1.3.2.2 Conflictualité

Les conflits, en nombre de journées de grève par salarié, sont relativement nombreux dans les TCU. Ils sont globalement du niveau de ceux de la RATP et au deux tiers de ceux de la SNCF, soit quatre à dix fois plus que dans le transport routier. Le Tableau 7 détaille les données dont nous disposons.

Le nombre de jours de grève n’est qu’un indicateur limité de la conflictualité qui peut régner dans une entreprise. Il permet toutefois de se faire une idée pas toujours fausse du rapport de force entre les parties prenantes. En effet, pour s’engager dans une grève, lorsqu’il ne s’agit pas d’éviter le licenciement économique ou pour d’autres motifs exceptionnels, les gains espérés doivent pouvoir compenser les pertes de salaire.

Tableau 7 : Nombre de journées dites « perdues » pour 1000 salariés
  Transports routiers (TRV+TRM) Transports urbains RATP SNCF
1996 50 107 363 542
1997 23 280 379 714
1998 43 207 204 1043
1999 50 382 199 309
2000 39 419 423 486
2001 27 396 462 909
2002 82 296 253 213
2003 23 377 1277 2298
2004 34 297 137 565

Source : CNT (2002, 2005) et DAEI-SESP(2005), d’après l’IGTT-DTT

Par ailleurs, le profil syndical des transports urbains, comparé aux autres transports routiers (cf. Figure 7) montre un taux de syndicalisation nettement plus important et une tendance à favoriser les syndicats les moins réformistes. Ces résultats aux élections professionnelles sont bien sûr le fruit d’une histoire particulière dans chacune des branches. Toutefois ce n’est pas un élément qui va contre l’hypothèse que nous avons faite.

Au total, les faits semblent corroborer les propositions théoriques d’une défaillance institutionnelle faite dans le §1.2. Les salaires des conducteurs-receveurs de la CCNTUV sont environ 25% plus élevés que ceux des conducteurs-receveurs d’autocar relevant de l’autre CCN. C’est d’autant plus frappant que les métiers sont relativement comparables. Et ceci est vrai, tant dans l’observation que dans les obligations imposées par les CCN. Par ailleurs, l’observation de la durée du travail et la place des conflits est aussi cohérente avec le dysfonctionnement discuté. Dans la section suivante nous allons vérifier qu’il n’existe pas de caractéristiques propres au TCU permettant de justifier ces observations.

Figure 7 : Résultats aux élections des comités d'entreprise et d'établissement en 1999-2000*

* les élections professionnelles n'ont lieu que tous les deux ans

Source : CNT (2002, Annexe IV.13) d’après une enquête de la DARES.