1.3.3.2 Les conditions de travail

Le travail en milieu urbain est-il plus précaire ? La précarité d’un emploi correspond au peu de visibilité que peut avoir le salarié concernant son avenir. Bien souvent, la proportion de CDD, d’intérimaires et de salariés à temps partiel suffisent pour approximer la précarité d’une catégorie d’emploi. L’indicateur dont nous disposons dans la Figure 8 (la part des emplois à temps complet) montre que les transports urbains sont parmi les moins utilisateurs de flexibilité. En réalité, la précarité s’insinue plutôt par la sous-traitance avec des sociétés réalisant à titre principal de l’interurbain. Les salariés sont alors embauchés sous les conditions de la CCN des transports routiers, moins onéreuse pour l’employeur.

Mais une dernière dimension pouvant différencier les conditions de travail des métiers du transport routier (urbain, voyageurs et marchandises) est la sécurité. En milieu urbain, il est généralement admis que les chauffeurs ont des contacts plus sensibles avec les voyageurs. L’Union des Transports Publics a publié quelques statistiques précises 71  à ce sujet, retranscrites ici en probabilité pour l’année 2002 :

Figure 8 : Précarité relative des actifs du secteur des transports en 2002

Source : Enquête Emploi de mars 2002 citée par DAEI/SES(2003, TABLEAU III 2.3).

Le climat difficile décrit dans ces chiffres est tout à fait préoccupant. Les transports en commun subissent ici les conséquences de comportements dont l’origine dépasse notre propos. La récente mobilisation politique et financière 73 sur ce thème semble porter quelques fruits, mais le phénomène atteint depuis peu les transports de personnes hors des centres urbains.

Parallèlement, s’il ne semble pas que les accidents du travail soient beaucoup plus nombreux dans les TCU que dans les autres secteurs (cf. Figure 9), ils sont en nette progression ces dernières années (sans atteindre les niveaux des transports routiers de marchandise (TRM) ou du BTP). Ils sont notablement supérieurs à ceux du transport routier de voyageur (TRV). L’atmosphère générale de conduite est bien un élément qui nuit aux conditions de travail, dans l’urbain plus qu’ailleurs.

Figure 9 : Accidents du travail avec arrêt en % de l'effectif

Source : CNT (2002, Annexe IV.11) et CNT (2005, annexe II.16 ter), d’après CNAMTS, SNCF et RATP.

Au total, les conditions de travail ne sont pas clairement moins bonnes en milieu urbain, mais recèlent quelques particularités liées au contact avec la clientèle et à la croissance des accidents du travail. On peut d’ailleurs penser que ces deux éléments sont liés, la violence de certains usagers entraînant plus d’accidents du travail. Mais ces difficultés peuvent-elles engendrer un différentiel de salaire de 20% à 40% ? C’est relativement peu probable, sachant que peuvent aussi être mises en balance la plus faible durée du travail et la plus faible précarité des contrats de travail. Par ailleurs, il est très improbable que les cadres et les professions intermédiaires soient victime des violences urbaines, alors qu’ils ont aussi des salaires supérieurs. Cela dit c’est un point qui nuance à coup sûre les résultats précédemment mis en évidence.

Notes
71.

UTP (2002), la sécurité dans les transports urbains, rapport de branche.

72.

Les incivilités sont tous les faits délictueux ou concourant à l’insécurité portés à la connaissance de l’entreprise de transport urbain par les salariés, la police, les voyageurs etc. On y trouve, bien sûr, les agressions sur le personnel et les voyageurs, les actes de vandalisme, mais aussi tout fait qui n’entraîne pas nécessairement une poursuite judiciaire mais crée un climat d’insécurité (chahut, décompression de portes, insultes, altercations verbales entre clients etc.).

73.

De nombreux « adjoints de sécurité » ont été affectés aux TCU par les collectivités, pour un coût non négligeable.