1-Un solide maillage bancaire.

Comme le relève Olivier Chabasseur, « de par sa profession d’origine, les relations du banquier sont très étendues ; dans « sa ville », il connaît tout le monde et tout le monde le connaît. Son intégrité est de notoriété publique et l’honorabilité de sa famille est au-dessus de tous soupçons » 3068 .

Déjà, sous le Second Empire, le territoire du Bas-Dauphiné est maillé par un ensemble de petites banques locales exerçant leurs activités dans les principaux bourgs. L’Isère, et en particulier le Bas-Dauphiné, dispose de plusieurs banques solidement implantées dans l’économie locale, en différents points de son territoire, mais sans influence au niveau régional. En 1869, le département compte ainsi vingt-quatre banquiers patentés, sans compter la succursale de la Banque de France, contre trente-neuf environ pour le département du Rhône 3069 , et dont moins de la moitié a pignon sur rue à Grenoble. Le semis bancaire est déjà assez dense avec un ratio de vingt-quatre mille habitants par guichet bancaire 3070 . Peut-on pour autant parler de Système bancaire alpin, dans le cadre d’une région industrielle – ou mieux d’un district industriel 3071  ? Les façonniers ont besoin de deux banques, l’une à Lyon pour se faire payer les façons par les fabricants, et l’autre en Bas-Dauphiné pour se procurer du numéraire (essentiellement pour les salaires de la main d’œuvre), escompter des effets et régler les fournisseurs. La banque locale constitue donc le second pilier du financement à court terme des façonniers.

Notes
3068.

CHABASSEUR (Olivier), Les banques régionales et locales en France et en particulier dans le Dauphiné, Grenoble, Imprimerie Allier, 1942, p. 86.

3069.

GIMEL, 1870, p. 419. Jean Labasse explique cette forte densité de banques privées en Isère au XIXe siècle, grâce à l’existence d’un « caractère séparatiste » puisant sa source au rattachement de la province en 1349 au royaume de France, qui donne naissance à un exceptionnel esprit d’initiative en matière bancaire, d’une part, et grâce à l’isolement de la contrée par rapport aux grands axes commerciaux à l’époque moderne, qui a favorisé un « relatif cloisonnement » de la vie économique, loin des grands centres financiers. Voir LABASSE (J.), 1955, pp. 186-187. Cependant, avec vingt-quatre banquiers patentés, l’Isère se classe loin derrière la Gironde (97), le Nord (91) ou la Charente (75).

3070.

PLESSIS (A.), 1987.

3071.

BONIN (H.), 2002.