Les banques locales.

Les banques dauphinoises accordent davantage leurs faveurs au commerce et à l’artisanat qu’à l’industrie textile. Il suffit pour s’en convaincre de consulter les dossiers de faillites et les mutations par décès de ces banquiers. Les façonniers du textile sont boudés par les banquiers locaux qui leur préfèrent, et de loin, les artisans ou les commerçants. À défaut d’archives privées, nous pouvons nous rabattre sur les mutations par décès des banquiers locaux, cependant, celles-ci n’indiquent pas s’il s’agit des comptes de l’entreprise ou des comptes personnels des façonnniers.

À La Tour-du-Pin , Alexis Costaz 3072 est signalé comme banquier dès la Restauration. Très lié à la banque grenobloise Charles Durand & Cie, il investit volontiers ses capitaux dans les industries sucrières et papetières, balbutiantes alors en Isère, là où la plupart de ses confrères rechignent à investir directement dans l’industrie. Le gendre de Costaz, Honnorat, lui succède à son décès. En 1882, la banque Honnorat, Costaz & Cie dispose alors d’un capital de 200.000 francs, mais Honnorat, contrairement à son beau-père, préfère accorder ses faveurs aux agriculteurs des campagnes environnantes plutôt qu’à l’industrie 3073 . Dès 1850, un marchand de bois de la même commune fonde le Comptoir d’Escompte de La Tour du Pin, au capital d’un million de francs, affilié à l’Union des Comptoirs qui dépend de la Société des Banques Unies, basée à Lyon . Cette nouvelle institution doit évidemment desserrer l’étau qui frappe le Bas-Dauphiné depuis les terribles faillites bancaires de la décennie précédente. En même temps, est fondé à Grenoble le Comptoir Uni, avec, lui aussi, un capital d’un million de francs 3074 . Cependant, ce dernier établissement bancaire n’ayant pas laissé de traces, il est possible qu’il n’ait eu qu’une existence éphémère 3075 .

À Pont-de-Beauvoisin , Pierre-Auguste-Désiré Berlioz exerce la profession de banquier grâce aux capitaux accumulés par sa famille au siècle précédent dans le négoce des toiles de chanvre dans cette cité frontalière 3076 . Dans le tissage mécanique, le banquier local acquiert une position plus importante dans la mesure où ses fournisseurs sont moins nombreux et établis dans les environs immédiats de l’usine (hormis bien sur les fabricants lyonnais). À la fin du siècle, à Pont-de-Beauvoisin, deux banques rivalisent pour capter les fonds des campagnes, Berlioz & Cie, avec un capital de 80.000 francs, jusqu’à sa mise en liquidation judiciaire en 1905, et la banque Perrier frères, plus récente, qui compte dans sa clientèle un façonnier en soieries comme Mignot, de Saint-Bueil . Pierre Mignot a recours, pour ses opérations bancaires, au Crédit Lyonnais, à Lyon , et à cette banque locale. Cet établissement bancaire assure au tissage d’importants découverts, lui permettant ainsi de faire la jointure entre le paiement des salaires (toutes les cinq semaines) et le règlement des façons par les fabricants (le plus souvent à quatre-ving-dix jours) 3077 .

Dans la plaine de Bièvre, essentiellement agricole, la banque Hanoteau & fils, fondée par un vétérinaire et son fils, et sise à La Côte-Saint-André, au capital de 140.000 francs, draine les capitaux des petits exploitants et des liquoristes. Dans le petit bourg des Abrets , au centre d’une nébuleuse de tissage, on trouve la banque Ferrand & Cie, fondée en 1898 3078 .

Comme à La Tour du Pin, à Bourgoin , une banque participe au développement industriel local : la maison Rivière père & fils est fondée par Antoine Rivière sous la Restauration. On lui doit le développement de l’usine de soieries de Châteauvilain dans les premières années de la Monarchie de Juillet. Une première faillite au milieu des années 1840 ne l’empêche pas de poursuivre ses activités de banque, mais en se méfiant désormais des investissements industriels. Toutefois, la maison Rivière ne résiste pas aux vicissitudes politiques du Second Empire, car ses dirigeants s’affirment publiquement comme de farouches opposants au nouveau régime : une nouvelle faillite est prononcée. Toujours à Bourgoin, Louis-Joseph-Michel Roche a d’abord bâti sa fortune sur le négoce des grains. Il consent des prêts par l’intermédiaire des notaires. Grâce aux capitaux accumulés par son père, un aubergiste, le jeune Jean-Pierre Pierri 3079 se lance dans le prêt – quelques mauvaises langues diraient l’usure – de modestes fonds à des propriétaires terriens ou à des commerçants, c’est-à-dire à des individus lui offrant des garanties de remboursement par la souscription d’obligations hypothécaires. Sans doute a-t-il appris le maniement de l’argent dans l’échoppe de son père, car, à l’époque, il est courant que l’aubergiste fasse crédit à ses clients. Son succès est rapide à Bourgoin. Il se forge une solide réputation sur la place, d’autant qu’il exerce alors un quasi-monopole bancaire. Grâce à l’aisance financière acquise et à son réseau de correspondants, construit tout aussi méthodiquement, il obtient non moins rapidement la clientèle des principaux industriels de Bourgoin-Jallieu , les Brunet-Lecomte. Dès les années 1860, voire même dès la fin de la décennie précédente, ceux-ci sollicitent les services de Pierri pour traiter une partie de leurs effets de commerce et pour leur fournir, le cas échéant, de la monnaie sonnante et trébuchante pour la paie des ouvriers. Pour les gros effets de commerce, les Brunet-Lecomte s’adressent en revanche à leur partenaire lyonnais, la banque Aynard & Rüffer. Les Brunet-Lecomte et Jean-Pierre Pierri s’entendent d’autant mieux qu’ils ont de solides affinités politiques et confessionnelles : ils représentent les milieux conservateurs et le parti de l’ordre sous le Second Empire et dans les années 1870. Maire de Bourgoin à partir de 1867, Pierri est élu conseiller général en 1871 dans le sillage de Thiers. Il inscrit son action politique dans celle du gouvernement d’ordre moral, soutenant la candidature de Baboin dans la circonscription de La Tour-du-Pin lors des législatives de 1877 3080 . Il perd tous ses mandats politiques en 1877. Comme la politique d’Ordre moral prônée, il est balayé par l’industriel Pierre Pascal, propriétaire d’une vaste cartonnerie aux Eparres 3081 . Pour sa part, Henry Brunet-Lecomte occupe le fauteuil de maire de la commune voisine, Jallieu, entre 1860 et 1870, alors qu’il siège au Conseil municipal depuis 1848. Catholiques pratiquants dans une petite ville de province, on peut supposer qu’ils fréquentent les mêmes cercles. Jean-Pierre Pierri, le principal banquier de Bourgoin, préfère accorder des prêts à quelques gros propriétaires fonciers offrant de solides garanties 3082 . Sur les 880.000 francs environ de créances diverses ou hypothécaires en compte chez lui, on ne relève aucun industriel ! Il doit au mieux se contenter d’escompter quelques papiers, comme nous l’avons vu avec Brunet-Lecomte. Le principal concurrent de Pierri, à Bourgoin, dans les années 1870, se nomme Dalban, qui parvient à convaincre la maison Brunet-Lecomte de traiter ses affaires chez lui désormais. En 1877, Dalban accorde un prêt de vingt mille francs à Bouvard, un petit filateur de coton de Bourgoin, avant que celui-ci ne fasse faillite Probablement fragilisé par la crise économique et industrielle qui touche durement la région lyonnaise à partir de 1882, Dalban transforme sa banque en société en commandite, d’un capital de cent mille francs en 1883, grâce à l’appui de neuf commanditaires, dont les banquiers Fière , de Voiron , et le fabricant lyonnais Camille Chavant , également installé à Voiron. Mais cela ne suffit pas, et Dalban doit liquider son établissement avant son décès en 1886 3083 . Ainsi, dans les années 1860 et au début de la décennie suivante, les Brunet-Lecomte ont pour banquiers, la maison Aynard & Rüffer, à Lyon , l’un des plus importants banquiers privés de la place, et Jean Pierre Pierri, à Bourgoin. Puis, probablement à l’instigation de Michel Brunet-Lecomte , ils se tournent vers Droche, Robin & Cie, de Lyon, et vers le correspondant local de ces derniers, H.G. Dalban & Cie, de Bourgoin. Dans le cas de la manufacture d’impression, le banquier local occupe un rôle marginal, se limitant à l’escompte de quelques effets secondaires. Le numéraire est fourni par le principal client de la manufacture, la maison Brunet-Lecomte, Devillaine 3084 & Cie, qui adresse, chaque mois, un group à Bourgoin pour payer les ouvriers (généralement 20.000 francs dans les années 1860). Le banquier lyonnais est, en revanche, un rouage essentiel à la bonne marche de l’entreprise puisqu’il sert d’intermédiaire dans le règlement des fournisseurs de la manufacture, qu’ils soient Lyonnais, Parisiens, Alsaciens ou Suisses. Grâce à l’escompte des effets de commerce par son banquier lyonnais, la manufacture Brunet-Lecomte peut régler ses fournisseurs les plus éloignés tout en obtenant un crédit à court terme 3085 . Elle s’approvisionne majoritairement à Lyon en matières colorantes, les sous-traitants qu’elle emploie (graveurs, teinturiers, grilleurs) y sont également domiciliés.

Tableau 62-Principaux banquiers du Bas-Dauphiné, dans la seconde moitié du XIX e siècle.
Nom du banquier Ville Date de la mutation par décès Fortune au décès
(en francs)
Actif bancaire 3086
(en francs)
Joseph-Théodore Carlin 3087 Rives 1901 593.487 1.695.513
Jean-Pierre Pierri 3088 Bourgoin 1896 1.320.661 995.739
Louis-Joseph-Michel Roche Bourgoin 1872 1.887.349 847.531
Joseph-François Moyne-Bressand Bourgoin 1890 197.043 176.193
Joseph-Frédéric Honnorat 3089 La Tour-du-Pin 1894 53.269 160.376
Auguste-André Fière Voiron 1886 337.090 154.783
Frédéric Broquis Rives 1892 149.302 121.985
Auguste Humbert Voiron 1885 188.939 134.298
Antoine Rivière Bourgoin 1862 107.783 67.000
Alexis Costaz La Tour du Pin 1876 83.797 27.507
Augustin-Jérôme Repellin Voiron 1876 147.540 0
Pierre-Auguste-Désiré Berlioz Pont-de-Beauvoisin 1877 245.603 ?
François-Joseph Brun-Baronnat Tullins 1841 203.948 ?

Sources : Mutations par décès.

À Bourgoin , Pierri , longtemps en position de force, subit la concurrence dans l’escompte et le prêt, du minotier Charles Bonhomme père qui dispose d’une fortune d’un million de francs pour traiter ses affaires, dont trois cent mille investis dans ses affaires : s’il continue de diriger sa minoterie, c’est son fils homonyme qui se charge de l’escompte de papiers commerciaux et de prêts à des agriculteurs et plus rarement à des industriels 3090 . Dans les années 1890, un autre banquier s’installe à Bourgoin, Joseph Gauthier, disposant d’une fortune de 600.000 francs et d’un « bon crédit ». D’après la Banque de France, les affaires de Gauthier concernent essentiellement les placements et la spéculation immobilière, l’assurance, le prêt aux agriculteurs et l’escompte pour des « petits industriels de la région ». Les inspecteurs de la Banque de France le présente plutôt comme un « marchand de biens » 3091 . Plus modestement, Moyne-Bressand, qui opère dans les années 1880 grâce à un capital d’environ 200.000 francs, s’occupe uniquement de l’escompte d’effets de faible importance, il est donc peu probable que des façonniers utilisent ses services, mais plutôt des agriculteurs et des minotiers 3092 . La Veuve Moyne-Bressand est la première à se retirer des affaires, à la fin du XIXe siècle. Puis, c’est au tour de Gauthier, qui, en 1903, préfère liquider son entreprise avant l’installation annoncée d’une agence du Crédit Lyonnais à Bourgoin 3093 .

À Saint-Marcellin , Laurent David apparaît comme le principal bailleur de fonds de l’arrondissement au milieu du siècle, avec une certaine envergure, puisqu’il est en mesure de donner 47.000 francs en avancement d’hoirie en 1864 à sa fille lors de son mariage avec un banquier de Montélimar. Dans les années 1860, un second banquier a pignon sur rue à Saint-Marcellin, Victor Perret 3094 , qui d’ailleurs a la confiance de Fleury Cuchet et de son gendre Crozel. Perret est chargé de fournir une partie du numéraire nécessaire à Cuchet pour procéder à ses achats de cocons sur les marchés locaux, au nom de ses clients lyonnais en échange de traites et du paiement d’une commission. En effet, pendant la saison d’achat des cocons pour la filature, c’est-à-dire en juin essentiellement, la maison d’origine italienne Feroldi & Cie, des marchands de soie également établis à Lyon , lui expédient régulièrement des groups, mais cela ne suffit pas toujours à régler les achats quotidiens. En l’absence d’autres liquidités, le banquier local vient soutenir Cuchet dans ses achats par ce procédé 3095 . À Tullins , c’est Adrien Brun-Baronnat 3096 qui fait figure de banquier local sous le Second Empire, grâce à ses relations avec la principale banque locale de Grenoble, Gaillard père & fils, puis dans les années 1880, il est à peine éclipsé par une autre petite banque locale, Vieux & Frébet, qui est également marchand de fer, au modeste capital de 40.000 francs, mais qui a l’avantage d’être le correspondant du Crédit Lyonnais à Tullins. Vieux & Frébet a su capter la clientèle des fabricants de chaussures des environs 3097 . Pourtant, la banque Brun-Baronnat est solidement établie depuis 1820 à l’instigation de François-Joseph qui s’établit à l’âge de vingt-cinq ans. Lorsqu’il décède à l’automne 1841, son épouse, Cécile Masson , poursuit l’affaire. Mais la banque la plus importante de l’arrondissement de Saint-Marcellin reste celle de la famille Brun-Baronnat, avec un capital de 200.000 francs au milieu des années 1890, réduit à cent soixante mille francs en 1895. Cette banque est commanditée discrètement par le papetier rivois Victor Blanchet . Ce dernier soutient également avec ses fonds, la banque Viallon, à Rives , héritière de la banque de Théodore Carlin , lorsqu’en 1906 elle traverse une mauvaise passe en raison d’importantes immobilisations de capitaux. La banque Brun-Baronnat est toutefois concurrencée par des établissements de taille plus modeste comme Champavier (capital de 60.000 francs), et Boissieux & Massey à Saint-Marcellin.

À Rives , au cœur de la vallée industrielle de la Fure, riche en taillanderies, en forges et en papeteries, on note la présence comme banquier de Jules-Amédée Martinon, originaire de cette commune (né en 1802), puis de Théodore Carlin 3098 et de Frédéric Broquis 3099 . En 1881, pour conduire ses affaires, Carlin ne dispose que d’un maigre capital : 80.000 francs en propre et autant en commandite 3100 . En revanche, Théodore Carlin, établi à Rives, s’intéresse davantage à la clientèle industrielle avec la même modération. Parmi ses clients, on relève ainsi Allimand 3101 (4.344,05 francs) dans la construction mécanique, Blanchet frère & Kléber (2.227,75 francs) et Louis Bruel (281,80 francs) dans la papeterie, Boirivant & Cie, de Réaumont (1.130,75 francs) dans le secteur lainier, et deux façonniers du textile, Eugène Combe, de Renage (3.304,95 francs) et Léon Gillet à Apprieu (111,10 francs), alors que le montant total des comptes débiteurs atteint environ 430.000 francs, sans compter les effets en portefeuille (540.000 francs). Carlin est également le créancier d’un important façonnier, Honoré Bruny , à hauteur de plus de 40.000 francs pour une obligation hypothécaire souscrite en 1889 3102 .

Les mutations par décès ne mentionnent pas en revanche les ouvertures de crédit ni le montant des découverts autorisés. De même, les minutes notariales recèlent quelques ouvertures de crédit faites par des banquiers, mais le plus souvent elles s’adressent à des commerçants ou à des propriétaires terriens. En 1863, au moment de sa faillite, la banque Veuve Rivière & Fils 3103 , établie à Bourgoin , n’a aucun industriel pour client, mais uniquement des négociants, des commerçants et quelques particuliers.

Notes
3072.

Banquier, Alexis Costaz, né vers 1811, est l’un des banquiers les plus importants du Bas-Dauphiné pendant la première moitié du XIXe siècle. Il épouse Joséphine Lasset [orthographe incertaine], dont il a deux filles. L’aînée, Joséphine-Marie-Louise épouse en 1857 Joseph-Frédéric Honnorat qui succède à son beau-père dans la direction de la banque locale, Costaz & Cie. En février 1830, sa banque prête déjà 37.000 francs à Pouchot, un marchand de bois pour assurer le développement de ses affaires. Costaz décède à La Tour-du-Pin le 16 août 1875 en laissant une succession de 83.000 francs environ. Honnorat décède, quant à lui, à La Tour-du-Pin le 19 décembre 1893 en laissant une succession de 53.000 francs (sans compter 112.870 francs de créances difficilement recouvrables).

3073.

ABdF, Rapport d’inspection de la Banque de France à Grenoble, année 1882.

3074.

ADI, 5U1117, Tribunal de commerce de Bourgoin , Acte de société devant Me Niodet, à Lyon , le 30 janvier 1852 et LEON (P.), 1954a, pp. 546-547.

3075.

ADI, 3E14104, Obligation devant Me Chenavas, à Bourgoin , le 8 février 1830 et 5U1117, Tribunal de commerce de Bourgoin, Acte de société devant Me Niodet, à Lyon , le 30 janvier 1852. Il convient de signaler également qu’un comptoir d’escompte est créé à Lyon à la même époque.

3076.

La fortune des Berlioz provient du négoce de toiles de chanvre à la fin du XVIIIe siècle. Augustin Berlioz est maire de Pont-de-Beauvoisin puis conseiller général (1833-1859).

3077.

APM, Grand Livres du tissage Pierre Mignot (1882-1912).

3078.

ABdF, Rapport d’inspection de la Banque de France à Grenoble, années 1894, 1895, 1900, 1903, 1906. Louis Berlioz, banquier à Pont-de-Beauvoisin accepte vers 1900, de reprendre l’activité de scierie de l’un de ses clients faillis, Tissot.

3079.

ADI, 3Q4/761, Mutation par décès du 26 novembre 1896. Pierri a été maire et conseiller général conservateur de Bourgoin de 1871 à 1877, et fondateur de la société de gymnastique locale « La Fraternelle ». En 1877, aux élections cantonales, il est battu par l’industriel Pierre Pascal, des Eparres . Il intègre le conseil d’administration de la Caisse d’épargne de Bourgoin à partir de 1868. La même année, il achète pour 60.000 francs le château des Boirieux, à Chozeau et Frontonas (un domaine de soixante-trois hectares) à un neveu du marquis de Murinais, le baron de Viry. En 1880, il devient vice-directeur de cet établissement. Notable fortuné, Pierri dote richement sa fille Marie-Jeanne-Bénédicte-Alice lors de son mariage en 1882 avec un avocat de Vienne, Pierre-Félix Combaudon : outre son trousseau (15.000 francs), la jeune fille reçoit de ses parents 235.000 francs en avancement d’hoirie ainsi qu’un domaine rural de vingt-trois hectares. Pierri décède à Bourgoin le 27 mai 1896 en laissant à ses deux enfants une succession supérieure à 1.300.000 francs, dont plus de 300.000 francs investis dans l’immobilier.

3080.

BOREL (T.), p. 199.

3081.

BRICHET (E.), 1901, pp. 52-53.

3082.

ADI, 3Q4/113 à 115, ACP du 1er juillet 1871 (ouverture de crédit de 40.000 francs consentie à la Veuve Drier de la Porte, de Bouvesse-Quirieu), du 21 juillet 1871 (ouverture de crédit à Guillaume Roux, de La Verpillière, de 35.000 francs), du 6 septembre 1871 (ouverture de crédit à Marc Antoine Badin, de Nantoin, de 51.000 francs) et du 18 janvier 1872 (ouverture de crédit à la Veuve Marion, des Avenières , de 10.000 francs).

3083.

ADI, 3Q4/133, ACP du 3 décembre 1877 (ouverture de crédit devant Me Giboulet, à Bourgoin , le 2 décembre 1877), 3Q4/665, Enregistrement le 12 mars 1883 d’un acte sous-seing privé du 1er mars. Depuis 1877, Dalban est déjà soutenu financièrement par Carlin , un banquier établi à Rives . Hippolite Dalban décède à Yokohama, au Japon, le 3 février 1886, ruiné : après sa liquidation, il reste encore près de 79.000 francs de dettes non payées.

3084.

Fabricant de soieries, Jean-Marie-Joseph Devillaine est originaire de Pevieux, dans la Loire, où il est né le 7 octobre 1821, d’un père notaire. Il débute sa carrière chez Brunet-Lecomte à lyon, avant de devenir employé intéressé aux bénéfices. Promu au rang d’associé par René Brunet-Lecomte en 1856, il épouse à l’automne 1858 Marie-Joséphine-Delphine-Sabine Denantes, issue de la famille de négociants en toiles de Voiron . Lui dispose alors d’une fortune évaluée à 150.000 francs, tandis qu’elle apporte pour 88.000 francs en trousseau ou en argent.Pendant l’été 1877, son fils Charles le rejoint dans le capital de la société comme associé. En 1891, il obtient du tribunal civil de Roanne une modification de son patronyme, désormais écrit en deux mots, « de Villaine ».

3085.

PLESSIS (A.), 2001.

3086.

Nous faisons figurer ici les créances, les effets, les billets, les espèces, le montant des comptes courants des clients… mentionnés dans les mutations par décès. Pour les successions faisant référence à la communauté de biens des époux, nous n’avons pas isolé la part de chacun des deux époux dans l’actif bancaire : autrement dit, nous mentionnons ici l’actif bancaire de la communauté, alors que pour la fortune, nous n’avons retenu que celle du banquier défunt.

3087.

La succession de Carlin comporte un lourd passif. Dans l’actif bancaire, nous avons intégré les effets en portefeuille et les créances (970.920,83 francs), ainsi que l’ensemble des créances douteuses (335.334,96 francs) et les valeurs de bourse où se trouvent des obligations hypothécaires (389.258,35 francs). La fortune est, en revanche, indiquée déduite du passif.

3088.

Pour le calcul de l’actif bancaire, nous avons intégré les valeurs de bourse, les créances hypothécaires et les créances diverses.

3089.

Dans l’estimation de la fortune, nous n’avons pas retenu le montant des créances douteuses, jugées perdues par le receveur de l’enregistrement et le déclarant de la mutation, soit 112.870 francs.

3090.

ABdF, Rapport d’inspection de la Banque de France à Lyon , années 1884, 1885, 1898. En 1894, la maison Ch. Bonhomme & fils accorde une ouverture de crédit de 60.000 francs au liquoriste Denis Chavin, de Bourgoin .

3091.

ABdF, Rapport d’inspection de la Banque de France à Lyon , années 1896, 1897, 1903.

3092.

ABdF, Rapport d’inspection de la Banque de France à Lyon , années 1887, 1892.

3093.

ABdF, Rapport d’inspection de la Banque de France à Lyon , année 1903.

3094.

Banquier, Victor Perret est né à Beauvoir le 14 décembre 1804. Il fonde sa banque en 1867.

3095.

APAG, Registre de copies de lettres 1871-1874, Lettre ms de Cuchet ou de son gendre, adressée à Victor Perret, le 2 juin 1871.

3096.

Banquier, Adrien Brun-Baronnat est né à Tullins le 4 juillet 1828. La banque Veuve Baronnat & Masson remonte en fait à 1820. Il tente vers les années 1880, de donner plus d’importance à ses affaires en fondant un nouvel établissement, le Crédit Tullinois, mais l’entreprise s’achève par un désastre financier. Cependant, la maison poursuit son activité pendant quelques années encore avec à sa tête Isidore Brun-Baronnat, son frère.

3097.

ABdF, Rapport d’inspection de la Banque de France à Grenoble, années 1888, 1889.

3098.

Banquier, Joseph-Théodore Carlin est né vers 1831. Il épouse Adélaïde Caillat, dont il a deux filles. Il décède à Rives le 16 mai 1901 en leur laissant une succession de 593.487 francs (l’actif est de 1.450.864 francs, mais il est grevé d’un passif de 897.376 francs).

3099.

Banquier, Frédéric Broquis est né vers 1820 d’une famille de liquoristes du Grand-Lemps . Il décède à Rives le 24 octobre 1892 en laissant à ses deux fils, l’un banquier et l’autre liquoriste, une fortune de près de 150.000 francs (ses apports dans sa banque sont estimés à 121.985 francs).

3100.

ABdF, Rapport d’inspection de la Banque de France à Grenoble, année 1881.

3101.

DOUILLET (R.), 1996.

3102.

ADI, 3Q20/319, Mutation par décès du 16 novembre 1901.

3103.

ADI, Dossier de faillite de la banque Veuve Rivière & Fils, Bilan. Depuis le coup d’Etat du Deux-Décembre, la famille Rivière, républicaine convaincue, manifeste ouvertement son opposition au régime impérial. Le père, Antoine, alors conseiller municipal, aurait réclamé la mise en accusation du Prince-Président et lancé un appel aux armes, ce qui lui valut d’être arrêté dans les jours qui suivent. Il se réfugie ensuite en Savoie. Son épouse, quant à elle, introduit à Bourgoin les pamphlets de Victor Hugo. Leur fils, Benoît-Scipion, avocat et directeur de la société musicale de Bourgoin, a fui après le coup d’Etat, en Belgique avant de passer en Suisse et en Italie, avant de rentrer en 1857. Suspecté d’avoir participé à l’attentat d’Orsini contre Napoléon III en 1858, il est condamné à la déportation en Algérie. Il semble donc que les déboires politiques de la famille Rivière aient eu raison de leurs affaires et de leur banque.