Chapitre 12-La main d’œuvre : de l’usine au village.

Dès le milieu du XIXe siècle, les fabricants de soieries imposent un nouveau modèle de gestion de la main d’œuvre avec l’installation d’usines-pensionnats. Par mimétisme, sans doute, quelques façonniers tentent de les imiter, mais avec davantage de souplesse. Jusqu’aux années 1870-1880, les façonniers insistent peu sur la discipline dans leurs ateliers. Le Syndicat patronal y voit un élément de faiblesse et encourage ses adhérents à renforcer la discipline pour améliorer l’organisation et les performances des tissages à façon.

Avec la crise industrielle des années 1880, tous prennent conscience qu’il faut réduire les coûts de revient et améliorer la gestion de leurs affaires pour rétablir la rentabilité du tissage de soieries. Les fabricants et les façonniers n’hésitent pas à modifier leurs pratiques dans la mesure où leur personnel a rarement manifesté ouvertement et fortement le moindre mécontentement. Jusqu’aux années 1880, les mouvements de grèves sont assez ponctuels et limités, à l’exception de celui qui traversent le Bas-Dauphiné à la fin du Second Empire. Les ouvriers ont eu plutôt des réactions individuelles que collectives.

Quelles sont les politiques patronales en faveur du personnel ? Comment les industriels parviennent-ils à réduire leurs coûts salariaux ? Quelles sont les mutations perceptibles dans les campagnes ?

Les fabricants et les façonniers poursuivent les politiques engagées depuis le milieu du XIXe siècle, les seules véritables nouveautés étant le recours à une forte main d’œuvre juvénile et italienne. Ils durcissent les mesures de contrôle et de surveillance. Devant la dureté du monde usinier, les ouvrières réagissent par un fort turnover et par des mouvements contestataires de plus en plus nombreux. Les villages du Bas-Dauphiné se transforment lentement et s’adaptent à l’âge industriel.