La réussite de la Fabrique lyonnaise, au XIXe siècle et dans la première moitié du siècle suivant, repose incontestablement sur les « capacités organisationnelles » 2579 dont ses dirigeants ont su faire preuve, malgré un conservatisme souvent décrié et revendiqué.
Après les années 1860, le prix de la matière première, la soie, baisse fortement jusqu’au début du XXe siècle. Le prix des soies italiennes est divisé par deux entre 1872 et 1913, selon Federico 2580 . Cette baisse du prix de la matière première profite aux fabricants lyonnais mais aussi à leurs rivaux étrangers. Pour réduire leurs coûts de production et conserver leur suprématie sur le marché mondial des soieries, ils doivent donc procéder à des mutations structurelles plus profondes, en s’appuyant sur l’organisation qu’ils ont patiemment édifiée depuis le milieu du XIXe siècle.
Loin d’être figée, l’organisation de la Fabrique lyonnaise est au contraire mouvante. Dans le dernier quart du XIXe siècle, les fabricants de soieries hésitent entre plusieurs formes d’organisation qu’ils testent et mettent en concurrence 2581 – tissage dispersé et/ou tissage concentré, intégration et/ou sous-traitance – à la recherche d’une meilleure efficience et d’une plus grande efficacité pour mieux répondre aux mutations des marchés et contrer la concurrence, tout en tenant compte du contexte local, des réalités socioculturelles.
Pourquoi les fabricants et les façonniers doivent-ils modifier leurs structures productives ? Comment parviennent-ils à relever le défi de leur modernisation ? Quelles sont les réponses apportées ?
Jusqu’à la crise industrielle des années 1880, la mécanisation reste marginale, le plus souvent limitée aux tissages à façon de la région voironnaise. La Grande Dépression de la fin de siècle accélère le processus. Les fabricants se lancent plus fortement dans l’intégration du tissage à leurs sociétés, modifiant ainsi profondément le visage de la Fabrique lyonnaise. D’autres facteurs explicatifs que les transformations de la demande doivent être pris en compte pour comprendre cette modernisation.
CHANDLER (A. D.), 1992, cité par CORIAT (B.) et WEINSTEIN (O.), 1995, p. 134.
FEDERICO (G.), 1994, pp. 48-49, 71-72, 463-464.
Voir MENARD (C.), 2003.