Les fabricants-usiniers.

En 1910, au moins quarante-huit des cent cinquante-sept adhérents à l’Association de la Fabrique lyonnaise sont des fabricants-usiniers 2708 . Les fabricants de tulles et de crêpes sont parmi les premiers à intégrer des usines à l’instar de Dognin & Cie à Calais puis à Lyon , de Montessuy & Chomer à Renage , Pravaz 2709 & Bouffier à Lyon ou encore de Baboin à Lyon et à Saint-Vallier.

Progressivement, les maisons lyonnaises abandonnent leur spécialisation et ouvre plusieurs rayons de soieries : en 1894, la maison J. Bachelard & Cie présente à l’Exposition de Chicago des velours unis noirs et couleurs, des façonnés, de la haute nouveauté, des tissus d’ameublement. La maison Bardon & Ritton offre aux curieux aussi bien des soieries unies, que des articles nouveautés, des moires et des teints en pièces. Quant aux patrons de la maison E. Chevillard & Cie, ils proposent des satins, des velours, des damas, des tissus façonnés… Léon Permezel possède des rayons satins (unis, rayés et imprimés), velours, façonnés, damas, bengaline, gaufrés, parapluies… la plupart teints en pièces 2710 .

Les fabricants-usiniers préfèrent concentrer leurs investissements sur un seul type d’activité, généralement le tissage. Plus exceptionnellement, ils peuvent intégrer le moulinage et le tissage, comme Michel frères (devenu Ponson & Cie). La maison Poncet père & fils loue à partir de 1892 une filature de cent bassines produisant dix mille kilogrammes de soie et un moulinage, à Garges, dans l’Hérault, dont l’ensemble de la production leur est exclusivement attribuée 2711 .

Tableau 49-Fabricants-usiniers établis en Isère. (Deuxième moitié XIX e siècle-début XX e siècle)
Fabricants Origine Leur(s) fabrique(s) en Isère
Affiliation à un syndicat
(en 1911) 2713
Adam & Cie   Corbelin, Montalieu  
Algoudfrères 1850 Le Grand-Lemps ASL
Araudfrères   Pont-de-Beauvoisin, (Châbons)  
Atuyer, Bianchini & Férier 1889 La Tour du Pin, Dolomieu ASL
Bardon,Ritton & Cie 1844 (Morestel, Champier, Valencogne, Voiron)  
E. Barlet & Cie   Moirans puis Tullins  
Bellonfrères & Conty 1834 Vizille, La Murette, Pont-en-Royans, Voiron (Tresca)
S.a. des Ets Bickert 1880 Moirans, Longechenal AFL, ASL
De Boissieu& Cochaud 1871 Corbelin, La Tour-du-Pin (Cochaud)
Ant. Boirivantainé   Chimilin  
Les Petits-Fils de C. J. Bonnet 1810 Voiron ASL
Boucharlatfrères & Pellet 1852 Les Abrets ASL
Brosset,Heckel & Cie   Le Péage de Roussillon  
Brun   Cessieu  
J. Cherblanc 1860 Nivolas AFL
P. Cochaud& Cie   Montalieu, La Tour-du-Pin AFL
Michel Cochet& Cie   Bourgoin  
Combet & Rabatel   Corbelin  
Contamin&André   La Tour-du-Pin, Montcarra  
Crozierfrères   Tignieu  
Delonfrères   Saint-Antoine  
Ducôté & Cote   Cessieu AFL
A. Dubois& fils 1848 La Frette, La Côte-Saint-André, Saint Hilaire de la Cote, Saint-Georges-d’Espéranche  
Dufêtrepère & fils   La Sône  
Durand frères 1767 Vizille  
L. & A. Emery 1859 Châtonnay Disparue
P. Fortoul 1852 Les Abrets (Boucharlat)
Veuve Gillet 1868 La Murette AFL
Gindre & Cie 1828 La Bâtie-Montgascon, Ruy ASL
Alexandre Giraud& Cie 1810 Charvieu, Châteauvilain, Les Abrets ASL
A. Girodon& Cie 1840 Renage, puis Saint-Siémon-de-Bressieux, Viriville AFL
Grataloup & Cie   Bévenais, Ruy  
Guéneau & Cie 1820 Châbons ASL
Ant. Guinet & Cie 1834 Vizille, puis Pont-de-Beauvoisin AFL
Jandin & Duval 1852 Vizille (Alliance)
A. Jurie & Cie   Les Avenières  
Kielce & Marses   Sar dieu AFL
Lafute & Diederichs 1862 Bourgoin, Jallieu AFL
E. Landru 1859 Jallieu (Location), Châbons (Lionnes)
J. B. Martin 1841 Voiron ASL
Mauvernay Benoît   La Sône  
Michel frères   Corbelin, Rives (Ponson)
Montand & Mizoram 1820 Voiron AFL
Montessuy& Chomer 1780 Renage, Vienne AFL
Noyer, Durand & Collons 1887 Saint-Nicolas-de-Macherin, Saint-Blaise-de-Buis AFL
Ogier, Duplan & Cie 1852 Vizille (Alliance)
Peillon, Goujon & Roche   Renage (Montessuy)
L. Permezel& Cie 1870 Voiron AFL
Pitiot   La Tour-du-Pin  
Poncet père & fils 1849 Faverges (Isère ou Savoie ?)  
Ponson & Cie 1829 Corbelin Disparue
Roussel, Pelletier & Gervésie 1894 Tullins ASL
Savoye& Cie   Charvieu (A. Giraud)
E. Tournu& Cie   Chavanoz  
A. L. Trapadouxfrères & Cie 1854 Jallieu Disparue
Albert Tronc & Cie   Tullins AFL
Vulpilliat
  Renage, Voiron Disparue

Plus modestement, à la fin de l’année 1894, Cochaud , un des confrères de Permezel , spécialisé dans la fabrication des nouveautés, des foulards et des soieries teintes en pièces, décide de compléter son dispositif industriel – un tissage mécanique construit depuis moins d’une dizaine d’années à Montalieu-Vercieu – par une nouvelle organisation commerciale. Il promeut un de ses employés, Emile Chalencon, au rang d’associé, avec pour mission « d’amener à la société des affaires américaines ». Il prend en charge la gestion commerciale à Paris où se trouve le siège d’un important commissionnaire en soieries, Morand, Rémond & Cie au capital de 1.500.000 francs, avec lequel la maison Cochaud est en relation d’affaires. Quelques années plus tard, l’outil industriel est développé par l’adjonction d’une seconde usine, un dévidage, à La Tour-du-Pin 2714 . Cochaud a besoin d’assurer un flux régulier de commandes pour son usine afin d’amortir au mieux son investissement. L’exemple le plus frappant est probablement celui d’Atuyer, Bianchini & Férier dont le capital passe de 300.000 francs en 1894 à 1.800.000 francs quatre ans plus tard, pour tenir compte de l’intégration de tissages à l’entreprise et de son essor : en 1895, cette maison fait l’acquisition des deux tissages appartenant à un important façonnier, Gabriel Bargillat , à La Tour-du-Pin et à Dolomieu 2715 .

Tableau 50–Les maisons de soieries : capitaux et associés (1887-1909).
Raison sociale Date Adresse Statuts Capital
(en francs)
Durée
(en année)
Nombre d’associés
Devaux & Bachelard 1887 12, quai Saint-Clair SNC 300.000 6 2
Maurel & Chabert 1890 10, rue des Feuillants SNC 850.000 4 et 9 mois 2
Trescafrères & Cie 1890 8, rue du Griffon SNC Com. 4.200.000 4 5
Dognin & Cie 1891 1, rue Puits Gaillot SNC 1.000.000 20 4
A. Gourd& Cie 1891 1, quai de Retz SNC Com. 1.000.000 5 6
H. Adam & Cie 1891 18, rue Lafont SNC 300.000 6 2
A. L. Trapadoux& Cie 1891 17, rue du Griffon SNC Com. 2.000.000 3 29
E. Chevillard& Cie 1892 14, rue Pizay SNC 1.300.000 10 3
Bickert& Besson 1892 16, rue Désirée SNC 280.000 3 2
Bardon& Ritton 1892 4, rue des Feuillants SNC 600.000 6 5
Alexandre Giraud& Cie 1895 12, rue du Griffon SNC 100.000 3 2
Bouffier & Pravazfils 1899 16, rue Lafont SNC 1.000.000 6 3
Duplan & Cie 1899 68, rue Vendôme SNC 800.000 12 2
Les successeurs de G. Montessuy 1900 25, place de la Comédie SNC 1.200.000 15 2
Boucharlatfrères & Pellet 1900 11, impasse Lorette SNC 700.000 6 3
Ruby& Cie 1900 27, rue Royale SNC Com. 1.000.000 9 3
P. Guéneau & Cie 1903 7, place du Griffon SNC 300.000 8 3
P. Cochaud& Cie 1903 17, rue du Griffon SNC Com. 300.000 6 3
Chavent père & fils 1908 2, rue Puits Gaillot SNC 300.000 3 2
L. Permezel& Cie 1908 8, rue Pizay SNC 1.000.000 10 2
Noyer, Durand & Collon 1909 19, place Tholozan SNC 600.000 10 et 3 mois 2
Ets Bickert& fils 1909 8, rue des Ecoles SA 2.400.000 30 8
A. Girodon& fils 1909 8, quai de Retz SA 1.500.000 50 7

Source : ADR, 6Up, Actes de société.

À partir des années 1880, les fabricants de soieries ont besoin de capitaux plus importants pour gérer leurs maisons, d’une part pour intégrer des usines, d’autres part pour constituer de lourds stocks de soieries écrues imprimées selon le goût du moment. Il n’est plus rare désormais de voir des maisons ayant besoin d’un capital social supérieur au million de francs. En dessous de 300.000 francs de capital social, une maison de soieries fait généralement peu d’affaires. Seules les maisons les plus anciennes ayant déjà amorti leur matériel et leurs usines peuvent se permettre d’avoir un capital social réduit, compensé par le dépôt de fonds en compte courant. Lentement, la durée des sociétés s’allonge, mais les patrons de la Fabrique restent attachés à des sociétés de courte durée. Les fabricants-usiniers tiennent davantage compte de l’amortissement de leurs immobilisations avec des durées prévues supérieures à dix ans. Les fabricants de soieries conservent une mentalité de négociants, contrairement aux façonniers qui ont précocement adopté l’esprit industriel.

À partir des années 1880, un demi siècle après les entreprises cotonnières alsaciennes mais en même temps que le patronat lainier roubaisien, les fabricants lyonnais dépassent le cadre de leur territoire manufacturier pour investir dans des tissages à l’étranger 2716 . Le Bas-Dauphiné devient une région parmi d’autres. Le lien de proximité qui existait entre Lyon et son hinterland se détend au profit d’un espace à l’échelle mondiale. Jadis, les tisseurs lyonnais étaient concurrencés par ceux des départements limitrophes. À la fin du siècle, c’est au tour des ouvriers ruraux d’être soumis à la concurrence directe des ouvriers étrangers, Italiens, Russes, Américains notamment qui sont désormais, eux aussi, au service de la Fabrique lyonnaise. Les fabricants de soieries installent des tissages à l’étranger pour contourner les barrières douanières protectionnistes et rechercher des coûts salariaux moins élevés 2717 . Cette politique d’expansion n’est pas totalement nouvelle pour les Lyonnais, si l’on se réfère à la filature des soies. En effet, les marchands de soie comme Arlès-Dufour ou Palluat-Testenoire possèdent depuis le milieu du siècle des filatures en Italie, au Japon ou en Inde 2718 . Cette stratégie mondiale n’est réservée qu’aux maisons de premier ordre c’est-à-dire J.-B. Martin , Les Petits-fils de C.-J. Bonnet , Alexandre Giraud . Toutes ces entreprises disposent déjà d’une usine en Bas-Dauphiné, les deux premières à Voiron , la troisième aux Abrets et à Châteauvilain . Au début du XXe siècle, les frères Giraud étendent leur champ d’investigation et se tournent vers la Russie, pays très à la mode chez les Français en ce début de siècle, tant chez les épargnants (les fameux « emprunts russes ») que chez les industriels (comme Schneider). En 1911, ils remplacent leur précédente entreprise par une société anonyme russe, dont le siège social se trouve à Moscou où sont localisées les usines ; la moitié du conseil d’administration revient à la famille Giraud. Entre 1912 et juin 1914, les tissages russes réalisent plus de 2.500.000 roubles de bénéfices, soit un taux de rentabilité par rapport au chiffre d’affaires supérieur à 10% par an et un taux de profit de 15%. Mais comme les entreprises du secteur, en France, ils souffrent d’un problème de trésorerie selon l’étude du Crédit Lyonnais 2719 .

Il est possible d’observer cette nouvelle organisation à « l’échelle du monde » à travers la firme suisse Rob. Schwarzenbach & Cie qui s’installe en France, en Bas-Dauphiné, pendant l’été 1891, en achetant l’usine modèle de Boussieu . Le vendeur, Michel Grataloup, qui l’exploite depuis moins d’une dizaine d’années, en manque de fonds, doit céder l’établissement fondé par Auger une quarantaine d’années plus tôt, pour 169.000 francs environ à l’entreprise suisse 2720 . Depuis plusieurs années déjà, la firme suisse, sous l’impulsion de son patron, Robert Schwarzenbach, s’est lancée dans une vaste opération d’expansion sur les marchés mondiaux, à toutes les étapes du procès industriel : dès 1879, il prend une participation dans une maison basée à Milan, Sigg & Keller, pour acheter la soie, tandis que des agences pour vendre les soieries de la maison sont établies à Londres (1883). En 1892, elle réalise un chiffre d’affaires supérieur à trente et un millions de francs, dont 40% seulement par les ateliers de Thalwil où est basée l’entreprise. En guise de comparaison, l’usine de Boussieu ne réalise que 10% des ventes. En 1913, la firme emploie plus de douze mille personnes à travers le monde dans plus d’une vingtaine d’usines et de comptoirs, avec huit mille cinq cents métiers à tisser. Son chiffre d’affaires dépasse alors les soixante-huit millions de francs 2721 , dont 8 millions environ réalisés par sa filiale française. À elles seules, les usines américaines de West Hoboken, sous la raison sociale de Schwarzenbach, Huber & Co., réalisent un chiffre d’affaires de trente-six millions de francs en 1912 2722 .

Les fabricants lyonnais délaissent, pour leurs investissements, les communes iséroises les plus proches de Lyon  : hormis les tissages Crozier , à Tignieu , et Alexandre Giraud , à Charvieu , au nord du département, toutes les autres usines se situent à plus de quarante kilomètres de Lyon. Bourgoin constitue donc la porte d’accès au Bas-Dauphiné soyeux. Entre la capitale de la Fabrique et ce dernier espace, existe une sorte de no man’s land soyeux. C’est probablement l’une des raisons qui motive le choix de la famille Crozier 2723 d’installer son tissage de velours à Tignieu en 1883-1884, aux confins du département, car la main d’œuvre féminine y est abondante et encore peu sollicitée par le tissage mécanique des soieries. La concurrence salariale y est donc moins affirmée. En revanche, quelques autochtones pratiquent déjà le tissage à domicile (peut-être pour Crozier frères ?). L’installation d’un constructeur mécanicien, Grammont, dans la commune voisine fournit, elle, du travail à une main d’œuvre essentiellement masculine. Le dernier argument justifiant cette installation à l’écart de l’espace soyeux est à rechercher dans l’ouverture de la ligne du chemin de fer de l’Est de Lyon, reliant le centre lyonnais à Tignieu en 1881 2724 .

En revanche, le no man’s land se trouve directement dans l’aire d’influence et d’attraction de Lyon qui aspire les migrants des campagnes. C’est aussi sur cet espace que s’exerce le plus fortement le pouvoir de nuisance des canuts, des règlements, des tarifs, selon les fabricants.

Notes
2708.

FLEURY (A.), 1911, pp. 24-26. Selon GARCIN (S.), 1970, pp. 14-20, cinquante-cinq fabricants sur deux cent soixante-dix possèdent une usine à la veille de la Grande Guerre. CAYEZ (P.), 1980, p. 64, avance le chiffre de soixante-cinq fabricants usiniers à la fin du XIXe siècle.

2709.

Fabricant de crêpes, Hippolyte-François Pravaz est natif de Pont-de-Beauvoisin et apparenté à Charles-Gabriel Pravaz (1791-1853), polytechnicien et médecin de renom, installé à Lyon sous la Monarchie de Juillet. Il épouse en 1861 Marie-Désirée Bayard. Il prend la suite d’une maison fondée au XVIIIe siècle. En 1863, il obtient une commandite de 200.000 francs pour développer son affaire, H. Pravaz & Cie. Promu chevalier de la Légion d’honneur grâce à sa réussite industrielle, il se lance également dans une carrière politique locale en se faisant élire conseiller général de Savoie dans le camp républicain et en présidant plusieurs comices agricoles. Il prend à ses côtés son cousin Albert-André Bouffier, futur président du conseil général du Rhône et sénateur. Les deux associés construisent une usine de teinture et d’apprêt à Lyon, dans la rue Duguesclin, sur un terrain des Hospices Civils. En 1881, la maison Hte Pravaz & Bouffier dispose d’un capital social d’un million de francs. Pravaz décède à Lyon le 10 novembre 1892 en laissant à ses trois enfants une succession évaluée à au moins 930.860 francs. Voir la notice sur Charles-Gabriel Pravaz, rédigée par LEMAIRE (Jean-François), « Pravaz », in TULARD (J.), 1995, p. 1046.

2710.

CHABRIERES (A.) et GUINET (J.), 1894, p. 132.

2711.

CHABRIERES (A.) et GUINET (J.), 1894, p. 10.

2712.

BENOIT (J.), 1866, pp. 11-22, FLEURY (A.), 1911, pp. 21-22 et 24-26, CAYEZ (P.), 1980, pp. 66-67, 78 et 86. La liste de Pierre Cayez a été partiellement reprise et complétée.

2713.

AFL = Association de la Fabrique Lyonnaise. ASL = Association de la Soierie Lyonnaise.

2714.

ADR, 6Up, Acte de société sous seing privé enregistré le 30 septembre 1894, ADI, 9U2403, Justice de Paix de La Tour-du-Pin , Acte de société sous seing privé du 10 juillet 1903 et ABdF, Rapport d’inspection de la Banque de France à Lyon , année 1894. Le capital social de l’entreprise en 1894 s’élève alors à seulement 400.000 francs, contre 300.000 francs en 1903. Le siège de la maison se trouve non loin de celle de Permezel , au n°17 de la rue du Griffon depuis le Second Empire.

2715.

VERNUS (P.), 2006a, pp. 34, 36-37.

2716.

VERLEY (P.), 1994, pp. 208, 221.

2717.

Pour les délocalisations industrielles, voir par exemple WEIL (F.), 1991.

2718.

CAYEZ (P.), 1980.

2719.

ACL, DEEF 49077.2, Rapport dactylographié sur la Société des fabriques de soieries C. Giraud fils, émission d’actions privilégiées, du 29 juin 1914.

2720.

ADI, 3Q4/175, ACP du 13juillet 1891 (vente devant Me Marthouret, Bourgoin , le 7 juillet 1891) : la maison bourgeoise appartient encore à Victor Auger . SCHWARZENBACH (R.), 1917.

2721.

L’une des plus importantes maisons lyonnaises, Atuyer, Bianchini & Férier ne réalise en 1913 qu’un chiffre d’affaires de treize millions de francs environ. En 1900, la maison Lafute & Diederichs vend pour cinq millions de francs de soieries. Voir VERNUS (P.), 2006, p. 76, ROJON (J.), 1996a, p. 63.

2722.

SCHWARZENBACH (R.), 1917. La maison suisse, fondée en 1829 par Johannes Schwarzenbach (1804-1861), fils d’un propriétaire terrien, a son siège social à Thalwil, près de Zurich . Comme la plupart de ses homologues lyonnais, Schwarzenbach a d’abord recours au travail dispersé dans les campagnes suisses. À son décès, son fils Robert (1839-1904), qui a suivi des études à l’Ecole de Commerce de Zurich, avant de se rendre quelques mois à Amsterdam puis à Sumatra, lui succède. En 1882, les Schwarzenbach emploient cinq mille deux cents personnes à leur service, réalisant dix millions de francs de chiffre d’affaires grâce à quatre mille cinquante-cinq métiers à bras dispersés autour de Laufen, Mervelier, Courroux, Bonstetten, Erlenbach, Richterswil, Oberrieden, Horgen, Hedingen, Steinen. Les métiers mécaniques ne font leur apparition à Thalwil qu’en 1884. Robert Schwarzenbach entreprend l’internationalisation de la firme familiale à partir de 1879 : la firme s’installe et se développe à San Pietro-Seveso en Italie et à West Hoboken, sur la côte est des Etats-Unis en 1883 grâce à l’alliance avec Jacques Huber. En 1898, la maison suisse s’installe en Allemagne, à Hüningen, à proximité de la frontière suisse, près de Bâle , puis en 1906, à Constance.

2723.

La maison Crozier frères est fondée par Jean-Joseph et Jules Crozier. Par leur mère, Marie-Antoinette Vachon, ils descendent de Joseph Vachon, un riche négociant lyonnais. Leur tante, Jeanne-Joséphine Vachon, est l’épouse de Joseph-Edouard Tresca  : par cette alliance, les frères Crozier se trouvent être les cousins germains du fabricant de soieries Pierre Tresca, l’héritier de Joseph Bellon . En 1860, Jean-Joseph Crozier, alors commis négociant, épouse Jeanne-Honorine-Alice Mélonier, la fille du directeur du Mont-de-Piété de Lyon . Les deux frères Crozier, associés aux frères Brisson, disposent d’un capital social de 400.000 francs en 1880. Cependant, en 1883, les deux clans se séparent et les frères Crozier restent seuls. Le capital de leur maison n’est plus que de 300.000 francs. Cependant, Jean-Joseph décède à Saint-Didier-au-Mont-d’Or le 25 août 1887 en laissant à ses quatre enfants une fortune évaluée à 156.852 francs. Son frère se retire des affaires en 1895. En effet, à cette date, la société appartient à Antoine-Eugène et Ernest-Henri Crozier, deux des fils de Jean-Joseph. À cette date, le siège de l’entreprise n’est plus à Lyon, mais dans l’usine de Tignieu . Voir également GAUTIER (A.), 2006, pp. 21-21.

2724.

GAUTIER (A.), 2006, p. 44.