I-La mécanisation du tissage.

Comme l’a montré Louis Bergeron, les industries d’art et de luxe ne rejettent pas la mécanisation et le travail industriel 2582 . Le métier à tisser mécanique permet un travail plus rapide, avec un rendu souvent proche de la perfection. Pour arriver à ce résultat, il a fallu attendre que le métier mécanique soit réellement performant du point de vue de la qualité des étoffes tissées. Dans les années 1870, l’adoption de la teinture en pièces au détriment de la teinture en fils ou en flottes, offre aux fabricants de nouvelles possibilités de mécaniser le tissage et de mieux répondre aux exigences de la demande. Désormais, les fils de soie sont tissés écrus, puis une fois l’étoffe sortie du métier à tisser, elle est portée chez le teinturier et l’imprimeur. Les fabricants lyonnais constituent des stocks de soieries écrues, qui sont teintes ou imprimées au dernier moment, en fonction de la mode 2583 . L’un des premiers à préconiser la teinture en pièces, dans les années 1870, est l’entreprenant Permezel . Grâce à cette nouvelle organisation de la production, le travail du tissage devient plus régulier, moins dépendant de la mode. Il suffit désormais de teindre les étoffes écrues aux couleurs en vogue. Pour le fabricant, cela lui permet de répondre plus rapidement aux ordres de sa clientèle, à condition de disposer d’importants stocks de pièces écrues en magasin 2584 . Les apprêteurs reçoivent pour mission de changer l’apparence, le toucher et le brillant des soieries 2585 .

Notes
2582.

BERGERON (L.), 1998.

2583.

LAFERRERE (M.), 1960, p. 115.

2584.

ADI, 46Q279, ACP du 15 janvier 1893 (compte devant Me Lavirotte, à Lyon , le 6 janvier). Au 30 novembre 1891, la maison Pravaz & Bouffier, spécialisée dans la fabrication de crêpes, possède pour 687.246 francs de tissus écrus dans ses magasins lyonnais (50% en valeur des pièces en stock), pour 271.296 francs de tissus non teints (20%) et apprêtés et pour 409.799 francs de soieries teintes et apprêtées (30%).

2585.

BAYARD (F.), DUBESSET (M.) et LEQUIN (Y.), « Un monde de la soie, les siècles d’or des Fabriques lyonnaise et stéphanoise (XVIIIe-XIXe siècles) », in LEQUIN (Y.), 1991, p. 113.