Conclusion du Chapitre 1

La défaillance institutionnelle que nous avons décrite nous semble vraisemblable, du point de vue des mécanismes en cause (§1.2) comme au vu des avantages dont bénéficient globalement les salariés des transports urbains (§1.3). Tout au moins, nous n’avons pas été capables de trouver une autre explication. Les tenants et les aboutissants des processus défaillants identifiés sont les suivants :

Pour résoudre ce problème complexe, qui relève, selon toute vraisemblance, des mécanismes identifiés dans la théorie de la réglementation (§1.1), et qui implique plusieurs acteurs de plusieurs catégories et la dimension temporelle, l’une des solutions envisageable est d’instaurer le débattu « service minimum », qui garanti le respect du principe de continuité du service public, y compris durant les grèves. Par ailleurs, localement, comme nous allons le montrer dans le Chapitre 2 (Figure 17, p.88), la réponse des autorités organisatrices est une préférence accrue pour les contrats à prix fixe.

La résultante de ce dysfonctionnement est un manque de compétitivité des TCU. Les TCU se caractérisent actuellement par une crise du financement, alors que les besoins sont nombreux. Les conséquences sont multiples puisque le transport est complémentaire à beaucoup d’activités. La plus importante est sans doute le frein considérable mis aux politiques de réduction des inégalités 74 , de lutte contre les pollutions de l’automobile (sonores et atmosphériques) et de réduction de la congestion automobile.

Malgré l’effort des collectivités en terme d’offre de service au public ces dernières années, le taux de couverture commerciale 75 s’est dramatiquement détérioré (il est passé de 54% à 39,5% entre 1992 et 2002). Le coût public du transport urbain (différence entre les dépenses et les recettes) a par exemple atteint le record de 8 à 10 milliards d’euros en 2003 (Orfeuil 2005).

Pour approcher les enjeux financiers du problème, tentons un « calcul de coin de table ». 20% d’économie 76 sur la masse salariale des TCU de Province (i.e. sur plus de 60% des dépenses d’exploitation) représentent au minimum 12% d’économie sur les dépenses d’exploitation. Le taux de couverture commerciale moyen est en 2002 de 40%, il remonterait jusqu’à 45,5%.

Le montant économisé par des salaires « au prix de l’interurbain » serait d’environ 77 250 millions d’euros en 2002 pour l’ensemble des TCU de Province, soit 10 euros par habitant et par an. Mais réciproquement, on peut imaginer une hausse du niveau de service public à budget constant. Le prix moyen du billet est de 1€ en 2002. En supposant une élasticité-prix tout à fait raisonnable de –0,5 (Goodwin 1992, Dargay et Hanly 2002), le prix moyen pourrait être ramené à 0,73€.

Notes
74.

Les premiers consommateurs du transport en commun sont les ménages non motorisés, dont la majeure partie sont des faibles revenus qui vivent en dehors des centres-ville.

75.

Ratio entre les recettes commerciales et les dépenses

76.

L’arithmétique est ainsi faite qu’après une hausse de 25%, une réduction de 20% suffit pour revenir au montant initial.

77.

D’après le GART (2003), en 2002, les recettes commerciales sont de 837 millions d’euros le nombre de voyages réalisé est de 1 864,7 millions, la population totale desservie est de 22 millions et les kilomètres offerts sont 565,5 millions.