Un constat s’impose à la simple lecture des actes de mariages des fabricants et des façonniers : les deux groupes ne se marient pas de la même façon ! Les fabricants lyonnais prennent le plus souvent épouses parmi de riches héritières, quand bien même leur propre situation ne serait pas encore définitivement établie. Au contraire, dans les campagnes du Bas-Dauphiné, l’épouse n’apporte souvent que ses mains et de maigres économies.
Rares sont les fondateurs d’entreprises à façon à faire ce qu’on pourrait appeler un « beau » mariage. Pourtant, l’épouse aux modestes origines, n’en reste pas moins la partenaire indispensable du jeune patron à ses débuts, n’hésitant pas à tisser elle-même, ou à tenir la comptabilité. Francisque Jourdan , dont le père, Joseph, a fondé une fabrique de soixante métiers à tisser à Dolomieu , épouse en 1869 Augustine Fournier qui apporte en dot 18.440 francs. Quant à son frère, Joanny, devenu patron à son tour, il se marie dix ans plus tard avec une modeste ourdisseuse de son village (peut-être une de ses ouvrières) qui ne possède qu’un petit trousseau évalué à 500 francs et autant en espèces 3827 . Les frères Anselme , à La Tour-du-Pin , font de meilleurs mariages, alors que leur position de fortune ressemble à celle des Jourdan. Leur père, Jacques-Eugène, a débuté comme Joseph Jourdan , avec des métiers à tisser épars, puis à entamer la construction d’une fabrique. En janvier 1883, Victor-Alexis Anselme convole avec une Lyonnaise, Marie-Louise-Adèle Vallet, dont les biens s’élèvent à 20.500 francs, alors qu’il dispose de 58.000 francs, y compris une donation de 6.250 francs de la part de sa mère. Son frère, Henri-François-Lucien, se marie sept ans plus tard avec Jeanne-Marie-Berthe Bonjean, une jeune Viennoise, disposant de 48.500 francs selon son contrat de mariage (dont 40.000 francs en donation par ses parents). L’époux possède pour environ 100.000 francs de biens 3828 . André Dévigne , établi à La Tour-du-Pin depuis les années 1850, marie son fils, Antoine, à une institutrice qui ne possède en tout qu’un trousseau (2.000 francs) et une propriété rurale à Saint-Jean-de-Soudain. Ce parti n’a rien de déshonorant lorsqu’on regarde les apports du fils Dévigne : son vestiaire et 5.000 francs donné par son père 3829 .
Une telle différence de rang social explique en partie le mépris des fabricants pour les façonniers : rares sont les alliances matrimoniales entre les deux groupes. Chez les Mignot, il faut attendre la troisième génération (après 1914) pour qu’un membre de la famille s’allie avec une famille de fabricants lyonnais, les Bayzelon, dont la maison est créée en 1790. Entretemps, Joseph Mignot (2e génération) a épousé une Lyonnaise, la fille d’un brasseur de La Croix-Rousse, Dupuis.
Pourtant, la logique industrielle et économique pousserait à leur réunion familiale pour constituer des entreprises intégrées. Mais aux yeux du fabricant, le façonnier conserve souvent un statut de chef d’atelier ou de directeur d’usine. Même des patrons possédant de solides fortunes comme les Diederichs, les Couturier, les Michal-Ladichère, les Martin ou les Pochoy ne parviennent pas à nouer des unions avec des familles de fabricants. L’importance de leurs usines et leur train de vie fastueux les distinguent sans doute de leurs confrères et les rapprochent du patronat lyonnais, mais la jeunesse de leur fortune les fait passer pour des parvenus ou des nouveaux riches. Leur fortune doit passer encore l’épreuve du temps. Cela n’empêche pas pour autant ces mêmes familles de s’allier avec de riches dynasties, comme Louis Couturier qui épouse Geneviève-Louise Manhès, la fille d’un richissime et influent négociant en métaux de Lyon , Pierre Manhès 3830 qui participe activement à la transformation du capitalisme lyonnais dans les années 1880. Mais les contrats de mariage de plusieurs centaines de milliers de francs, sont rares (voir tableau 82). Lorsqu’un héritier Baboin ou la fille du fabricant Henri Jaubert se marient, les parents des futurs époux sont capables d’avancer plus de 300.000 voire 500.000 francs à leurs enfants 3831 . Pierre-Eugène Durand 3832 , un fabricant de soieries, apporte même à son futur gendre plus d’un million de francs ! Décidément, fabricants et façonniers ne se fréquentent pas. Ce n’est pas le même monde, malgré les tentatives de certains façonniers pour se hisser au niveau des fabricants, par un train de vie dispendieux. Pierre Tresca 3833 , héritier d’une grande famille de soyeux, convole avec une fille Riboud (Société Lyonnaise), qui lui apporte pour 628.000 francs de dot en 1872, alors qu’il n’est qu’employé de commerce 3834 . Emile Revol 3835 , commis négociant en 1857, a la bonne idée d’épouser la fille de son patron, Ulysse Sandoz, un teinturier, qui avance en dot 30.000 francs, soit un joli pécule pour débuter dans la vie. Michel Paul e 3836 , quant à lui, choisit sa seconde épouse en 1862 dans la famille du richissime fabricant lyonnais Claude-Joseph Bonnet . Léon Permezel se marie en 1876, six ans après avoir fondé sa propre maison, l’une des plus dynamiques de la place, avec une héritière des banquiers Côte 3837 : ses succès rapides en affaires justifient une telle union. Si l’on s’arrête aux seules estimations fournies par son contrat de mariage, il n’en sort pas gagnant, puisque ses apports personnels sont évalués à 1.316.000 francs (pour ses parts dans son entreprise) contre à peine plus de 150.000 francs pour sa promise 3838 !
Les fabricants lyonnais se distinguent des façonniers bas-dauphinois car ils préfèrent attendre d’avoir une situation enviée pour se marier, alors que les seconds prennent une épouse avant d’être devenus patrons. Ainsi, Henri Jaubert 3839 , natif des Basses Alpes, est intéressé au commerce de son oncle, Joseph Bellon , patron de la plus importante maison de soieries de Lyon . Bien qu’il ne soit qu’un employé, il ne fait aucun doute que son oncle projette de l’associer à ses affaires à plus ou moins brève échéance pour le récompenser de son zèle ; cela lui permet donc d’épouser Claire Floret, la fille d’un ancien préfet qui apporte 110.000 francs en dot. Les stratégies matrimoniales des fabricants, notamment en ce qui concerne leurs héritiers, permettent davantage leur insertion et leur consolidation dans le milieu patronal lyonnais. Certes, ils ont pour eux d’avoir des fortunes et des positions sociales très nettement supérieures à celles des façonniers. Pour s’en convaincre, il suffit de comparer les généalogies de quelques familles de fabricants : Isaac, Tresca ou Gindre. Auguste Isaac parvient à marier ses enfants aux meilleurs partis de la France industrielle : une fille Motte pour son fils Joseph, une Hoppenot pour son aîné Louis tandis que sa fille cadette, Marie Emilie, épouse Joseph Hoppenot, deux filles Tresca pour Hubert et Daniel Isaac… 3840
Chez les principaux façonniers de la Belle Epoque, l’âge au mariage reste assez proche de la génération précédente, avec vingt-huit ans. Pourtant, on relève un changement plus visible. Un tiers des mariages (tableau 82) a lieu désormais alors que les façonniers sont déjà à la tête d’une entreprise. La forte présence d’héritiers explique ce phénomène. Le second changement concerne le montant des apports des époux qui sont plus élevés. Il n’est plus rare de voir des apports supérieurs à 50.000 francs, surtout chez les propriétaires de tissages mécaniques.
Nom | Age au mariage (en années) |
Patron | Nom de l’épouse | Profession du beau-père | Montant des apports des époux (en francs) |
Anselme Victor | 26 | X | Vallet Marie-Louise-Adèle | Inspecteur d’assurance | ? |
Anselme Henri | 26 | X | Bonjean Jeanne-Marie-Berthe | Négociant | Env. 105.000 |
Baratin Aimé II | 38 | X | Noble-Capitaine Octavie-Félicie | Manufacturier | 24.109 3841 |
BargillatGabriel | 38 | X | Lhoste Louise-Françoise | Ancien directeur des postes | 186.000 |
BelinAimé | 23 | Fert Lucie-Marguerite | Propriétaire cult. | 1.300 | |
Béridot Adrien | 29 | Sayen Adèle | Propriétaire | 1.500 | |
Béridot Léon | 28 | Guillen Isaline | ? | 16.442 | |
Berlioz Jules | 26 | Boissière Marie | ? | 8.100 | |
BlachotPhilippe | 25 | Burlet Marie-Françoise | ? | ? | |
BourgeatRomain | 21 | Propriétaire cult. | Aucun contrat | ||
BretJean-Baptiste | 28 | Rabatel Léonide-Marie | propriétaire | 8.300 | |
Brun Jean-Marie | 23 | Jacquin Marie-Françoise | Propriétaire cult. | 500 | |
Brunet-Lecomte Michel | 26 | Guérineau Louise | Négociant | 161.000 | |
BrunyHonoré | 37 | X | Chimat Joséphine | Sans profession | 6.000 |
Clément Louis | 24 | Gaillard Marie | Propriétaire cult. | 3.500 | |
ClémençonBenoît | ? | Guiguet Julie-Marie-Claudine | Médecin | 13.500 | |
Constantin de Chanay Ernest | ? | Thésut (de) Claire | ? | ? | |
Combe Louis-Eugène | 31 | X | Pétavit Antonia-Péroline | entrepreneur | 81.000 |
CoulonGustave | 25 | Jars Louise-Elise-Philomène | Propriétaire | 13.609 | |
Crozel Marc- Louis | 23 | Cuchet Jenny | Négociant | 14.000 | |
DévigneAntoine | 25 | Garnier Marie | Cultivateur | 7.000 + imm. | |
Diederichs Théophile II | 24 | Perrégaux Adrienne | Propriétaire manufacturier | ||
Diederichs Louis | 27 | Perrégaux Augusta | Rentier | ||
DonatGeorges | 24 | Layat Marie-Gabrielle-Albine | ? | 118.042 | |
Douron Aimé-Joseph | ? | Paret Antonia-Marie-Françoise | ? | ? | |
Faidides Jean-Marie | - | Célibataire | - | ||
Gillet Léonce | 26 | Murat Philippine-Alexandrine | ? | 89.247 | |
Giraud Antoine | 28 | Bouvard Marie-Rose-Alexandrine | Fabricant de soieries | 61.017 | |
Guinet Joseph II | 41 | X | Charvet Clémence | ? | 4.000 |
Jamet Jean-Joseph | 24 | X | Carre Marie-Louise-Joséphine | Fabricant de pâtes | 14.000 |
Jamet Jacques-Maximilien | 22 | Roux Marie-Joséphine | Propriétaire rentier | 20.000 | |
Jourdan Francisque | 22 | Fournier Augustine | Propriétaire cult. | 18.440 | |
Jourdan Joanny | 33 | X | Peysson Mélanie-Anthelmette | Cultivateur | 1.000 |
LalechèreCélestin | 24 | X | Bouillon Joséphine | Employé en soieries | 39.000 |
LangjahrEmile | 23 | Jandin | Fabricant de soieries | 24.000 | |
Martin Séraphin | 27 | Genin Thérèse-Sophie | Fabricant de soieries | 17.000 | |
Michal-Ladichère André | 26 | X | Vallier Caroline-Adèle-Joséphine-Alice | Propriétaire | 67.000 |
Michal-Ladichère HenriI | 26 | Burdet Marie-Joséphine-Laure | Conseiller à la cour | 15.000 | |
Mignot Pierre | 27 | Heppe Dominique | Fabricant de soieries | 3.350 | |
MoninJules | ? | Martin Marie-Julie | ? | ? | |
Moyroud Pierre-Joseph | 29 | X | Thouvard Joséphine-Julie-Louise | Entrepreneur en travaux publics | 52.600 |
Nolly (de) Pierre | 39 | Joly Eugénie | Fabricant de soieries | 2.000 | |
Ogier Claude | 28 | X | Richard Alice-Anna | Banquier | 210.500 |
PailletJoseph-Paulin | 42 | Jay Louise-Philomène | ? | 137.500 | |
PerriotEugène | 28 | Garnier Marie | Cultivateur | ? | |
Pochoy Joseph-Victor | 31 | X | Dorgeval Adèle-Blanche | Propriétaire rentier | 81.000 |
Pollaud-Dulian Alexandre | 31 | X | Rollet Marguerite-Claudia-Louise | Notaire | 155.000 |
Poncet Marius | 28 | X | Dupont-Ferrier Marie-Louise-Agnès | Négociant | 99.879 |
TournachonLouis-Eugène | 25 | Péronnet Marie-Rosalie | Négociant | 7.200 | |
Veyre Gustave | 29 | Bagot (de) Jeanne | Négociant | 47.000 |
Quelques façonniers pourtant parviennent à conclure des alliances fructueuses. Antoine Giraud , licencié en droit, devient façonnier à Moirans en épousant pendant l’été 1877 l’une des filles Bouvard, dont le père est décédé quelques mois plus tôt. Chez des façonniers bien établis, les mariages relèvent d’une autre stratégie, proche de celle des fabricants de soieries. L’alliance matrimoniale vise alors à renforcer l’ascension sociale de la famille 3842 . En avril 1880, puis à l’automne 1887, Théophile I Diederichs , puissant façonnier installé à Bourgoin et Jallieu , scelle définitivement son alliance avec son ancien patron Louis-Emile Perrégaux , par deux mariages. L’ancien directeur devenu seul patron unit ses fils Théophile II et Louis aux deux héritières de la fortune Perrégaux, Adrienne et Augusta. Après avoir fait main basse sur le capital industriel, les Diederichs s’emparent du capital financier et social des Perrégaux, alliés aux Debar , Morin… Avec ce mariage, assez exceptionnel dans le monde des façonniers au XIXe siècle, les Diederichs et les Perrégaux consolident une union financière et industrielle de premier ordre 3843 . Leur sœur, Louise-Anna Diederichs, représente sûrement le parti le plus intéressant parmi les filles de façonniers : lorsqu’elle épouse en 1889 François Schloesing, un comptable de la Compagnie des chemins de fer économique, elle dispose d’un avoir de 150.000 francs, dont 135.000 francs en valeurs et espèces placés en compte courant chez L. Permezel & Cie, tandis que son père lui donne en avancement d’hoirie 50.000 francs 3844 .
Séraphin Martin , façonnier à Moirans et lui-même héritier de l’entreprise de son beau-père, Genin, marie sa progéniture en dehors du monde des affaires : sa fille Sophie-Marie-Thérèse épouse en 1883 le notaire de Corbelin , Reynaud, puis son fils et successeur, Casimir, épouse une fille Jocteur-Monrozier 3845 , appartenant elle aussi à une famille de notaires solidement implantés en Bas-Dauphiné et à Grenoble. Son autre fille, Julie-Eléonore choisit en 1891… un clerc de notaire lyonnais, Pierre-Marie-Paul Treppoz, qui acquiert au début du siècle l’une des deux charges notariales de Voiron 3846 . Quant à la cadette, Alice-Charlotte-Gabrielle Martin, elle se marie deux ans plus tard avec Xavier Stouff 3847 , un universitaire, fils de l’inspecteur d’académie en charge du dossier de l’Ecole Nationale Professionnelle de Voiron.
Le comportement de Louis-Eugène Combe se rapproche de celui de Moyroud et des fabricants lyonnais : il se consacre d’abord à son entreprise et lorsque sa fortune est faite, il consent à se marier. Après le temps du labeur, vient celui de la pérennisation. En 1891, Combe, neuf ans après avoir repris un tissage en difficulté à Renage , sa commune natale, épouse Antonia-Péroline Pétavit, la fille d’un entrepreneur lyonnais en travaux, qui lui donne 20.000 francs en avancement d’hoirie 3848 .
Parfois, les mariages s’avèrent malheureux. Constant Rabatel , fabricant de soieries et usinier à façon à Corbelin , en fait l’amère expérience. À l’automne 1879, il épouse Cécile-Laure-Elisabeth Thierry, une jeune fille domiciliée à Tours, dont le principal atout semble résider dans ses apports financiers, estimés à 45.000 francs. Bien que l’union soit consommée, le couple Rabatel, qui a eu plusieurs enfants, n’est pas heureux en ménage. Mme Rabatel, en effet, « s’est laissée entraîner à des écarts de conduite et à des inconséquences de telle nature qu’ils constituent à l’égard de son mari une injure exceptionnellement grave ». Recluse dans un couvent, à Couzon, dans le Rhône, elle doit supporter la colère vengeresse de son mari. Après avoir demandé le divorce, celui-ci se ravise et se contente finalement d’une séparation de corps et de biens et de la garde des enfants, contre sa scandaleuse épouse 3849 . Rejetée par sa famille, Mme Rabatel a définitivement coupé les liens avec sa famille puisqu’elle n’a pas été inhumée dans le caveau familial des Rabatel, à Corbelin 3850 .
L’endogamie apparaît plus forte chez des façonniers de taille moyenne (entre cinquante et cent métiers à tisser). Célestin Lalechère , de Saint-André-le-Gaz , marie sa fille Clémence-Marie-Joséphine en 1896 avec Albert-Marie Charlin , sous-directeur du tissage Giraud des Abrets et fils de François Charlin, lui-même directeur de cet établissement. Charlin apporte 40.000 francs dont la moitié donnée par ses parents, tandis que la fille de Lalechère n’a que 25.000 francs d’apports, dont 20.000 francs donnés par ses parents 3851 . On retrouve un processus d’endogamie assez fort aussi chez la famille Bouillon , à Corbelin .
ADI, 3Q32/87, ACP du 4 novembre 1869 (contrat de mariage devant Me Perenet, à Dolomieu , le 31 octobre) et 3E21332, Contrat de mariage devant Me Perenet, à Dolomieu, le 4 octobre 1879.
ADI, 3Q40/102, ACP du 12 janvier 1883 (contrat de mariage devant Me Mercier, à Virieu, le 8 janvier) et 3Q36/217, ACP du 14 février 1890 (contrat de mariage devant Me Venard, à Vienne, le 11 février).
ADI, 3E21298, Contrat de mariage devant Me Arnoux, à La Tour-du-Pin , le 30 août 1871.
Ingénieur, Pierre Manhès est né à Lyon le 22 juillet 1841. Il doit sa fortune à un procédé de traitement des minerais de cuivre à partir du convertisseur Bessemer. Il est ainsi administrateur délégué de la S.A. Lyonnaise des Placers Aurifères des Apennins, devenue S.A. des Mines d’or du Gorzenti, de la société des Naphtes et Pétroles du Caucase et même de l’éphémère Banque de Lyon et de la Loire. Proche des milieux d’affaires catholiques, il fonde avec des associés, à l’automne 1881, la Caisse lyonnaise, une société anonyme au capital de vingt millions de francs, une officine financière à la vie éphémère. Ses succès dans les affaires lui valent d’être promu chevalier de la Légion d’Honneur en 1885, puis commandeur de divers ordres étrangers (Ordre de Medjidié, en Turquie, d’Isabelle la Catholique, en Espagne). Dans les années 1870, il siège comme juge suppléant au Tribunal de Commerce de Lyon. Comme tant d’hommes d’affaires lyonnais, il participe également à plusieurs sociétés savantes comme la Société géologique de France, la Société d’encouragement pour l’Industrie nationale ou la société d’industrie minérale. Proche des milieux catholiques, il fait partie de la Congrégation des Messieurs et est actionnaire du Nouvelliste.
ADR, 49Q243, ACP du 7 octobre 1887 (contrat de mariage devant Me Louvier, Lyon , le 28 septembre 1887).
CAYEZ (P.) et CHASSAGNE (S.), 2007, pp. 124-128.
ADR, 49Q164, ACP du 18 septembre 1872 (contrat de mariage devant Me Perrin, à Lyon , le 11 septembre 1872) et 53Q26, Mutation par décès du 20 mai 1867.
Pourtant la succession laissée par son père atteignait les 957.000 francs.
ADR, 270Q37, ACP du 8 septembre 1857 (contrat de mariage devant Me de Bornes, à Caluire, le 3 septembre 1857).
ADAin, Bureau d’Ambérieu, ACP du 11 septembre 1862 (contrat de mariage devant Me Vicaire, à Ambérieu, le 10 septembre). Fabricant de soieries, né à Lyon le 20 octobre 1820, Michel-Marie Paule est le fils d’un « négociant ». Il épouse en premières noces Marie Rosalie-Sylvie Pradon (décédée en 1860). En 1863, il s’associe à Victor Coudurier, jusqu’en avril 1889, date à laquelle ce dernier est remplacé au rang d’associé par deux employés, Louis-François Chatelin et Joseph-Benoît Clayette. Paule envisage alors de se retirer progressivement des affaires. Le capital social de son entreprise s’élève alors à quatre cent mille francs. Il siège à la chambre syndicale de la Fabrique Lyonnaise entre 1874 et 1876 puis entre 1880 et 1882, qu’il préside trois ans (1875, 1876, 1880), et à la Chambre de Commerce de Lyon entre 1881 et 1886. Il est également vice-président de la Société de Garantie contre le Piquage d’Once vers 1880. Remarié en 1862, à une parente de Claude-Joseph Bonnet , Marie-Caroline Bonnet, il laisse une succession évaluée à 615.777 francs à son décès le 1er juin 1890. Il habite alors dans un appartement que lui loue son confrère Antoine Bardon . L’un de ses frères, Louis Paule, a fait lui aussi carrière à Lyon, au service de la Fabrique, mais comme dessinateur.
CAYEZ (P.) et CHASSAGNE (S.), 2007, pp. 91-95.
ADR, 49Q187, ACP du 22 juin 1876 (contrat de mariage devant Me Mitiffiot et Chevalier, à Lyon , le 19 juin.
ADR, 49Q142ACP du 23 avril 1866 (contrat de mariage devant Me Perrin, à Lyon , le 17 avril).
ISAAC (A.), 2002, p. 583, et ANGLERAUD (B.) et PELLISSIER (C.), 2004.
Baratin dispose de sa part dans la succession de son père, non évaluée dans le contrat de mariage.
PELLISSIER (C.),1996a, pp. 133-135.
Ainsi, le fabricant de soieries Cyrille Cottin apporte dans son contrat de mariage 250.000 francs, tandis que son épouse, Louise Payen, dispose de 150.000 francs en 1863. Voir PELLISSIER (C.),1996a, p. 140.
ADI, 3Q4/169, ACP du 21 juin 1889 (contrat de mariage devant Me Martin, à Bourgoin , le 13 juin 1889).
MONTCLOS (X. de), 2005, pp. 247-255.
Sur les relations familiales entre notariat et élites économiques, voir par exemple VERNEY-CARRON (N.), 1999, pp. 134-135.
Fils d’un inspecteur d’académie, Xavier Stouff naît à Grenoble en 1861. Il effectue de solides études secondaires avant d’entrer en 1881 à Polytechnique. Mais, l’année suivante, il préfère intégrer l’Ecole Normale Supérieure, pour sortir en 1885 premier à l’agrégation de Sciences mathématiques. Après avoir participé à une mission scientifique en Allemagne, Suisse et Italie, il enseigne successivement dans les lycées de Montpellier, Toulouse et Grenoble. Il soutient sa thèse à Paris en 1888. En 1894, il intègre l’Université, d’abord comme maître de conférence puis Professeur l’année suivante, à Besançon. Il décède précocement en 1903. À noter, que son frère, Louis, a lui aussi fait une brillante carrière universitaire comme professeur d’histoire du Moyen Âge. Voir BEYLS (P.), 2000, vol. 4, pp. 245-246.
ADR, 3E26813,Contrat de mariage devant Me Renoux, à Lyon , le 21 mars 1891.
Voir PERROT (M.), 1999.
AD Indre-et-Loire, 3Q8304, ACP du 1er octobre 1879 (contrat de mariage devant Me Faucheux, à Tours le 22 septembre), ADI, 5U165, Jugement du Tribunal civil de Bourgoin le 13 août 1897.
ADI, 3Q18/166, ACP du 2 décembre 1896 (contrat de mariage devant Me Badin, aux Abrets , le 26 novembre).