière comme voyageur de commerce, chargé de placer les toiles auprès des clients, notamment dans le Midi. En 1837, à vingt-six ans, il épouse Jeanne-Louise-Athénaïs Roux, la fille de l’un de ses plus riches confrères, Jacques-Jérémie Roux qui dote grassement sa fille à hauteur de 60.000 francs. Ayant perdu vers 1853 son fils Achille qu’il destinait à reprendre l’affaire familiale, Jacques-Jérémie Roux reporte sa confiance sur son gendre à qui il confie au milieu des années 1850 les rênes de la maison Roux oncle & neveu. Mais Faige-Blanc et son beau-père la liquident rapidement pour concentrer leurs capitaux sur la seule affaire du premier, Blanc, Jacquemet père & fils fondée en 1851, une maison se livrant au négoce traditionnel de toiles. Accaparé par ses ambitions politiques Frédéric Faige-Blanc délaisse rapidement son entreprise. Il préfère s’appuyer sur des associés et des commanditaires pour préserver la respectabilité de son nom parmi le monde des affaires. En 1862, son beau-père, Roux, possède 117.000 francs en compte courant de la société de son gendre 2503 .
Nom | Raison sociale de la société | Date de sa constitution 2504 | Montant de la patente versée par le négociant en 1857
2505
(en francs) |
Achille Jacquemet | Jacquemet neveu & Cie | 1855 | 279,93 |
Régis Géry | Géry & Cie | 1837 | 169,25 |
Auguste Denantes | Jacques Denantes père & fils | 1830 | 169,24 |
Louis Vial | Vial père & fils | 1851 | 169,19 |
Victor Hulmière | Hulmière & Chauvet | 1832 | 160,10 |
Auguste Lalande | Allegret père & fils | 1808 | 159,25 |
Joseph-Barthélémy Landru | Landru & Ferrier | 1842 | 158,34 |
Frédéric Faige-Blanc | Blanc, Jacquemet père & fils | 1851 | 149,32 |
César Perrier | Perrier & Cie | 1855 | 149,30 |
Edouard Jacquemet | Blanc, Jacquemet père & fils | 1851 | 142,10 |
Casimir Jacquemet | Jacquemet oncle & neveu | 1840 | 140,52 |
Adolphe Dépard | Dépard & Cie | 1855 | 139,36 |
Jean-François Béroard | Béroard & Dépard | 1844 | 139,35 |
Jean-Baptiste Bonnard | J.B. Bonnard | 1847 | 128,67 |
Léon Poncet | Veuve Poncet mère & fils | 1844 | 124,41 |
Antoine Deschaux | Antoine Deschaux | 1851 | 109,52 |
Joseph Denantes | Jacques Denantes père & fils | 1830 | 45,05 |
Fénélon Chauvet | Hulmière & Chauvet | 1832 | 44,82 |
Séraphin Tivollier | Tivollier & Cie | 1855 | 44,79 |
Source : ADI, 1U10, Liste des commerçants notables de l’arrondissemen du Tribunal de commerce de Grenoble, rédigée par le Préfet, années 1856 et 1857.
Sous le Second Empire, une quinzaine de maisons domine la place voironnaise. Trois d’entre elles remontent à l’Ancien Régime, Jacques Denantes père & fils , Blanc, Jacquemet père & fils ainsi que Allegret père & fils. Les autres ont été fondées au XIXe siècle, parfois sous la Restauration, comme la maison Géry & Cie ou Vial père & fils, d’autres sous la Monarchie de Juillet. Le montant des patentes révèle la faible concentration des maisons de négociants. La majorité expédient au mieux quelques centaines de toiles sur les routes de France. La maison Jacquemet neveu & Cie, dirigée par Achille Jacquemet , se détache nettement de ses rivales, car elle exploite un tissage mécanique qui lui permet de produire des toiles en grande quantité. Toutes les autres maisons utilisent encore massivement le tissage à domicile. Malgré l’importance de son affaire, Jacquemet ne paie pas la patente la plus élevée de la commune. En 1857, il n’arrive qu’en huitième position, derrière des papetiers, des banquiers et des tisseurs à façon. Il est le seul négociant en toiles à figurer dans le classement des dix premières patentes. À la fin du Second Empire, la situation a peu changé. Les négociants en toiles ne représentent donc plus la première force économique de la cité. En comparaison, Florentin Poncet règle une patente de 798 francs en 1857.
Grâce à sa fortune, celles de sa femme et de ses cousins Calignon, Faige-Blanc maintient son entreprise de négoce parmi les premières de la place. En 1873, la maison Blanc, Jacquemet père & fils dispose d’un capital social de 235.000 francs, dont 150.000 francs fournis par Faige-Blanc en guise de commandite 2506 . À la même époque, le capital de la maison Denantes ne dépasse pas 60.000 francs, tandis que celui de Ferrier, Landru, Lalande & Cie est évalué à 170.000 francs 2507 .
Nom | Activité | Montant de la patente versée par les dix principaux hommes d’affaires en 1857 (en francs) |
Montant de la patente versée par les dix principaux hommes d’affaires en 1868 (en francs) |
Florentin Poncet | Tissage de soieries | 798,77 | 1.230 |
Victor Frachon | Papeterie | 559,90 | |
Victor Jacolin | Forge | 470,30 | |
Auguste Fière | Banque | 400,20 | |
Joseph Rambeaud | Banque | 398,14 | |
Jean-Baptiste Lafuma | Papeterie | 395,67 | 435,27 |
Victor Pochoy | Tissage de soieries | 298,60 | |
Achille Jacquemet | Négoce de toiles | 279,93 | 339,77 |
Augustin Repellin | Négoce de bois | 228,93 | 493,05 |
Claude Brun | Liqueur | 173,21 | |
Alexis Bertholet 2508 | papeterie | 398,74 | |
Jules Monnet-Daiguenoire | Banque | 466,59 | |
François Guérimand 2509 | papeterie | 1.143,95 | |
Joseph Guinet | Tissage de soieries | 818,13 | |
Auguste Revel | Liqueur | 351 | |
Séraphin Favier | Tissage de soieries | 307,56 |
Source : ADI, 1U10, Liste des commerçants notables de l’arrondissement du Tribunal de commerce de Grenoble, rédigée par le Préfet, années 1857 et 1868.
Fort de ses réseaux familiaux et d’affaires, Frédéric Faige-Blanc se lance en politique sous le Second Empire, pour défendre les couleurs du camp conservateur. Il succède à la mairie en 1855 à son ami le richissime Nestor Ducrest 2510 , proche parent d’une autre famille de négociants, les Denantes . Depuis de nombreuses années déjà, Faige-Blanc fait partie du premier cercle d’amis de Ducrest qui en a fait son premier adjoint. Lorsqu’il prend sa suite en 1855, Faige-Blanc gère de fait la ville depuis plusieurs mois, si ce n’est depuis plusieurs années. Il n’a donc aucun mal à s’imposer comme son héritier naturel sur la scène politique locale. Comme les Ducrest et les Denantes, Frédéric Faige-Blanc appartient à une vieille famille voironnaise, solidement implantée, jouissant d’une certaine notoriété. Probablement, il tire du prestige d’une fortune familiale ancienne.
Ducrest, à la tête de l’une des plus grosses fortunes du département, investit des capitaux dans la construction d’un tissage de soie à Voiron , qu’il afferme à Joseph I Guinet. Le bénéfice est double : financièrement, il s’agit pour lui de réaliser un placement lui garantissant des revenus réguliers pour maintenir son train de vie et son prestige auprès des notables voironnais. Politiquement, il espère s’attacher les faveurs des couches populaires, en lui procurant du travail dans sa fabrique et en atténuant ainsi leur misère. Guinet lui a sans doute soufflé l’idée du projet, à moins que ce ne soit la belle-famille de Ducrest, les Depouilly 2511 , une famille lyonnaise de fabricants de soieries. En 1824, Depouilly s’était déjà manifesté à Lyon en tentant de monter une fabrique en Angleterre, avec l’aide d’ouvriers lyonnais, au grand dam de la Chambre de Commerce de Lyon qui craignait une fuite d’informations vers la concurrence 2512 . Cette manœuvre de clientélisme politique s’avère particulièrement utile avec l’instauration en 1848 du suffrage universel pour les élections.
Toutefois, Frédéric Faige-Blanc , en devenant maire en 1855, n’a pas les moyens financiers personnels de suivre la même politique prestigieuse, tant auprès des ouvriers que de ses amis de la bonne société. La préservation de son siège de maire exige de sa part des sacrifices financiers conséquents. Il doit s’affirmer socialement auprès de la bourgeoisie locale, pourtant séduite par sa poigne et ses propos autoritaires. Mais les temps du suffrage censitaire, où seuls les plus riches votaient, sont définitivement révolus. Dans de telles conditions, il ne peut espérer conserver son poste de maire qu’en se ralliant une partie des classes populaires. Pour s’attirer les bonnes grâces du plus grand nombre, il se lance dans une politique aussi ambitieuse que dispendieuse pour les caisses de la ville. Il arrête son choix sur la construction d’une nouvelle église. Lui-même fervent catholique, ce projet doit lui rallier les fidèles de sa commune, alors que la mission de reconquête lancée par les évêques de Grenoble connaît ses plus grands succès 2513 . Les négociants en toiles, et en particulier les vieilles dynasties bourgeoises, conduits par Faige-Blanc, rejoignent le camp légitimiste et défendent un programme résolument tourné vers la défense du catholicisme, le patronage en direction des plus pauvres 2514 …
Cependant, sa coûteuse politique urbaine lui vaut de s’attirer les foudres d’adversaires particulièrement virulents, y compris parmi ses confrères appartenant aux milieux d’affaires locaux, à l’instar de Casimir Jacquemet , l’un des principaux toiliers de la ville, propriétaire d’un tissage mécanique de toiles. Chez les ouvriers, le combat est dirigé par Michel Cholat , un modeste tisserand-fabricant de toiles au début de sa carrière. Tous deux n’ont de cesse de dénoncer les méfaits et les gaspillages de Faige-Blanc.
Dans le même temps, les vieilles élites négociantes cherchent à élargir leur sphère relationnelle hors de la cité. Alors que des fortunes s’édifient rapidement dans le tissage mécanique des soieries, les négociants en toiles tournent leurs regards ailleurs pour marier leurs enfants. Il n’y a pas à Voiron de fusion des élites du textile, entre celles du chanvre et celles de la soie. Ainsi, Marie-Albine Allegret, la fille du négociant en toiles Claude-Césaire-Frédéric-Ferdinand, s’unit en 1854 à un jeune employé lyonnais, Léon Emery , intéressé dans une maison de fabrique et destiné à devenir fabricant lui-même. Sa sœur, Isaure Allegret, épouse en 1857 un militaire originaire de Grenoble, Victor-Louis-François Février. Le fils de Jérémie Roux , Gustave-Scipion, qui se trouve être également le beau-frère de Frédéric Faige-Blanc , prend une épouse en dehors des milieux d’affaires voironnais, en la personne d’Elisa-Victorine Perrégaux, la fille de l’indienneur Fritz Perrégaux , elle aussi de confession protestante. Le nouveau beau-père de Roux donne à sa fille, à cette occasion une dot de trente mille francs. Ce mariage est assez révélateur des dispositions et de l’état d’esprit des héritiers de négociants. Conscient des difficultés du négoce toilier, le jeune Roux préfère d’ailleurs rapidement exercer ses talents ailleurs. Dès les années 1860, alors que la maison familiale a été liquidée, il entre au Crédit Lyonnais, dont il devient rapidement directeur d’agence à Voiron et à Grenoble. Le fils de Claude-Césaire-Frédéric Allegret choisit de ne pas reprendre personnellement la maison familiale au décès prématuré de son père et la confie à Auguste Lalande , un ancien employé de commerce promu au rang d’associé par son père. Le jeune Allegret préfère s’intéresser à un secteur en pleine croissance, la papeterie 2515 . Le mariage de Célestin-Marie-Joseph-Antoine-Régis Géry , héritier de l’une des principales maisons de négoce de toiles, s’avère moins prestigieux, puisqu’il épouse en 1871 la fille du pharmacien de Voiron, Louise-Alice-Julie Brun-Buisson, à laquelle son père donne 39.000 francs de dot 2516 . En se coupant partiellement des nouvelles élites économiques, les négociants en toiles perdent progressivement leur influence à Voiron. Désormais leurs intérêts divergent. Frédéric Faige-Blanc en est la première victime, puisque ses appuis locaux se restreignent.
À la lecture de ce bilan financier, on comprend mieux l’intérêt personnel que peut avoir Frédéric Faige-Blanc à vouloir conserver la gestion de l’immense fortune d’Ernest Calignon, le plus jeune des fils de feu Joseph Calignon qui fut maire de Voiron et de loin l’homme le plus riche de la ville, en laissant à sa mort en 1836 une fortune supérieure au demi million de francs. Deux de ses fils, militaires de carrière, sont morts au champ d’honneur, dont un à Solferino. Quant à Ernest, atteint de déficience mentale depuis son plus jeune âge, il ne possède aucune des qualités requises pour gérer un tel patrimoine. De bonne heure, il est placé sous tutelle par un conseil de famille qui a nommé un tuteur en la personne de Faige-Blanc, chargé d’administrer ses biens. À plusieurs reprises, le jeune homme se plaint à des proches du comportement difficile de son tuteur à son égard et de sa pingrerie.
Frédéric Faige-Blanc , très contesté par ses choix politiques et religieux, notamment par son rival Achille Jacquemet qui conduit en 1865 la liste d’opposition, se retire à la chute du Second Empire. Il consacre les dernières années de sa vie à écrire. Ayant dilapidé plusieurs fortunes – la sienne, celle de sa femme et celle des Calignon – il a dû céder la propriété familiale de Termérieu, sur les hauteurs de Voiron , à un fabricant lyonnais de soieries, dès 1872. Il ne laisse à sa mort en 1901, à ses deux filles qu’une succession d’à peine 19.000 francs 2517 .
Les principales familles de négociants en toiles s’effacent progressivement de la vie publique soit par extinction du lignage comme pour les Rambeaud et les Calignon, soit en raison d’un revers de fortune comme pour Faige-Blanc, soit en raison d’un changement d’activité comme les Allegret qui se tournent vers la papeterie. Les Denantes conservent une partie de leur prestige social et de leur emprise sur la cité. Certes, ils délaissent les premières places au conseil municipal après la chute de la Monarchie de Juillet, mais on les retrouve toujours dans les principales institutions charitables de Voiron , tant comme administrateurs du bureau de bienfaisance que comme bienfaiteurs de l’orphelinat 2518 . Joseph Denantes est d’ailleurs le seul Voironnais à siéger à la Chambre de Commerce de Grenoble sous le Second Empire, alors que les façonniers, plus riches et salariant plus d’ouvriers, n’y ont aucun représentant 2519 .
ADI, 3E3894, Contrat de mariage devant Me Perrin (Voiron ) le 22 novembre 1781, 3E3899, Contrat de mariage devant Me Allegret (Voiron) le 19 avril 1790, 3Q43/21, ACP du 5 mars 1807 (contrat de mariage devant Me Allegret le 22 février), 3Q40/225, Mutation par décès du 22 novembre 1836.
ADI, 3E29240, Contrat de mariage devant Me Neyroud (Voiron ) le 22 mai 1837, 3E29290, Donation de Jacques Jérémie Roux à ses enfants devant Me Bally (Voiron) le 4 mai 1862.
Il ne s’agit pas de la fondation de l’entreprise, mais de la dernière modofication de la société.
Sauf pour Landru, Bonnard et Casimir Jacquemet en 1856,
Ses autres partenaires, la famille Jacquemet et Alexandre Tisserand-Delange, gèrent l’entreprise et se partagent 85% des bénéfices.
ADI, 9U3152, Justice de Paix de Voiron , Acte de société sous seing privé le 29 décembre 1872 de la maison Blanc, Jacquemet père & fils, Acte de société devant Me Margot le 8 août 1876 pour former la maison Denantes père & fils, et Acte de société devant le même notaire, le 8 septembre 1875 pour former la maison Ferrier, Landru, Lalande & Cie.
Fabricant de papier, Alexis Bertholet est le gendre d’un de ses confrères, Jean-Baptiste Lafuma , dont il épouse la fille, Marie-Fanny-Léocadie, à l’automne 1853, qui lui donne un fils, Louis. Il accepte dans les années 1880 de renflouer le tissage à façon monté par Langjahr , à Voiron , en pure perte. Il participe également aux séances du Cercle du Commerce de cette ville. Même si sa fortune semble modeste (68.000 francs), il n’en possède pas moins une papeterie à Coublevie . Il décède à Lyon le 23 septembre 1888.
Fabricant de papiers, François-Guillaume-Addon Guérimand est né vers 1825. Il épouse en 1858 Magdelaine-Alix Berger-Vachon, mais le couple demeure sans enfant. Avec Charles-Henry d’Alby, un fabricant de papiers ariégeois, il fonde la papeterie D’Alby, Guérimand & Cie pendant l’été 1860 sur les décombres de l’ancienne maison Frachon, Dugas, Crollard & Cie. Grâce à des commanditaires, l’entreprise dispose d’un capital social de 325.000 francs. En 1875, le capital est porté à 900.000 francs, toujours grâce au soutien de commanditaires. Sans héritier direct, Guérimand accepte de transformer son entreprise en Papeteries de Voiron et des Gorges, dont il est le principal commanditaire. Il décède le 2 décembre 1890 en laissant à sa veuve une fortune de 230.332 francs.
Nestor Ducrest hérite de son père, en 1833, une fortune supérieure au million de francs. Celui-ci avait lui-même reçu d’un lointain parent, M. Ravier d’Herbelon en 1828, un héritage évalué à 1,2 million de francs, sous la forme de vastes propriétés foncières en Isère et dans le Gard. Après des études de droit à Grenoble, interrompues par le décès de son père et jusqu’à son mariage en 1845 avec la Lyonnaise Julie Depouilly, la fille d’un fabricant de soieries, ancien membre de la Chambre de Commerce de Lyon, Ducrest dilapide une partie de la fortune familiale en menant un train de vue fastueux. En se mariant, il décide de se ranger et se lance dans la politique grâce à ce qui lui reste de son héritage. Il se fait élire maire de Voiron et conseiller général (1852-1855). En 1852, il tente de se présenter aux élections législatives sous l’étiquette « napoléonien », contre le candidat officiel, de Voize. Gravement malade, il se retire en 1855 et décède deux ans plus tard à 44 ans, laissant des biens estimés entre 672 et 800.000 francs.
Dans les années 1820, Depouilly possède deux maisons, une à Lyon et la seconde à Paris. En 1834, Charles Depouilly, républicain de conviction et proche d’Arlès-Dufour, tente vainement de ramener le calme à Lyon, d’après RUDE (F.), 2001, pp. 125-126.
GAISMAN (Albert), Les crises de la Fabrique de soieries de Lyon depuis le commencement du siècle, Lyon, A. H. Storck, 1897, p. 22.
AVENIER (C.), 2002.
Comme à Saint-Chamond ou à Saint-Etienne. ACCAMPO (E.), 1989, pp. 143-144 et VERNEY-CARRON (N.), 1999, p. 280.
ADI, 3E29103, Contrat de mariage devant Me Martin (Voiron ) le 19 juin 1854, 3E29111, Contrat de mariage devant Me Bourde-Bourdon (à Voiron) le 14 avril 1857, et 3Q4/79, ACP du 19 janvier 1857 (contrat de mariage devant Me Chenavas, à Bourgoin , le 16 janvier).
ADI, 3E29139, Contrat de mariage devant Me Margot (Voiron ) le 17 septembre 1871.
ADI, 3Q43/284, Mutation par décès du 18 octobre 1901.
ONDRY (S.), 1998, pp. 127-129. Entre 1846 et 1884, différents membres de la famille Denantes accordent 7.700 francs de dons à l’orphelinat de Voiron , faisant d’eux les principaux donateurs. Les autres négociants en toiles semblent peu intéressés par cette institution.
ADI, 155M2, Procès-verbal d’installation de la Chambre de Commerce de Grenoble le 29 décembre 1864.