II-Vers l’intégration du tissage.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la concentration industrielle s’accélère en France et donne naissance à quelques gigantesques entreprises dans les secteurs cotonniers et lainiers, sans toutefois rivaliser avec leurs homologues anglaises ou allemandes. L’industrie de la soie suit une voie moins linéaire, avec une intégration moins poussée. Alors que jusqu’à présent les fabricants de soieries avaient davantage privilégié la préservation de leur autorité et de leur pouvoir au détriment de l’efficacité, ils doivent changer de stratégie avec la crise économique et la montée de la concurrence dans les années 1880. Pour cela, ils font le pari de l’intégration usinière 2695 . Il s’agit pour eux de lever plusieurs incertitudes quant à la réalisation de leurs ordres, aussi bien sur la qualité que sur les délais 2696 . Avec la crise des années 1880, les façonniers ont pris l’habitude de multiplier les donneurs d’ordres, entraînant de perpétuelles négociations.

L’intégration d’une usine à une maison de fabrique répond-elle à une exigence en matière de réduction de coûts ? En d’autres termes, est-ce que tisser soi-même l’étoffe ne revient pas moins cher, dans la mesure où la part de bénéfices attribuée au façonnier disparaît ?

Notes
2695.

CORIAT (B.) et WEINSTEIN (O.), 1995, p. 59.

2696.

BAUDRY (B.), 2005, p. 27.